La Chronique Agora

Injection de 600 milliards et après ?

▪ C’est sans doute ce que vont très bientôt se demander les marchés, sans cesse dans une démarche d’anticipation. Et on peut se demander quelle sera la prochaine machination que les Américains vont inventer pour venir soutenir une économie qui, décidément, en a bien besoin.

En effet, les chiffres de l’emploi ont jeudi encore illustré une nette dégradation de la situation. Ces chiffres viennent donc conforter la Fed dans ses mesures exceptionnelles d’assouplissement et de maintien des taux bas pour très longtemps.

▪ Dépendance, liquidités…
Je l’écris souvent, les marchés sont devenus accros aux liquidités. Les vagues de rachats de toutes sortes et de toutes parts dopent la santé des marchés financiers et génèrent un véritable trouble du comportement des investisseurs.

Reprenons. Le quantitative easing (assouplissement quantitatif) a été inventé pour soutenir l’économie en difficultés lorsque que l’arme monétaire des taux directeurs est épuisée. C’est bien entendu le cas aux Etats-Unis depuis belle lurette avec un taux à zéro.

Ainsi, si la Fed a besoin de recourir au quantitative easing, c’est bien qu’elle admet une dégradation de l’économie ou du moins que la reprise n’est pas pour demain. Pourtant, à chaque nouvelle annonce d’assouplissement, on assiste à un engouement généralisé sur les marchés. Bizarre, non ?

▪ … et troubles du comportement
Vous pourriez me dire que les investisseurs parient sur l’efficacité de ces mesures pour reprendre confiance en l’économie et ainsi anticiper la sortie de crise. Sauf que, le quantitative easing, on le sait, ne fonctionne pas.

Vous me répondrez alors que ce sont les bons chiffres des sociétés qui font grimper les marchés, et que tout ça est donc bien normal.

Sauf que si la Fed continue sa politique d’assouplissement, c’est principalement pour stimuler l’emploi et par ricochet la consommation intérieure qui fait cruellement défaut et qui condamne tout de même une bonne partie des futurs résultats des entreprises. Ainsi, les investisseurs achèteraient alors que les signaux envoyés par la Fed n’ont jamais été aussi inquiétants…

▪ La croissance des émergents, l’acte final des vieilles économies
La croissance des entreprises se fait chez les émergents et plus aux Etats-Unis.

Sauf que là, on touche du doigt le problème. Pensez-vous que les Brésiliens, Chinois ou Indiens laisseront encore longtemps les Américains, Européens ou Japonais en manque de vigueur se servir chez eux tout en les laissant tranquillement fermer l’accès à leurs marchés et dévaloriser leur monnaie pour faire concurrence ?

Non. L’accolade de notre président envers le président chinois en est l’illustration. La croissance dans les pays émergents a un coût implicite et futur qui sera bien plus cher que tous les plans de quantitative easing réunis : la fin du système sur lequel on se repose depuis trop longtemps.

▪ Guerre des monnaies
Bien entendu dans ce grand mouvement mondial, les devises sont dans l’oeil du cyclone. Le billet vert continue sa descente.

Et la tension internationale va sans aucun doute monter d’un cran à l’approche du G20 alors que la semaine dernière le ministre des Finances allemand estimait que les mesures de QE de la Fed sont tout simplement irrégulières en regard des dernières mesures décidées par le G20. Ambiance, ambiance !

Ajoutez à cela, la prise de pouvoir des républicains, qui devrait accélérer les sanctions commerciales envers la Chine… et vous aurez une belle guerre des monnaies.
[NDLR : Retrouvez toutes les recommandations de Jérôme Revillier pour découvrir comment transformer cette guerre des monnaies… en gains !]

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