La Chronique Agora

Au Japon, la guerre contre le yen a des conséquences inattendues

▪ A mesure que se déroulent les hausses inflationnistes, celle que nous vivons en ce moment commence à devenir impressionnante. Le S&P 500 et Dow Jones Industrials ont tous deux clôturé à de nouveaux plus hauts records. Depuis un an, ces indices sur les grandes entreprises américaines ont augmenté de 18,28% et 18,07% respectivement. Ce n’est pas mal du tout pour une année entière, beaucoup pour moins de quatre mois et demi.

Mais les Etats-Unis n’ont rien à envier au Japon lorsqu’il s’agit de booster les titres de bourse par impression monétaire. Jusqu’à présent, le Nikkei 300 a enregistré une hausse de 46,6% cette année. Oui, vous avez bien lu. L’indice des principales valeurs de la troisième plus importante économie mondiale a gagné 44% cette année. Et nous ne sommes même pas encore en juin.

Selon les chiffres publiés par le gouvernement japonais cette semaine, le PIB du pays a grimpé de 3,5% au premier trimestre. Voilà la preuve qu’il y a de la force dans la faiblesse.

Le yen est en baisse de 16% par rapport au dollar et de 14% par rapport à l’euro. Selon Bloomberg, les dépenses dans les centres commerciaux étaient en hausse en mars et la confiance des consommateurs a atteint un plus haut depuis six ans.

Peut-on réellement rendre les gens plus riches en les faisant se sentir plus riches ? Il semble que le Japon soit extrêmement positif sur cette question. Le graphique ci-dessous montre que les titres japonais sont sur la pente ascendante depuis avril — depuis que la Banque du Japon a déclaré la guerre au yen. En comparaison, le gain du S&P semble bien modeste.

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Le gain annuel de 10,42% de l’indice australien All Ordinaries montre que lorsqu’il s’agit de faire grimper le prix des actions par l’inflation, l’Australie ne peut rivaliser avec les deux puissances du Pacifique. Le tracé rouge représente Google, qui approche les 1 000 $ l’action.


Source: StockCharts

▪ Il y a des conséquences inattendues…
Toutefois, on ne peut pas semer la pagaille sur un marché de 10 000 milliards de dollars et s’attendre à ce que tout se passe éternellement sans heurt. Le rendement des obligations d’Etat japonaises est en hausse. En fait, pour la première fois depuis vingt ans, le rendement des emprunts d’Etat japonais à cinq ans a dépassé celui des emprunts allemands à cinq ans. Trois des principales banques japonaises ont déjà revu à la hausse leurs taux d’intérêt pour les prêts sur 10 ans.

Augmenter les coûts d’emprunt est l’exact opposé de ce qu’on attend lorsqu’on injecte de l’argent dans une économie. Certes, les taux des obligations d’Etat japonaises partent de très bas. Et les taux des prêts immobiliers sur 10 ans sont passés de 1,35% à 1,40%. Cela ne va gêner personne.

Le problème c’est la liquidité. Au plus fort des ses efforts lors de son premier QE, la Fed a acheté 60% des nouvelles obligations émises par le Trésor américain. Au Japon, la chiffre actuel s’approche plutôt de 70%, à en croire le Wall Street Journal. C’est là le problème.

Lorsque la banque centrale commence à être le principal acheteur sur un marché, elle empêche tous les autres d’y entrer. Avec de moins en moins d’emprunts d’Etat japonais qui s’échangent chaque jour, les obligations qui se négocient effectivement semblent être plus réactives à ce qui se passe dans l’économie. Paradoxalement, le chiffre du PIB peut provoquer des peurs inflationnistes, auquel cas une chute du prix des obligations et une hausse des rendements sont exactement ce à quoi on devrait s’attendre.

Le problème pour le Japon est que c’est ce qui est en train d’arriver, trop tôt. Il faut plusieurs trimestres de croissance solide du PIB avant que le marché obligataire ne commence à avoir peur de l’inflation. Mais c’est là le problème lorsqu’on sème la pagaille dans de grands marchés d’obligations d’Etat. On ne sait pas quelles seront les conséquences involontaires.

Une des ces conséquences est la hausse du prix des actions. Mais pas seulement au Japon. La sortie des emprunts d’Etat japonais semble avoir provoqué un changement majeur dans le flux des capitaux au niveau mondial.

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