▪ Le marché des changes est un jeu à somme nulle : si une devise s’affaiblit, une autre se renforce obligatoirement. Puisque la valeur d’une monnaie est relative aux autres monnaies, les monnaies ne peuvent pas s’affaiblir toutes ensembles : au moins une monnaie doit se renforcer lorsque les autres s’affaiblissent.
La monnaie qui se renforce depuis mi-2014 est le dollar américain. Ce dernier a gagné 20%, alors que le yen japonais et l’euro ont perdu 20%. Beaucoup de monnaies de pays en développement (rand, peso, real, etc.) ont dégringolé, subissant un déclin allant de 40% à 50% (voire plus) par rapport au dollar américain.
En quoi tout cela est-il important ? Pour faire simple, le marché boursier est un singe tenu en laisse par les banques centrales — il suffit de tirer un petit coup sur la laisse et le singe saute. Les obligations sont un gorille — plus difficiles à contrôler mais encore gérables — mais le marché des changes, c’est King Kong. Il représente 5 000 milliards de dollars par jour et est impossible à contrôler au-delà de manipulations de court terme.
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Les devises établissent la tendance sous-jacente, pas uniquement pour les obligations et les actions, mais pour toute l’économie. Une monnaie qui s’affaiblit rend les exportations du pays vers les autres pays moins chères. Or la théorie veut qu’une hausse des exportations booste l’économie dans son ensemble — en particulier si cette économie stagne ou est en récession.
Une monnaie qui s’affaiblit rend également plus chères les importations dans l’économie du pays, ce qui fait monter l’inflation — précisément ce que souhaitent toutes les banques centrales du monde, selon la théorie qui veut que l’inflation fera plus dépenser les gens (puisque l’argent perd de sa valeur) et réduira le coût des emprunts (ce qui est supposé stimuler plus d’emprunts et de dépenses).
Toutes les monnaies ne peuvent baisser ensemble ; si certaines s’affaiblissent, les autres doivent se renforcer obligatoirement |
Voilà pourquoi tout le monde semble vouloir une monnaie plus faible. Mais comme nous l’avons fait remarquer, toutes les monnaies ne peuvent baisser ensemble ; si certaines s’affaiblissent, les autres doivent se renforcer obligatoirement.
▪ Inversion de tendance
Ce qui nous amène à la crise actuelle qui couve : derrière la propagande selon laquelle tout va bien dans le monde, la hausse du dollar a déstabilisé l’économie mondiale sous des formes subtiles : les carry trades ont été abandonnés, les flux de capitaux se sont inversés, les matières premières libellées en dollars ont chuté, etc.
L’expert économique traditionnel a bien accueilli le récent affaiblissement du dollar américain, une inversion de la tendance d’un dollar fort :
Le Japon a cherché à affaiblir le yen pour booster ses exportations et son inflation. A présent, l’affaiblissement du dollar réduit ces plans à néant avec le yen qui monte :
Avec la hausse du yen, le Japon se retrouve dans une récession qui s’auto-alimente |
Avec la hausse du yen, le Japon se retrouve dans une récession qui s’auto-alimente. Après plus de vingt années d’emprunts pour financer le stimulus budgétaire, l’impression monétaire, l’achat d’obligations, etc. le Japon n’a plus d’options. Affaiblir le yen était le dernier espoir pour booster les exportations et l’inflation.
Le renforcement du yen est une crise économique pour le Japon.
Entre temps, le dollar qui se renforce a poussé la Chine dans sa propre crise. La devise chinoise, le renminbi (RMB, c’est-à-dire le yuan), est un cas spécial parce que sa valeur relative est accrochée au dollar américain par les autorités monétaires chinoises. Ce facteur fixé était d’environ 9 pour le dollar US en 2005, et dans la décennie qui a suivi, la Chine a poussé le rapport du yuan au dollar jusqu’à 6.
Nous verrons la suite dès lundi.