La Chronique Agora

Or, argent-métal, matières premières : après le krach, où vont les actifs physiques ? 2ème partie

▪ Nous continuons de passer en revue les événements qui ont affecté l’or et de nombreuses autres manières premières il y a quelques jours — en nous posant quelques questions essentielles…

▪ A la recherche de la dernière mode en investissement ?
En 2001, nous avons connu un marché doucement haussier pour l’or, l’argent-métal, etc. Toutefois, il ne faut pas confondre discernement personnel et marché haussier.

La bonne nouvelle est que si vous aviez acheté de l’or à l’époque où l’once valait 300 $, votre investissement est toujours en hausse de près de 370% même après la forte rechute sous les 1 400 $. En outre, si vous aviez acheté de l’argent-métal à, par exemple, 5 $ l’once, vous avez connu un bénéfice d’un taux similaire.

Mais tout cela appartient déjà au passé. Qu’en sera-t-il à l’avenir ? Le repli de l’or présage-t-il un changement fondamental des réalités monétaires mondiales, si ce n’est des perceptions du marché ? En d’autres termes, les banques centrales et leur monnaie — dollars, euros, yen, etc. — se sont-elles remises sur pied dans l’urgence ? Le sentiment des investisseurs aurait-il complètement changé pour qu’ils s’éloignent de l’or et de l’argent-métal ?

Il y a quelques jours, dans le New York Times, Paul Krugman, dyspepsique comme on pouvait s’y attendre, a descendu en flammes l’or et ses aficionados. Krugman a utilisé son ton caractéristique, et ce style méchant et polémique qu’il réserve à certains groupes qui n’ont pas de statut protégé et qui ne sont pas politiquement favorisés, pour les cataloguer et les accuser.

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Pour résumer, Krugman jubile à l’idée qu’après 12 années de forte performance, l’or bat de l’aile. C’en est fini de l’or, déclare ce diplômé en économie de Princeton. Naturellement, l’ancien conseiller d’Enron est connu pour s’être maintes fois trompé par le passé.

Toutefois, faisons plaisir à Krugman et posons cette difficile question : ces 10 dernières années voire plus, l’or n’a-t-il été qu’un investissement à la mode — une sorte de bulle technologique éphémère, comme acheter de la nourriture pour chien par internet — et devons-nous à présent trouver une nouvelle marotte ?

▪ A la recherche d’indices
Je suis assez âgé pour me souvenir des années 1970, lorsque le prix de l’or était passé de 32 $ l’once à 800 $. Puis, au cours des années 1980, il avait dégringolé et était resté au ras des pâquerettes pendant deux décennies. Je connais l’histoire.

Qu’était-il alors arrivé ? La fin des années 1970 et les années 1980 furent l’époque des présidents Carter et Reagan aux Etats-Unis et des Premiers ministres Callaghan et Thatcher en Grande-Bretagne.

D’abord, sous les "libéraux" (comme les Britanniques nomment leurs politiques), les prix de l’or et de l’argent-métal ont grimpé dans l’ombre d’une inflation mondiale galopante et d’économies stagnantes du fait de la mauvaise gestion des gouvernements. Puis, sous les "conservateurs" (à nouveau selon le terme britannique), de nouveaux dirigeants empêchèrent leurs pays respectifs de devenir Cuba sans le soleil.

Aux Etats-Unis, le directeur de la Réserve fédérale Paul Volcker avait augmenté les taux d’intérêt jusqu’à ce qu’ils atteignent deux chiffres et avait bouté l’inflation hors du système.

En Grande-Bretagne, le chancelier de l’Echiquier Geoffrey Howe mena une politique semblable. Dans les deux pays, une politique monétaire ferme conduisit à la faillite de nombreuses entreprises peu rentables. Au même moment, d’autres secteurs de l’économie connurent un boom — en particulier le secteur pétrolier britannique en Mer du Nord et les secteurs américains du high-tech et de la défense.

Revenons à aujourd’hui. Pourquoi le dollar s’est-il renforcé la semaine dernière alors que l’or plongeait ? Autrement dit, quelqu’un inflige-t-il à l’économie américaine un remède de cheval monétaire ou budgétaire ?

La politique du taux d’intérêt nul de la Fed déverse-t-elle de l’argent aux créateurs d’emploi du pays ? Les diktats législatifs comme Dodd-Frank et Obamacare ont-ils véritablement relancé l’économie américaine et son dollar ?

Quel est le signal pour une tendance long terme pour l’or ? Je n’en vois aucun, ni de drapeau qui s’agite, ni de tambour qui roule ni de clairon qui sonne. Cela n’a pas sens.

▪ Une simple correction ?
Tentons une explication. Peut-être la liquidation de l’or était-elle une sorte de correction classique, où M. le Marché opère un dégraissage des petits détenteurs. En effet, le récent recul du marché ressemble à une scène où les actifs de valeur sont passés des petits aux gros acteurs.

Il ne faut pas oublier que — comme nous l’avons appris de la récente débâcle de Chypre — les autorités politiques et monétaires se sentent légalement habilitées et moralement justifiées à confisquer vos économies lorsqu’elles ont besoin de fonds pour couvrir les dettes de l’Etat.

Entre temps, n’oubliez jamais que les banques centrales partout dans le monde continuent d’imprimer de l’argent et de monétiser la dette publique. L’histoire de la République de Weimar parle en quelque sorte d’elle-même.

Pour conclure, oui, je garde toujours à l’esprit l’idée d’un grave déclin des actifs — assurément, depuis que j’ai vu l’or vaciller et stagner au plus bas dans les années 1980.

Mais les récents événements sont-ils le début de la fin pour l’or ? Sont-ils la résurrection du dollar en tant que réserve de richesse long terme ? Je ne le crois pas.

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