Les autorités américaines sont coincées dans un printemps économique perpétuel, et refusent de voir la réalité en face. Mais l’inflation s’est bel et bien installée… et tout indique qu’elle ne sera sans doute pas transitoire.
Les riches et les élites connaissent une période dorée. C’est bien normal : ils possèdent les actifs que la Réserve fédérale fait grimper. Peut-on blâmer les « pas-si-riches » de vouloir en être ?
Comme nous le disions il y a quelques jours, les dernières cryptos à la mode ont connu des gains à quatre chiffres rien que sur les dernières semaines. Le secteur crypto dans son intégralité est passé de rien à une valeur de plus de 2 000 Mds$ en à peine une décennie.
C’est de la « richesse » qui n’existait pas il y a quelques années. Et elle suffit à faire croire à une génération entière qu’il est plus profitable de trader des cryptos que de travailler.
Mais c’est l’inflation qui a causé la surcapacité, non l’inverse.
Les autorités tentent de calmer le jeu en affirmant que l’inflation n’est que transitoire, et que les chiffres actuels partent d’une « base faible ». Mais cet argument est annulé lorsqu’on regarde au-delà des chiffres aberrants de l’année de la pandémie en « empilant » les relevés d’inflation par tranches de deux ans. On constate la même ligne de tendance ascendante, simplement à un angle moins aigu.
Printemps perpétuel
A La Chronique, nous avons parfois raison, parfois tort… mais nous doutons toujours.
Les chiffres d’avril marqueront-ils le point de bascule décisif – lorsque l’inflation se retournera définitivement – et radicalement – à la hausse ?
Ou ressembleront-ils plus à une mission d’exploration menée par des OVNI… avant que l’envahisseur ne jette toutes ses forces dans la bataille, prenant la planète et réduisant les quelques humains survivants en animaux de compagnie ?
Nous le saurons dans quelques mois.
En attendant, nous essayons d’aller plus loin.
L’inflation des prix à la consommation provient de l’inflation monétaire ; c’est tout ce que nous savons avec certitude.
La Théorie monétaire moderne (TMM) nous dit que le gouvernement est la source de l’argent (dont les TMMeurs pensent qu’il est la même chose que de la richesse).
C’est l’impression et les dépenses gouvernementales qui font tourner le monde monétaire, disent-ils.
Ils ajoutent que les autorités peuvent imprimer et dépenser autant qu’elles le veulent – « investissant » pour créer une nation plus sûre, plus prospère et plus parfaite – jusqu’à ce que l’inflation des prix à la consommation grimpe.
Lorsque ce jour viendra, promettent-ils, ils « pivoteront » vers des politiques de lutte contre l’inflation.
Et voilà que ce jour est arrivé.
Or que voyons-nous ? Surprise ! Les yeux rivés sur le thermomètre… ils nous expliquent pourquoi on ne peut pas faire confiance aux données les plus récentes.
« Pas besoin de pivoter tout de suite », disent-ils.
Nous vivons dans un monde de printemps perpétuel ; ils en sont convaincus. Les actions grimpent éternellement, comme des jonquilles en avril. Les pluies tièdes des déficits et de l’impression monétaire stimulent éternellement les racines maussades de l’économie.
Toute donnée sortant du canal printanier doit être un coup du hasard.
Ils feraient mieux de revenir au calendrier.
Ce ne sont pas l’impression et les dépenses gouvernementales qui créent la richesse réelle ; au lieu de cela – aussi sûrement que juin suit mai –, elles créent de l’inflation réelle.
Et si vous attendez que les autorités confirment la tendance, il sera sans doute trop tard pour planter vos radis.