La Chronique Agora

Inflation, déflation : match nul ?

** Rappelez-vous, cher lecteur : alors qu’on aurait dit que l’inflation avait le dessus, les forces de la déflation ont lancé une contre-offensive majeure. Le tir de barrage a commencé il y a quelques semaines. Où en sommes-nous aujourd’hui ?  

* "L’équilibre des forces économiques penche vers la contraction", écrivait Martin Wolf dans le Financial Times.

* Il note toutefois que l’inflation n’est pas entièrement battue. En première page du journal, on lisait d’ailleurs que "l’inflation a atteint un sommet de 16 ans". Mais tout de même, les dieux de la guerre financière semblent être passés du côté de la déflation.

* Le secteur bancaire souffre. Le toit s’effondre sur le secteur immobilier. Le pétrole corrige.

* Jusqu’à présent, l’or noir rend les économistes perplexes. L’économie mondiale ralentit. Les gens réduisent leur utilisation d’énergie. Aux Etats-Unis, les familles prennent des vacances plus près de chez eux, par exemple.

* La Fed de Bernanke a nettement laissé sous-entendre qu’elle ne baisserait pas plus ses taux — et qu’elle pourrait même les augmenter. Dans de telles conditions, on s’attendait à ce que le dollar grimpe… et que le pétrole baisse.

* Ca ne s’est pas passé comme ça. Même aujourd’hui — alors que les cours du pétrole sont en baisse — on pourrait s’attendre à ce que le dollar grimpe. Mais non. Les spéculateurs parient que les Etats-Unis continueront d’affaiblir le billet vert. En d’autres termes, ils parient sur de nouveaux ennuis… Ils se débarrassent du pétrole, parce qu’inévitablement, il finira par réagir à la baisse d’activité économique.

* "Si le désendettement continu de l’économie américaine venait à affaiblir la consommation US", continue Wolf, "l’économie pourrait s’enfoncer dans une profonde récession. Les déficits budgétaires américains grimperaient en flèche, et les taux intérêts pourraient augmenter. Cela pourrait rendre la dynamique de dette du gouvernement américain extrêmement déplaisante. Une fuite hors du dollars et des obligations en dollars pourrait même s’ensuivre".

** Si l’on décrivait la situation en termes de "guerre" entre l’inflation et la déflation… on pourrait donc dire que c’est match nul. La déflation a gagné du terrain — mais le front s’est stabilisé. Les actions ont repris le chemin de la hausse. Et l’inflation des prix à la consommation est de retour dans les journaux.

* D’un autre côté, la dégringolade de l’or est une victoire claire de la déflation, non de l’inflation. Et nous avons trouvé un article dans le Wall Street Journal qui nous a rappelé que l’économie américaine n’en était qu’au début d’un recul déflationniste :

* "Les fermetures de magasins atteignent des niveaux record".

* Le commerce au détail a des problèmes. Il n’y a probablement rien de plus certain, cher lecteur. Après une fièvre d’achats qui a vu les Américains dépenser TOUT leur argent… et plus… ils ne vont pas dépenser encore PLUS. C’est impossible. Au lieu de cela, ils dépenseront moins. Ce qui signifie que les commerçants vendront moins. Et cela signifie aussi qu’on aura besoin de moins de vendeurs… et d’espaces de vente.

* Le moment est mal choisi pour détenir les titres de détaillants US… ou des centres commerciaux — surtout ceux qui sont dans la cambrousse et loin de tout.

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