▪ « La France est pourrie », nous a dit un ami hier. « La moitié des gens sont ruinés — les autres sont tous fous ».
« … et vous les étrangers, vous continuez de venir, vous crachez un million de dollars pour un appartement grand comme un placard… et vous vous baladez en marchant dans les crottes de chien ».
Oui, cher lecteur, c’est une description assez juste de la France en l’an de grâce 2012. Le nouveau président dit qu’il n’attendra pas que le privé crée des emplois ; il le fera lui-même. Il embauchera plus d’enseignants.
Comment fera-t-il pour les rémunérer ? Apparemment, il va augmenter les impôts pour les riches cette semaine. Le taux marginal supérieur grimpera à 75%, dit-il. L’ISF augmentera aussi.
Bref, les élites qui contrôlent la France la contrôleront bientôt directement plus… et plus de riches iront en Suisse, en Grande-Bretagne ou en Belgique.
Pourri, pourri, pourri.
▪ L’Argentine aussi…
Mais nous aimons les pays pourris. Par exemple, à un stade de décomposition encore plus avancée, on trouve l’Argentine, où la présidente Cristina Fernando de Kirchner vient d’annoncer une solution au problème de l’immobilier.
Nous faisons une petite pause pour vous faire un bref résumé de la manière dont l’immobilier s’est transformé en problème au sud du Rio Plata. Dans les années 80, les généraux qui dirigeaient l’Argentine ont essayé de payer leurs factures en imprimant de l’argent. Cela a mené des augmentations de prix à la consommation de plus de 1 000% par an. Ils ont dû se débarrasser d’une devise, en lancer une nouvelle, puis se débarrasser de celle-ci également. Il y a ensuite eu la guerre avec l’Angleterre. Les gens ont fini par en avoir assez et se sont débarrassés des généraux. Puis le président Carlos Menem a promis une devise « dure » pour l’Argentine, à laquelle il serait parvenu en liant le peso directement au dollar.
Personne n’est plus persuasif qu’un Argentin qui essaie d’emprunter de l’argent. Dans la mesure où le risque devise était éliminé — c’est du moins ce que pensaient les investisseurs –, les Argentins purent rapidement emprunter plus d’argent qu’ils ne pourraient jamais en rembourser, ce qui a mené à la plus grande faillite — environ 100 milliards de dollars — de l’histoire mondiale.
Le taux d’inflation officiel actuel est encore à un seul chiffre. Mais le taux réel — dont il est apparemment illégal de parler — est proche des 25%. Cela — associé au fait que lorsqu’on prête de l’argent aux Argentins, ils ne le remboursent pas — réduit considérablement la disponibilité du crédit… et de l’immobilier. Les gens doivent payer en liquide… ou presque… pour acheter une maison.
Imaginez un peu à quoi ressemblerait le marché de l’immobilier américain si les gens devaient économiser avant d’acheter une maison. Il n’y aurait pas autant de maisons. C’est pour cette raison qu’il n’y a pas beaucoup de maisons en Argentine. Et bon nombre de celles qui ont été construites par le passé ne sont pas en grande forme.
C’est là que Cristina entre en scène. Au lieu d’admettre que ses prédécesseurs et son propre parti politique ont la moindre responsabilité dans le problème de l’immobilier, elle propose une nouvelle solution insensée.
Mais c’est une situation classique. Le gouvernement cause des problèmes. Il offre ensuite des solutions qui les empirent.
▪ … sans parler des Etats-Unis !
Au niveau macro-économique, c’est ce qui est en train de se produire aux Etats-Unis. Les autorités ont créé une économie basée sur le crédit, multipliant la masse de crédit par 50 au cours des 50 dernières années. Cette augmentation gigantesque a inondé le monde entier… menant (entre autres choses) à l’explosion de la production industrielle en Chine… à la bulle de l’immobilier aux Etats-Unis… à la hausse de la richesse pour les « riches »… à la crise de 2008-2009… à un chômage élevé… et à une croissance réelle limitée.
Au lieu de reconnaître qu’elles ont mis le feu à la maison… les autorités arrivent sur les lieux comme des pompiers, pour faire semblant d’éteindre l’incendie. Le problème, c’est qu’elles ne font qu’ajouter du carburant — plus de crédit !
Les autorités américaines ont augmenté la dette nationale de 4 390 milliards de dollars depuis qu’Obama s’est installé à la Maison Blanche. Si l’on cumule, elles ajouteront 20 000 milliards d’ici la fin de l’année.
C’est là le côté budgétaire. Du côté monétaire, la Fed a fait sa part du boulot. Elle a ajouté 2 000 milliards de dollars à son bilan (la base de la masse monétaire américaine) depuis que la crise a éclaté en 2008-2009.
Même avec une telle quantité d’essence et de bois sec, les autorités ont eu du mal à entretenir la flamme. Les consommateurs… et les ménages… ont des seaux d’eau. Ils essaient de se désendetter. C’est-à-dire qu’ils veulent se débarrasser du crédit, pas en ajouter.
Mais le gouvernement vient à la rescousse avec plus de prêts étudiants, prêts immobiliers, renflouages, subventions… avec du pain gratuit à domicile… et des cirques militaires à l’étranger.
Et Paul Krugman, Joseph Stiglitz, Larry Summers et al. poussent les autorités à en faire encore plus ! Selon nous, elles en ont déjà assez fait.
Non que nous nous en plaignions. Tout ça est très distrayant et instructif.