La Chronique Agora

L’innovation la plus importante du XXe siècle

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Un homme, parti de rien, a changé le monde avec une invention à laquelle nous ne pensons pas souvent, mais qui est devenue essentielle à notre vie.

Demandez à une personne ordinaire ce qu’elle pense être l’innovation la plus importante du XXe siècle sur le plan économique, et elle vous répondra probablement internet. Le succès d’internet a sans aucun doute permis de réfuter la prédiction de Paul Krugman selon laquelle cette technologie n’aurait pas plus d’impact sur l’économie que l’invention du fax, mais même cette technologie profondément disruptive ne mérite qu’une médaille d’argent par rapport à une innovation au premier abord beaucoup plus banale : le conteneur maritime intermodal.

Malcolm McLean est le premier à avoir eu l’idée du conteneur. Son histoire est celle d’un homme qui, parti de rien, bâtit une véritable fortune au cours du XXe siècle.

McLean a débuté dans le secteur du transport avec un simple diplôme d’études secondaires. Travaillant alors comme commis dans une station-service, il était parvenu à l’âge de 21 ans à économiser 120 $ qu’il investit dans l’acquisition d’un camion d’occasion. En 1944, il fonda sa première entreprise, McLean Trucking. Dans le contexte du boom économique d’après-guerre et d’une économie mondiale de plus en plus intégrée, l’entreprise de McLean était en plein essor.

La solution d’un problème millénaire

L’activité de McLean consistait principalement à prendre en charge le transit de marchandises à destination et en provenance des ports d’importance internationale. Son activité était cependant freinée par le même goulot d’étranglement qui a entravé tous les échanges internationaux depuis l’Antiquité : chaque marchandise devait être déchargée du camion avant d’être chargée sur les navires. Ce qui augmente considérablement le coût global des échanges commerciaux sur de longues distances.

McLean a eu l’idée d’expédier directement le camion lui-même, mais cela n’a fait que de remplacer le problème de goulot d’étranglement lors du transfert de fret par un problème de gaspillage d’espace. McLean a ensuite eu l’idée de ne charger que le conteneur du camion.

Malheureusement, l’ICC [l’Interstate Commerce Commission, organisme fédéral qui était en charge de réguler les chemins de fer et le transport routier aux Etats-Unis, NDT] lui fit obstacle. McLean possédait une entreprise de transport par camion, or la réglementation fédérale interdisait à un entrepreneur de posséder à la fois une entreprise de camionnage et une entreprise de transport maritime. McClean a donc vendu en 1955 son entreprise de camionnage, dont la flotte avait alors atteint 1 770 camions, pour 25 M$.

A l’aide de ce capital, il a obtenu un prêt de 22 M$ qu’il a investi dans l’acquisition de deux navires construits durant la Seconde Guerre mondiale pour transporter les conteneurs qu’il a conçus et fait breveter. Ses conteneurs avaient la particularité de pouvoir s’empiler les uns sur les autres pour le transport maritime. Ils pouvaient également être facilement transférés vers une semi-remorque ou un wagon de chemin de fer.

Dès les années 1960, la nouvelle société de McLean était largement rentable et les frais d’expédition diminuaient rapidement. En 1969, il a revendu sa société pour 530 M$, capital qu’il a réinvesti dans de nouvelles entreprises avec pour but d’améliorer la conteneurisation. A la fin des années 1970, il possédait une flotte de 4 400 porte-conteneurs.

Héros méconnu

McLean s’est également rendu compte que le développement de son entreprise ne dépendait pas du monopole technologique conféré par son brevet, il a donc remis le brevet de son conteneur à l’Organisation internationale de normalisation (en anglais ISO), libre de droits. Il avait compris que conserver jalousement son brevet ne ferait que ralentir l’adoption de sa technologie par les compagnies de camionnage, de chemin de fer et de transport maritime, et qu’il n’avait rien à craindre de la concurrence.

Les effets de l’innovation de McLean sont difficilement quantifiables, car elle a aidé des économies entières, comme celles de Singapour et de Hong Kong, à passer du stade préindustriel à l’ère moderne en un court laps de temps (associée, bien sûr, au fait que ces économies sont parmi les plus libres au monde, car même les technologies les plus disruptives ne peuvent surmonter les barrières imposées par un Etat cherchant à tout contrôler).

McLean a reçu ses titres de gloire dans le monde des affaires, prenant sa place dans le Forbes Business Hall of Fame en 1982. Mais il reste une personnalité méconnue du grand public, bien qu’il soit peut-être l’une des principales causes à l’origine de la croissance explosive de la richesse mondiale au cours de la seconde moitié du XXe siècle.

Grâce à l’idée à première vue plutôt simple de McLean, le coût de chargement d’un navire est passé de près de 6 $ la tonne en 1956 à seulement 0,16 $ en 2006 (ajusté de l’inflation, cela représente une baisse de quasiment 60 $ à environ 0,25 $) !

McLean est le héros méconnu de la conteneurisation, une révolution économique qui, comme l’a écrit Marc Levinson dans son livre The Box, « a rendu le monde plus petit et l’économie mondiale plus grande ».


Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici

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