La Chronique Agora

Jerome Powell et le pari de l’inflation

Jerome Powell

Les indices d’inflation se multiplient – mais la Fed semble avoir choisi de maintenir la souplesse monétaire malgré tout. Pour éviter une redite de la débâcle de 2016/2017 ?

Les rendements des bons du Trésor US à dix ans ont encore augmenté à 1,44% cette semaine pour atteindre un plus haut d’un an. La courbe des taux du Trésor (10 contre 2 ans) s’est encore pentifiée cette semaine à 125 points de base, la plus large en quatre ans.

Il convient de noter que la composante du prix des intrants de février de l’enquête IHS Markit US Manufacturing Purchasing Managers Index (PMI) a bondi de huit points pour atteindre un sommet de près de dix ans à 73,3.

Les prix à la production ont grimpé au plus haut depuis 2008. La composante Markit Services PMI Pricing a augmenté de trois points à 70,3, le plus haut niveau depuis octobre 2009.

Ailleurs, l’indice des prix à la production a bondi en janvier de 1,3% beaucoup plus que prévu, « le plus grand gain depuis décembre 2009. » Notamment, les prix ont fortement augmenté pour les composantes des biens et des services.

Un pari sur l’inflation

Powell a affirmé cette semaine : « Il nous faudra au moins trois ans pour atteindre nos objectifs d’inflation. » Sous-entendu, ne comptez pas sur moi pour corriger le tir d’une politique monétaire trop généreuse.

C’est un pari, un pari à la fois sur l’évolution des réalités économiques et sur les perceptions et anticipations des marchés. Powell ne semble pas tenir compte de la possibilité que les anticipations d’inflation soient auto-réalisatrices. Ainsi, sur le pétrole et les matières premières, les taux et leur perception sont bien plus déterminants que les réalités.

Des marchés qui joueraient trop puissamment le reflation trade seraient fortement déstabilisants. Je ne suis pas sûr que Powell en tienne compte.

Mon interprétation est qu’il se laisse influencer par ce qui s’est passé en 2016/2017, où les marchés ont enfourché le cheval de la reflation. La Fed s’est mise à la remorque des marchés, elle aussi y a cru et elle a commis l’erreur de resserrer alors que l’on était déjà dans la phase de retour à la déflation.

Cette fois, se dit Powell, je ne me laisserai pas avoir ; je ne vais pas tomber dans le piège de croire que l’inflation est vraiment revenue, je vais faire comme si elle n’était que temporaire.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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