La Chronique Agora

Janet Yellen, un Ben Bernanke puissance deux ?

▪ Bientôt nous ne verrons plus Ben Bernanke. Place à Janet Yellen, qui présidera la Réserve fédérale.

Qu’est-ce que cela signifie pour nous ?

Dans un monde idéal, cela ne signifierait rien du tout. Nous hausserions les épaules et retournerions à notre tasse de café matinale. Les présidents (et présidentes) de la Fed, comme les arbitres, ne devraient pas avoir d’impact sur le jeu.

Mais nous ne vivons pas dans ce monde. Malheureusement, il nous faut au moins considérer quelle prochaine imprudence la Fed pourrait bien commettre. Peut-être devrions-nous faire un retour arrière et expliquer ce qu’est la Fed. Comme l’a déclaré le président Obama :

« Beaucoup de gens ne savent pas vraiment ce que fait la Réserve fédérale ».

J’ajouterais que le président lui-même ne le sait pas. S’il le savait, il n’aurait pas énoncé par la suite ces propos stupides :

« Grâce à Ben, plus de familles sont capables de s’offrir leur propre logement ; plus de petites entreprises peuvent obtenir des prêts pour se développer et embaucher ; plus de personnes peuvent rembourser leur hypothèque et leur prêt auto ».

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Ben est responsable de tout cela, n’est-ce pas ?

La presse se félicite généralement de son choix. Je ricane en compulsant les journaux, ces porte-voix de l’establishment. Cela m’a fait penser à mon auteur préféré, A.J. Liebling (1904-1963), qui a écrit les plus pertinentes critiques sur la presse.

▪ La presse a des reproches à se faire
Dans son ouvrage The Press (je conseille la lecture de l’édition de 1975, revue et augmentée par sa veuve, Jean Stafford), Liebling décrit comment les journaux « n’étaient pas toujours dans le suivi de la ligne officielle de façon monolithique, sans effort, comme un piano qui tomberait dans une cage d’escalier »… Mais le plus souvent, ils l’étaient. Et ils le sont encore.

Le New York Times est un cas d’école :

« Le président Obama a fait preuve d’une grande sagesse en désignant Janet Yellen, actuellement vice-présidente de la Réserve fédérale, pour être la prochaine dirigeante de la Fed. Economiste très respectée, elle apportera deux éléments essentiels à ce rôle d’intendante de l’économie ».

Ce côté « très respectée » a été souvent répété. Ce qui a moins été répété est le fait qu’elle n’a pas vu venir la dernière crise — la plus grande depuis celle de 1929.

Je la cite :

« Pour ma part, je n’ai pas vu et je n’ai pas su apprécier les risques engendrés par la titrisation, les notes des agences de notation, le shadow banking, les véhicules d’investissement structurés — je n’ai rien vu venir avant que cela n’arrive ».

Je ne sais pas si elle est compétente. La compétence chez un économiste est difficile à mesurer, tout comme chez un mécanicien auto.

Quant aux « éléments essentiels », le Times en a bien vu un : « elle représente la continuité », écrit le journal. Tout est dit. Janet Yellen fait partie de l’establishment. Elle ne fera pas vaciller le bateau. Elle n’est pas un Paul Volcker venu pour tout chambouler.

▪ Plus ça change, plus c’est la même chose
Nul besoin de savoir autre chose sur Yellen. Elle fonctionne de la même façon que Bernanke. Il existe même des indices laissant penser qu’elle sera encore plus agressive que Bernanke dans l’impression monétaire.

Et Dieu sait que le vieux Ben était pas mal prolifique dans ce domaine. Depuis sa nomination en février 2006, les détentions de titres de la Fed ont augmenté de 365%, à 3 500 millions de dollars. Tout cela a été acheté avec de l’argent créé à partir de rien.
A combien se montera la somme au départ de Yellen ?

D’après moi, elle aura encore gonflé. Attendez-vous à ce que la politique de l’argent facile et les distorsions continuent. Le marché boursier peut bien continuer d’augmenter avec les détentions de la Fed. Cela ne peut que mal finir mais la fête qui va se dérouler entre aujourd’hui et la fin, ça va être quelque chose.

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