La Chronique Agora

En route vers l’inflation !

▪ Mario Draghi veut obtenir, par tous les moyens, un taux d’inflation plus élevé dans la Zone euro… et il va sûrement y arriver. La masse monétaire M1 (premier graphique ci-dessus) a augmenté début décembre d’environ 14%, la M2 d’environ 6,5% et la M3 (second graphique) de 6,5% également.

Par comparaison, l’OCDE prévoit une croissance du PIB nominal de 3,4% dans la Zone euro en 2017. La décision de prolonger le QE à 1 500 milliards d’euros jusqu’à mars 2017 fera encore augmenter l’offre de monnaie dans l’économie.

Mais… que faire de tout cet argent ?
Sur les marchés monétaires et obligataires, les intérêts sont négatifs jusqu’à l’échéance de six ans, c’est-à-dire que les épargnants sont expropriés. Les maturités plus longues ou même les obligations hypothécaires n’offrent pas un taux plus acceptable. Les obligations que l’on disait "à haut rendement", parce que moins bien notées, n’ont plus de "haut" que leur niveau de risque !

Les épargnants et les investisseurs sont incités à acheter des biens et services dont ils n’ont pas besoin — ou pire, qu’ils ne veulent pas

Les épargnants et les investisseurs sont incités à acheter des biens et services dont ils n’ont pas besoin — ou pire, qu’ils ne veulent pas, ce qui entraîne des phénomènes un peu étranges.

Ainsi, les fonds d’investissement font état de montants de flux entrants jamais vu auparavant. Les fonds obligataires et les fonds spéciaux constatent des flux entrants particulièrement élevés alors même que les gestionnaires ne peuvent pas investir l’argent dans des placements attrayants, sur les marchés financiers, sans prendre des risques très élevés. Les risques sur les subprime semblent être actuellement aussi élevés qu’en 2008.

Les gestionnaires de fonds essayent d’améliorer la performance par le biais de produits dérivés, d’opérations à terme et de ventes à découvert. Les épargnants savent-ils vraiment à quels risques ils s’exposent ? Le souvenir cuisant de la dernière phase des faibles taux d’intérêt et ses conséquences, avec le développement d’instruments financiers toujours plus aventureux (ABS, MBS, Structured Investment Vehicles, Adjustable Rate Mortgages, Interest only loans etc.) semble s’estomper.

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▪ Le cash comme refuge…
Etonnamment, les comptes de trésorerie se gonflent : le cash est devenu un refuge. Dans certains pays de la Zone euro, comme par exemple en France, les gouvernements tentent de limiter considérablement les paiements en espèces. La circulation des billets de 500 euros est en forte hausse. Dans les banques, l’afflux de demandes de location d’un coffre fort est tel que leur prix a fortement augmenté et qu’elles informent leurs clients qu’il n’y a qu’une assurance limitée pour le cash.

Aux Etats-Unis et au Canada, les banques informent leurs clients que le dépôt d’or ou de liquidités dans les coffres mis à leur disposition n’est pas autorisé, à l’exception des pièces de collection.

La confiance dans les assurances-vie n’a jamais été aussi élevée et leurs actifs sont 5,6% au-dessus du niveau atteint l’année précédente. Toutefois, les revenus versés baissent continuellement car les gestionnaires ne trouvent pas de possibilité d’investissement avec un risque acceptable.

En Espagne, les crédits hypothécaires ont le plus souvent l’Euribor 12 mois comme référence. Ce taux a atteint un plus bas historique de 0,04%. Grâce aux nouvelles mesures de la BCE (intérêts négatifs des comptes bancaires à la BCE), même les intérêts hypothécaires pourraient devenir négatifs. Ainsi, toute personne qui achète une maison ou un appartement reçoit un don en argent. Cette situation semble être encore plus absurde que lors de la dernière phase d’intérêts bas, lorsque l’éclatement de la bulle immobilière avait poussé l’Espagne dans une grave crise.

▪ … Et le crédit en pleine forme
Aux Etats-Unis, pour la première fois de l’histoire, c’est plus de 18 millions de voitures qui ont été vendues par mois — et cela trois mois d’affilés. De tels chiffres sont généralement analysés comme prouvant la vigueur de l’économie américaine. En réalité, presque tous les achats sont faits à crédit. Les encours des prêts pour les achats de voitures ont augmenté continuellement depuis 18 trimestres et dépassent maintenant les 1 000 milliards de dollars.

96,7% des acquéreurs achètent leur voiture à crédit mais près de la moitié d’entre eux sont à peine solvables

D’après la Fed de New York, 96,7% des acquéreurs achètent leur voiture à crédit mais près de la moitié d’entre eux sont à peine solvables. La durée moyenne des prêts est de 67 mois pour les voitures neuves et de 62 mois pour les véhicules d’occasions, ce qui est un niveau record. Ce sera la prochaine bulle ! On constate la même tendance sur les encours de cartes de crédit et de prêts aux étudiants

La faible augmentation de l’indice des prix à la consommation, de 0,1% par an en novembre, a alerté la BCE. Mais la cause première de cette faiblesse est due à la baisse des prix de l’énergie. En novembre, ils ont baissé de 7,3% par an. Toutefois, les facteurs d’influence à la baisse se raréfient. En septembre et octobre la baisse était encore, respectivement, 8,9% et 8,5%. Le prix des denrées alimentaires est en forte hausse de 2,3% sur un an, après les 1,6% du mois précédent.

Le prix des services est resté à 1,2% par an, comme le mois dernier. En cas de ralentissement de la baisse des prix de l’énergie, l’indice des prix à la consommation atteindra pratiquement, en 2016, les 2% cible. Par conséquent, les inquiétudes à propos d’une possible déflation disparaitront peu à peu.

▪ Conclusion
Les inconvénients d’une politique monétaire ultra-expansive poursuivie trop longtemps se font sentir chaque jour un peu plus. Un début de revirement de la politique monétaire, comme la Fed tente maintenant de le faire, rencontrera beaucoup de difficultés. L’expérience montre que le taux d’inflation peut également augmenter très rapidement. Les banques centrales veulent plus d’inflation : elles l’obtiendront en 2016.

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