** Jackpot !
– Double Jackpot !
– Triple Jackpot !
– L’évolution des cours sur le marché boursier australien commence à ressembler à une partie de flipper. BHP Billiton, Rio Tinto, Woodside… certaines des plus grosses actions sur les matières premières australiennes ont atteint ces derniers jours des plus hauts de 52 semaines. BHP et Rio ont tous deux fait des présentations d’investissement hier à Londres, soulignant leurs divers degrés d’exposition à l’urbanisation de la Chine.
– "Face à l’incertitude mondiale et à l’inflation, le marché des matières premières australiennes va devenir un refuge pour l’énorme vague de fonds en provenance de Chine, d’Inde et des économies développées", rapportait Patrick Durkin dans le Financial Review de mercredi.
– Il paraphrasait alors les paroles de l’ancien vice-président de Goldman Sachs, Kenneth Courtis. Courtis a dit aux investisseurs australiens, au cours d’une conférence, que "la Chine veut tout ce que vous avez, absolument tout. Et nous ne pouvons toujours pas deviner la demande que la Chine va générer dans les années à venir… Imaginez 250 millions de personnes supplémentaires qui urbanisent la Chine pendant les 20 prochaines années. Selon vous, quel en sera l’impact sur le prix du cuivre, du minerai de fer, avec le niveau qu’ils ont déjà aujourd’hui ?"
– Disons que cette question est rhétorique. Courtis y répond quand même : "au cours des deux, trois, quatre prochaines années, l’Australie va devenir un marché essentiel. Vous pourriez voir [la bourse australienne] évoluer un peu comme le marché japonais dans les années 1980, ou comme le marché des technos dans les années 1990".
– Cela n’a rien d’encourageant. Cela signifie que la bourse australienne est une bulle en formation. Et nous savons tous comment terminent les bulles. Splaf !
** Ce couplet sur la prospérité perpétuelle de la demande venant de Chine commence à sonner comme un refrain. Nous avons nous aussi tapé du pied, pour nous joindre au rythme. Mais il ne faut pas oublier que les marchés fonctionnent toujours par cycles, du manque à l’abondance, de la prudence aux excès, de la crainte à l’envie et ainsi de suite.
– Le cycle actuel — ou super-cycle si vous préférez — reste un cycle. Mais combien de temps va-t-il durer, et jusqu’où va-t-il faire monter les actions australiennes ?
– Si les actions sur matières premières australiennes deviennent un refuge mondial face à l’inflation, les quatre ou cinq prochaines années pourraient être des années fructueuses grâce aux valeurs du secteur des matières premières. "Nous allons connaître une génération de croissance guidée par la Chine et l’Inde, et qu’il nous sera impossible d’arrêter, de freiner ou de concurrencer. En 2020, nous regarderons en arrière et nous serons surpris, choqués et estomaqués par la croissance que nous aurons vécue", déclare Owen Hegarty de la lettre Oxiana.
– Nous apprécions Oxiana tout autant que n’importe quelle lettre d’information sur les matières premières. Mais ce genre d’enthousiasme nous rend un peu nerveux. Quand tout le monde commence à lire le même livre de prières pour l’investissement, on risque de subir un acte divin que personne n’a vu venir. En d’autres termes, il n’y a jamais rien de sûr dans les marchés d’investissement. Vous ne savez jamais ce qui vous attend au tournant. Cela peut être un tremblement de terre, une guerre ou une révolution.
– Pourtant, il faudrait être un vrai rabat-joie pour crier au loup sur le marché des matières premières. Le seul joueur resté sur le banc des ressources naturelles est celui qui devrait en être la star : l’or. Sa récente correction de 18% inquiète un grand nombre d’investisseurs sur sa sous performance relative.
– Il n’y a pas grand-chose à ajouter sur l’or que nous n’aurions déjà dit. Mais pour ce que ça vaut : les sommets importants suivis par des périodes de prises de bénéfices et de consolidation sont un phénomène normal dans n’importe quel marché haussier. L’or attend son heure alors que le dollar US connaît un mini redressement. Mais à moins que le gouvernement américain n’envisage sérieusement une politique de dollar fort — ce qui est fort peu probable dans un pays d’endettés — difficile d’imaginer que le billet vert puisse remonter beaucoup plus haut, ou que l’or tombe sous la barre des 800 $.