La Chronique Agora

Keynes contre la Chronique Agora : le grand match

▪ Le grand débat, en ce moment, opposent ceux qui pensent que les autorités sont trop sévères et ceux qui pensent qu’elles sont trop laxistes. En gros, les Européens sont d’un côté, les Américains sont de l’autre. Les Européens resserrent, les Américains desserrent. Ils se trompent tous, pour autant que nous en sachions.

Tout ça n’a aucun sens. La situation prouve simplement notre proverbe selon lequel les gens en viennent à penser ce qu’ils doivent penser quand ils doivent le penser. Les autorités européennes ne peuvent se permettre de penser qu’elles peuvent desserrer les cordons de la bourse. Leurs prêteurs l’ont déjà décrété : "continuez à dépenser comme les Grecs, et on appliquera des taux d’intérêt à la grecque".

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Il y a quelques semaines à peine, les Grecs se sont retrouvés contraints de verser des intérêts de 16%. A un tel taux, emprunter est hors de question. On est dans l’impasse — parce que plus on emprunte, plus le taux d’intérêt grimpe. On finit bientôt par se retrouver à court d’argent.

Comme le disait Nouriel Roubini, "l’austérité n’est pas facultative". Dans la mesure où ce n’est pas une option, mais une nécessité, il n’y a guère intérêt à penser quoi que ce soit d’autre. On aimerait peut-être dépenser plus, mais on sait qu’on ne s’en tirera pas comme ça.

▪ Les Etats-Unis, eux, n’ont pas besoin de penser à l’austérité. Pas encore, en tout cas. Le monde entier souhaite leur prêter de l’argent. "Tenez, prenez un petit verre de vin de riz", disent les Chinois. "Voilà du champagne", disent les Européens. "Et une bouteille de whisky", ajoutent les blagueurs au fond de la salle.

Ce n’est qu’une question de temps avant que les Américains trébuchent.

Pas du tout, disent les keynésiens — menés par Paul Krugman et Martin Wolf. Selon eux, ce n’est qu’une question de gestion de la situation. Profitez de la fête. Vous vous remettrez plus tard.

"La meilleure politique consiste à mettre en place des mesures soutenant une forte croissance de la demande à court terme", écrivait Wolf dans le Financial Times mercredi, "tout en réduisant les énormes déficits à long terme. C’est comme marcher en mâchant du chewing-gum. Pourquoi serait-ce si difficile ?"

Parallèlement, Richard Koo en sait probablement plus long que quiconque sur ce genre d’économie. Il l’a vécue au Japon depuis 20 ans. Qu’en pense-t-il ?

Selon lui, on peut oublier l’idée d’une reprise rapide. Le Japon espère sa reprise rapide depuis 20 ans. Le pays suit l’approche Krugman-Wolf — stimulant la demande grâce aux politiques budgétaires. C’est-à-dire qu’il dépense plus qu’il ne récupère en recettes fiscales, comptant sur les dépenses gouvernementales supplémentaires pour mettre le feu au secteur privé.

Cela n’arrivera pas, déclare Koo. Le secteur privé ne recommencera pas à dépenser avant de s’être désendetté. Rembourser ses dettes prend du temps — surtout quand le gouvernement n’arrête pas de vous renflouer. Préparez-vous donc à un long ralentissement économique du secteur privé.

Jusque-là, tout va bien. Puis Koo prend l’argument keynésien classique. Comme Krugman et Wolf, il pense que le gouvernement devrait remplacer les dépenses privées par ses propres dépenses.

▪ Cela semble assez logique — du moins si on n’y réfléchit pas trop. Une économie, c’est la somme des dépenses et des investissements. Si le secteur privé fait la tête et cesse de dépenser et d’investir, l’économie décline. Pourquoi le gouvernement n’interviendrait-il pas pour aider un peu ?

C’est ce que pense Koo. C’est ce que pense Krugman, qui a eu un prix Nobel d’économie. C’est ce que pense Wolf, qui dirige le journal financier le plus influent au monde.

Eh bien, vous pouvez compter sur nous, cher lecteur. Nous ne sommes pas de cet avis.

Une vraie économie est bien trop complexe pour une gestion si simplette. C’est un système organique qui donne aux gens ce qu’ils veulent (les marchés leur donnent ce qu’ils méritent). Une économie ne correspond pas nécessairement à ce que les économistes pensent qu’elle doit être… elle ne fait pas forcément ce qu’ils pensent qu’elle doit faire… ou elle ne reste pas immobile assez longtemps pour qu’il puisse déterminer ce que diable elle est en train de faire.

Une vraie économie a ses propres idées. Elle ne se soucie pas des taux de croissance du PIB. Que les gens perdent leur emploi ou non, ce n’est pas son problème. Et elle n’a certainement pas l’intention d’aider les politiciens à se faire réélire.

Parfois, les gens veulent dépenser. Parfois, ils veulent épargner. Keynes a identifié cette "propension à épargner" comme s’il s’agissait d’un péché impardonnable. Si les gens ne veulent pas dépenser, nous dépenserons pour eux, a-t-il dit… ou à peu près. Mais pourquoi ne pas laisser les gens épargner de l’argent plutôt que de le dépenser ?

"Parce que l’économie pourrait s’effondrer", annonce les disciples de Krugman-Wolf-Koo.

A quoi nous répondons : "et alors ?"

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