A force de s’intéresser à tout ce qui ne le regarde pas, l’Etat fait de plus en plus défaut à sa fonction première : nous protéger.
Ce qui n’est pas rassurant, c’est que dès lors qu’ils sont confrontés à un problème de sécurité, nos hommes politiques font au mieux dans le déni, ou sont au pire complètement à côté de la plaque (voire l’inverse, je vous laisse juger).
Insécurité : entre le déni et la vérité, Gérard Collomb a du mal à trancher
Le meilleur exemple en est sans doute le « traditionnel » décompte du nombre de véhicules brûlés au lendemain de la nuit du 31 décembre au 1er janvier.
Gérard Collomb restera peut-être dans les livres d’Histoire comme le menteur le plus honnête de France. En effet, le 1er janvier 2018, l’ancien ministre de l’Intérieur a quand même réussi à déclarer ceci, après que le nombre de véhicules incendiés durant la nuit avait augmenté de 10% d’une année sur l’autre et que deux policiers s’étaient fait passer à tabac :
« Les festivités se sont bien passées […] Dans l’ensemble, les gens ont pu jouir de la nuit de la Saint-Sylvestre de manière pacifiée. »
Je ne sais pas vous, mais moi ça me rappelle ceux qui mettaient en avant « le bilan globalement positif du communisme »…
Heureusement, lorsque M. Collomb s’endort, le Dr Collomb se réveille, au point d’ailleurs de démissionner de son poste ministériel devant le caractère « très dégradé » de la situation dans certains quartiers :
Saint-Sylvestre 2019 : le gouvernement vous a caché un nouveau record français !
Cela me fait d’ailleurs penser que l’on n’a pas entendu Gérard Collomb, redevenu maire de Lyon, lorsque l’on a appris que le nombre de véhicules carbonisés dans « sa ville » avait plus que doublé lors du dernier réveillon du Nouvel an par rapport à l’année passée…
L’ancien ministre de l’Intérieur n’est d’ailleurs pas le seul maire à faire face à cette explosion de la violence du Nouvel an puisque Strasbourg commence elle aussi à sévèrement ramasser.
La ville vient d’enregistrer un nouveau record, avec 1 457 véhicules incendiés. Notez que ce chiffre est chaque année fuité dans la presse, alors que le gouvernement ne communique plus à ce sujet « pour ne pas créer de surenchère ».
Vous pouvez constater à quel point cette stratégie s’avère efficace, alors que nous venons de dépasser allègrement le précédent record de l’année passée, lequel lui-même battait à plate couture le précédent record du réveillon 2012-2013.
Comme le relève Europe 1 :
« Depuis l’émergence des réseaux sociaux, la situation est presque encore pire, puisque les incendiaires de la Saint-Sylvestre n’attendent pas les bilans officiels : c’est entre eux, sur les réseaux sociaux, qu’ils alimentent la surenchère. »
Si ce n’est pas pour contrer la racaille pyromane que cette stratégie du silence est appliquée, alors la conclusion s’impose d’elle-même : les gouvernements qui se succèdent ne veulent pas que vous puissiez évaluer l’efficacité de leur action.
Avec cette stratégie du silence, on se situe dans la droite ligne de ce que j’expliquais au sujet de la suppression de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales : les hommes politiques à la tête de l’Etat préfèrent de loin mener leur petit bonhomme de chemin en toute opacité.
Comme l’explique H16 :
« Il n’est qu’à voir la façon dont le pouvoir a sciemment fait disparaître le nombre de voitures brûlées aux fêtes de fin d’années pour comprendre où se situe le problème : pour les politiciens, ce ne sont pas les voitures qui brûlent, ce ne sont pas les fusillades qui s’accumulent, ce ne sont pas les nombres ahurissants de récidives de l’un ou l’autre couteau fou, non, le problème se situe dans l’existence de ces statistiques, de ces nombres qui, apparemment, inciteraient les uns à commettre encore plus de crimes et délits (par jeu) et les autres à romancer un pays soi-disant à feu et à sang alors que, m’ame Ginette, tout le monde sait que ça n’arrive pas, voyons, et qu’en France, tout se termine par des chansons et des lendemains qui chantent sifflotent. »
Ça, c’est pour la pilule rouge. Rassurez-vous, si la vérité est un peu trop choquante pour vous, vous avez toujours la possibilité de déserter cette chronique, Twitter ne manquant pas de pom-pom girl macroniennes proposant des pilules bleues.
En suivant par exemple le compte de Thierry de Cabarrus, vous apprendrez ainsi à réfléchir :
– en minimisant le degré de gravité de ces actes (« incivilités ») ;
– en soulignant qu’il s’agit de toute façon d’une forme de folklore français (« traditionnelles ») ;
– en croyant que ce genre de débordements ne se produit qu’une fois par an (« du Nouvel an ») ;
– en relativisant la situation grâce au constat que les dégâts sont aussi sévères chez celui de nos voisins qui a fait les choix de sociétés les plus proches des nôtres.
Bref, vous apprendrez à ne pas vous « focaliser » sur la réalité. N’est-ce pas merveilleux ?
Le seul problème, c’est qu’en tenant ce type de discours, vous deviendrez la risée des étrangers.
Voiture brûlées : la France devient une blague à l’international !
Eh oui, figurez-vous que les pratiques françaises en matière de communication au sujet des chiffres des voitures brûlées lors du Nouvel an sont célèbres jusqu’en Pologne !
Permettez-moi de vous restituer ce qui s’est dit lors d’un grand moment de télé des derniers jours de 2019, au cas où vous l’auriez raté :
David Pujadas :
« Quel regard ont les Polonais aujourd’hui sur ce qui se passe en France ? Est-ce qu’ils se disent qu’on est bien barrés ou mal barrés ? »
L’invité polonais :
« Plutôt mal barrés. Je dirais que vu de Pologne, la France paraît de plus en plus un pays exotique. Exotique au sens d’étrange, où l’on ne comprend pas ce qui se passe exactement. […] Probablement que demain ou après-demain, on va voir le ministre de l’Intérieur qui va dire ‘la nuit de la nuit de la Saint-Sylvestre était calme, il y a juste eu 1 000 voitures de brûlées’. Donc voilà, c’est étonnant quand même, on ne comprend pas exactement ce qui se passe en France. »
David Pujadas :
« Y a pas des feux du 1er janvier, en Pologne ? »
L’invité polonais :
« Pas comme ça, non. Des feux d’artifices oui, mais pas des voitures qui brûlent dans les banlieues ! Vous savez, à la limite, en Pologne, il y aura 20 voitures brûlées, il y aurait des émissions spéciales à la télévision, à la radio. Là, 1 000 voitures brûlées dans les banlieues en France, je me souviens que la dernière fois Gérard Collomb a dit que la nuit était sereine. Donc voilà, c’est ça la différence ! » [Hilarité sur le plateau]
Bref, ce qu’explique notre commentateur polonais, c’est finalement le constat suivant :
Samedi prochain, nous verrons que dans notre pays, il n’y a malheureusement pas qu’au sujet des voitures brûlées que l’on marche sur la tête…