La Chronique Agora

L’immobilier US confirme que la crise économique est toujours là

▪ Que serait le monde sans les pigeons ? Les naïfs ? Les dupes et les gogos ?

Qui achèterait un sac à main pour 1 500 $ ? Des blue jeans pour 150 $ ? Qui achèterait un 4×4 surdimensionné pour la frime… ou une demeure à quatre millions de dollars ?

Qui achèterait Facebook ?

L’introduction en Bourse de Facebook a semblé attirer l’argent idiot. Par milliards de dollars. Les investisseurs pensaient pouvoir acheter le titre à son prix d’introduction et obtenir un « pic » quasi garanti. Ils pensaient que le trucage était en place.

Ils avaient raison. Le problème, c’est que les truqueurs ont m**dé. Le truc était cassé avant même que le marché n’ouvre. Les initiés étaient censés vendre leurs actions — obtenues durant l’introduction — aux non-initiés sur le marché. Mais tant d’investisseurs avaient acheté des actions aux prix d’introduction, en espérant sortir à meilleur prix, qu’il n’y avait pas assez d’argent idiot pour acheter leurs actions.

Cela nous a fait réfléchir sur le rôle vital joué par l’argent idiot dans notre économie. Nous y reviendrons dans quelques lignes.

▪ Si ça, c’est une fin de crise…
En attendant, le Wall Street Journal annonçait mercredi que la crise de l’immobilier américain est terminée. Mais lorsque nous avons continué notre lecture, nous avons découvert que les prix chutaient encore ! Les prix de l’immobilier aux Etats-Unis ont baissé durant le premier trimestre de l’année. Pas de beaucoup… mais une baisse quand même. En mars, sans tenir compte des variations saisonnières, les prix des maisons ont chuté de 2,6% par rapport à l’année précédente.

Le marché boursier pourrait aussi donner une fausse impression. Les actions de constructeurs immobiliers se vendent à des prix relativement élevés. Pulte se vend 15 fois les bénéfices. Toll est à 33 fois ses bénéfices. Nous trouvons ça un peu bizarre. Les mises en chantier ne sont qu’à la moitié de leur niveau d’il y a 10 ans. Pourquoi les investisseurs penseraient-ils que ces constructeurs méritent des cours aussi avantageux ?

Nous attendrons les soldes. Après tout, on trouve environ 18 millions de logements vides aux Etats-Unis. En tenant compte des rythmes de construction, de formation des nouveaux ménages et d’immigration actuels, il faudra des décennies pour écouler les stocks.

Business Insider : « un nouvel effondrement immobilier se profile ».

▪ … pas étonnant que les investisseurs n’aient pas le moral !
Comme vous le savez, cher lecteur, nous pensons que toute l’économie mondiale entre dans un ralentissement. La Grande-Bretagne est déjà en récession. La Zone euro l’est probablement aussi, ou tout comme. Nous avons là la plus grande région économique de la planète. Les Etats-Unis chutent aussi. Le Japon est en hausse — en grande partie à cause de toute la reconstruction post-Fukushima — mais ne tiendra pas longtemps si ses clients réduisent leurs dépenses.

Les consommateurs américains semblent déjà anticiper un recul.

« La confiance des consommateurs US enregistre une baisse inattendue en mai », rapporte le Financial Times.

« Les consommateurs étaient moins positifs »… continue le journal.

Pas franchement surprenant, n’est-ce pas ?

Un article publié en début de semaine annonçait que les soldats rentrant d’Irak ou d’Afghanistan étaient deux fois plus nombreux à se mettre en invalidité que ceux qui ont servi durant la guerre du Golfe. Pourquoi ? Ils ne trouvent pas de travail, déclarait le journaliste.

Ils ne trouvent pas de travail parce que l’économie ne se remet pas. Et maintenant, le marché boursier, le marché du pétrole, le marché aurifère lui emboîtent le pas. Le marché obligataire aussi.

Les prix des actions… les rendements obligataires… l’immobilier — tous baissent. La question, par conséquent, est…

▪ Où sont les pigeons quand on a besoin d’eux ?
Le problème, avec les gogos, c’est qu’ils ne sont pas fiables. On compte sur eux pour acheter Facebook, par exemple — et les pigeons semblent ne pas piger le message. Ils vendent !

« Les investisseurs parient contre Facebook », rapporte le Wall Street Journal.

En général, les gagnants à la loterie ou aux introductions en Bourse ont de l’argent idiot. Les stars du sport ont elles aussi de l’argent idiot. Bien entendu, pas mal de gens riches ont de l’argent si idiot qu’on devrait le stériliser de force.

Lorsque les pauvres obtiennent de l’argent, c’est généralement de l’argent idiot. Ils ne savent pas quoi en faire. Ils font donc des choses idiotes. C’est pour ça qu’ils sont pauvres. Ils paient plus qu’ils ne le devraient… souvent pour des choses qui ne valent absolument pas la peine d’être achetées. De grosses voitures… de belles maisons… de bons restaurants… Ils pensent que le but, c’est de se débarrasser de l’argent. Généralement, ils se séparent rapidement de leur butin… et redeviennent pauvres.

Les gens pensent que les riches sont différents. Ils pensent que les riches sont intelligents, en ce qui concerne l’argent. Mais souvent, ce n’est pas le cas.

L’industrie financière est sophistiquée. Elle a développé des produits pour tous les goûts et tous les budgets. Elle est très douée pour séparer les pauvres et les classes moyennes de leur argent ; ils mettent leur capital dans des fonds d’investissement et des actions Facebook. Elle est encore meilleure quand il s’agit de séparer les riches de leur argent. Pourquoi ? Parce qu’ils en ont plus à perdre !

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