La Chronique Agora

Nos impôts au service de la fête et initiation au gender budgeting

gaspillage de l'argent public

Les hérauts de l’intervention étatique ont beau jeu de vilipender l’optimisation fiscale mais élus et fonctionnaires ou assimilés aiment se faire plaisir avec l’argent des contribuables.

Ils ont d’ailleurs souvent le sens de la fête !

Quand on dépense l’argent des autres, autant s’amuser.

J’ai déjà évoqué l’inauguration de la LGV Paris-Toulouse qui a coûté 3,6 M€. Mais le gaspillage à grande vitesse n’est pas l’apanage de la SNCF, loin s’en faut !

La Caisse des dépôts et consignations possède un savoir-faire dans ce domaine. Pour célébrer son bicentenaire en grandes pompes, l’institution a flambé pas moins de 2,6 M€ en janvier 2016. Le Canard enchaîné a rapporté le détail de la plaisanterie : 340 000 € pour la location du Grand Palais, 500 000 € en frais de déplacement pour les salariés de province, 700 000 € en petits fours et autres amuse-gueule… jusqu’à plus faim ni soif.

Question : est-ce que cela rentre dans le cadre des « activités d’intérêt général pour le compte de l’Etat et des collectivités territoriales » que l’institution financière est censée assurer ? Je ne le pense pas.

Mais à la Caisse des dépôts, on ne s’affole pas pour ce genre de bagatelles. L’institution est en effet régulièrement épinglée par la Cour des comptes pour sa gabegie à tous les étages : dépenses de personnel, coûts informatiques, indemnités de départ en retraite et de mobilité géographique irrégulières, j’en passe et des pires. Rassurez-vous contribuables, la direction a promis de « moderniser sa gouvernance »…

Et pourquoi pas une immense fête mondiale aux frais du contribuable, pendant qu’on y est ?

Dépensez des millions dans une liesse internationale mais pas du tout généralisée, ça existe déjà au travers de l’organisation des grands évènements sportifs. Au Brésil, en 2014, la population n’était pas dupe du fait que l’organisation de la Coupe du monde de football allait engendrer des dépenses pharaoniques dans des infrastructures qui deviendraient rapidement inutiles. D’où les manifestations qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes dans toutes les grandes villes du pays.

Il n’est d’ailleurs pas besoin d’attendre longtemps pour qu’un stade se détériore. En témoigne l’évolution des infrastructures brésiliennes après les Jeux Olympiques de Rio de 2016.

La gabegie à la sauce sport ayant fait suffisamment de ravages au Brésil, c’est au tour des Japonais puis des Français de reprendre le flambeau dans le cadre des J.O. de 2020 et 2024.

Sur son blog, Alexandre Delaigue rappelle une évidence :

« Les Jeux Olympiques sont une ruine pour tous les pays qui décident de les héberger. En matière de grands projets publics, ce sont ceux qui génèrent le plus de surcoûts par rapport au budget prévisionnel : 156% en moyenne. Leurs bénéfices, quant à eux, sont systématiquement surévalués (une règle de base en la matière est de diviser les bénéfices prévus par les organisateurs par trois pour avoir une idée réaliste). […] Un petit calcul rapide : le budget prévisionnel des JO est d’environ 6 milliards d’euros. Si l’on applique le taux habituel de surcoût (156%) cela nous amène aux environs de 15 milliards d’euros de dépense probable (ne croyons pas que nous serons bien meilleurs que les Japonais, qui avaient prévu un budget de 7 milliards de dollars et en sont déjà à 12 pour les JO 2020).« 

Illustration :

Je ne sais pas quelle valeur vous accordez à la parole d’Anne Hidalgo, mais je « plussoie » cette proposition de Daniel Tourre :

Cette gabegie est d’autant plus dommage que des solutions à financement privé existent.

Quand l’Etat veut s’occuper de tout, il n’arrive plus à s’occuper de rien !

A sans cesse déborder de ses missions régaliennes, l’Etat prend en charge des tâches pour lesquelles il est incompétent. C’est notamment le cas lorsqu’un ministère se prend à lui seul pour une SSII, comme l’a révélé le scandale à 300 M€ de l’Education nationale.

Alors que Bercy préparait un système informatique pour gérer les ressources humaines de l’ensemble des ministères, l’Education nationale – qui manque dit-elle cruellement de moyens -, a voulu créer son propre logiciel en 2008. Résultat des courses, selon la Cour des comptes : plus de 300 M€ engloutis dans un projet qui n’a toujours pas abouti, presque 10 ans après son lancement.

Il faut dire que la fonction publique et autres établissements publics à caractère administratif (EPA), comme Pôle emploi, ont bien du mal avec l’informatique. Au mois de mars, quatre syndicats appelaient le personnel de Pôle emploi à la grève contre « le numérique à tous les étages » et « la dématérialisation à outrance ». Plutôt que de se féliciter d’économiser l’argent des contribuables par ce biais, certains syndicats invitent donc les agents de Pôle emploi à se muter en luddites.

Or, quand on défend une place de l’Etat toujours plus importante dans la société, il ne faut pas s’étonner qu’il assume de moins en moins bien ses prérogatives régaliennes, donnant lieu à d’autres gaspillages.

En témoignent les ouvertures sauvages de bouches d’incendie par ceux qui souhaitent « se rafraîchir » en période estivale, ce qui n’est d’ailleurs pas un phénomène limité à l’Île-de-France.

Mais il y a pire que le gâchis involontaire…

Appel officiel à la saignée des contribuables

« Bpifrance », c’est la Banque publique d’investissement (BPI), un organisme français de financement et de développement des entreprises créé en 2012. L’idée est que l’Etat aide certaines entreprises à se financer puisqu’il est bien connu que le secteur privé est incapable de séparer le bon grain de l’ivraie en matière de dossiers de financement, alors que les fonctionnaires, eux, savent faire.

Comme le demande le twittos qui a posté cette image, « peut-on trouver appel à la gabegie plus explicite ? » J’hésite encore…

Mais quitte à faire dans le grand n’importe quoi avec l’argent des contribuables, autant procéder de manière moderne, c’est-à-dire de manière paritaire, s’il vous plaît.

Marlène Schiappa, thuriféraire de la gabegie « pour tous »

Vous ignorez ce qu’est le « gender budgeting » ? Je l’ignorais également avant d’être éclairé par notre Secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes.

Le gender budgeting, c’est « un budget sensible au genre, pour le dire à la française », nous explique Marlène Schiappa. En clair, « il s’agit de faire un calcul très précis pour savoir si l’argent qui est utilisé finance des femmes ou finance des hommes. Par exemple, si l’on fait un gender budgeting des subventions municipales pour des associations sportives, on s’aperçoit la plupart du temps que sont financés des clubs de foot, des clubs de boxe, des terrains de baskets sur des parcs qui vont être occupés exclusivement par des hommes et aucune femme n’ira toute seule face à une bande de vingt hommes […]. »

Je suis content d’avoir écouté cette vidéo. J’y ai découvert que dans le monde de Marlène Schiappa, plusieurs hommes sur un terrain de sport, ça fait ne fait pas une équipe mais plutôt une dangereuse bande organisée, et que les femmes n’ont pas vocation à faire du foot, du basket ou des sports de combat. J’en parlerai à ma collègue de sambo, ça la fera bien rigoler !

Bref, vous l’aurez compris, Marlène Schippa est plutôt pour la subvention tous azimuts, à la condition néanmoins que celle-ci ait lieu dans le respect de la parité. La subvention gender budgetée, stade ultime de la gabegie publique ?

Non, très chère Elise Lucet, tous nos impôts ne financent pas que des écoles et des hôpitaux, loin de là.

Nos impôts permettent également à nombre d’élus ou de fonctionnaires et assimilés, qui ont raté une carrière de jet-setter, de se goinfrer et de travailler leur clientèle.

Pour en revenir à l’affaire des Paradise papers qui a été l’occasion pour les dirigistes de tout poil de conspuer une fois de plus l’optimisation fiscale.

Je vous laisse sur ce propos de Margaret Thatcher. N’hésitez pas à la rappeler à vos élus si vous pensez qu’ils l’ont oubliée :

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