La Chronique Agora

Les JO auront-ils lieu dans le chaos ?

Est-ce la saint Barthelemy de notre démocratie ?

Comme je l’avais évoqué dans l’une de mes vidéos quotidiennes (édition du mardi 18 juin, une date ô combien symbolique), il n’y avait évidemment pas de hasard si Emmanuel Macron avait fait « fuiter » qu’il pourrait recourir à l’article 16 qui lui confère pratiquement les pleins pouvoirs.

Cela venait compléter un tir de barrage d’éléments de langage de ses troupes concernant un chaos possible au lendemain des législatives.

Une semaine plus tard, voilà que le président poursuit dans la même veine « du chaos qui vient » avec l’évocation de risque d’une « guerre civile ». Et il précise quelle pourrait en être la nature, avec l’évocation de la Saint Barthélémy, ce qui introduit une dimension religieuse et quasi mystique – dans le même registre que son évocation de « la bête de l’événement » qui s’annonce, et face à laquelle il se disait prêt.

Donc le président voit un risque de chaos social, mais également confessionnel (une allusion à peine masquée au tropisme anti-islam du RN et à l’antisémitisme imputé à une « certaine gauche » que dénonce Gabriel Attal à longueur de plateaux télés).

Bientôt du sang dans la rue au nom de la foi qui sauve ?

Face à de tels périls, décréter un nouvel « état d’urgence » (avec couvre-feu) apparaîtrait comme une riposte présidentielle maladroite, car elle enverrait un très mauvais message aux millions d’étrangers qui ont réservé leur séjour pour assister aux Jeux olympiques, dans trente jours très exactement.

Qui maintient ses réservations dans un pays qui vient de décréter l’état d’urgence ?

Les annulations déferleraient par millions, coûteraient des milliards et il n’est même pas sûr que les athlètes fassent le déplacement vers un pays à feu et à sang. Les Jeux olympiques pourraient tout simplement ne pas avoir lieu.

Ceux de Tokyo il y a quatre ans avaient été repoussés de douze mois pour cause de pandémie planétaire (et de « confinite aigüe »), ceux de 1980 à Moscou avaient été boycottés par « le monde libre », mais ils avaient été maintenus… La France devient l’unique pays en 120 ans où l’ombre d’un fiasco majeur plane à un mois du coup d’envoi !

D’ailleurs, la répétition de la cérémonie d’ouverture prévue ce lundi 24 juin a été annulée… pour cause de « trop d’eau et de courant trop rapide dans la Seine ». Parions que d’ici trois semaines, il n’y aura plus assez de courant et la parade sera trop lente.

Pour en revenir au risque de chaos auquel Emmanuel Macron semble avoir beaucoup plus profondément réfléchi que les médias n’osent l’imaginer (complotiiiisme, complotiiiisme !), l’article 16 lui permettrait de décréter, d’ordonner, de mobiliser les forces de sécurité, de rétablir l’ordre, avec le soutien sans faille des médias qui lui resteraient totalement dévoués (ils appartiennent au « camp de la raison »), sans qu’il soit question d’un « état d’urgence », qui résonne un peu comme la « loi martiale » dans l’imaginaire des citoyens du monde.

Du coup, les Français sont déjà un peu habitués aux décrets présidentiels, aux « 49.3 » par rafales de dix et n’ont jamais protesté massivement contre un mode de gouvernance autocratique… et en cas de « chaos », ce serait pour la bonne cause ((il faut bien sauver les JO).

En réalité, comment ceux qui ont porté Macron au pouvoir, puis l’ont soutenu pour sa réélection, pourraient l’accompagner dans un scénario aventureux où une partie des citoyens « refuseraient le résultat des élections » (c’est déjà revendiqué par certains syndicats d’enseignants), déclencheraient des grèves générales, iraient « harceler les fachos » (le camp du bien a naturellement tous les droits)… cela ressemblerait à ce que le général De Gaulle appelait la « chienlit ».

Et les humoristes de l’époque eurent beau jeu de rétorquer, en mai 68 : « La chienlit, c’est lui. »

Ce à quoi le peuple apporta un démenti formel en approuvant le retour au calme, contre quelques belles concessions salariales et sociales, dont les fameux accords de Grenelle du 27 mai 1968.

En 2024, la France est surendettée et il n’y aucune marge de manoeuvre pour un « big bang social », ni pour susciter un élan de confiance dans un avenir que l’Elysée maîtrisait (souveraineté pleine et entière du pays, plébiscite d’un président respecté en interne et dans le monde entier) par un boom de la consommation.

En 2024, en appliquant les programmes disruptifs et redistributifs de gauche (jamais aussi généreuse qu’avec l’argent des autres), nous ne ferions que creuser notre déficit commercial, exploser l’inflation et fuir nos créanciers : la ruine assurée.

Et de cela, les (très, très) riches supporters de Macron n’en veulent pas.

Et ces gens-là affrontent rarement l’inconnu sans un « plan B » : un article 16 est probablement celui envisagé par Macron… mais il y a peu de chances que cela concorde avec celui de ceux qui lui ont (trop) fait confiance pour gérer leur agenda atlantiste et eurofédéraliste.

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