La Chronique Agora

Combien d’idées erronées, contre-productives et insensées un journal peut-il avoir en une journée ?

▪ Nous avons acheté le Financial Times, hier. Et nous nous sommes posé la question : combien d’idées erronées, stupides, contre-productives et insensées un journal peut-il avoir en une seule journée ?

Nous essayions de comprendre comment le monde financier dans son intégralité (à l’exception peut-être de l’Allemagne) semble suivre la même partition étrange, cacophonique et atonale. Tous veulent guérir une crise de la dette avec plus de dette.

Le Financial Times fait partie du problème. C’est le chef de choeur de l’élite économique, chantant haut et fort les hymnes bidon qui guident à présent la politique générale. Regardez n’importe quel bureau financier à n’importe quel moment et n’importe où dans le monde… vous y trouverez probablement l’édition du jour. Rendez visite au ministère des Finances… à une organisation non gouvernementale… ou à un think tank — le Financial Times y est.

Oui, vous y trouverez peut-être aussi un exemplaire du Wall Street Journal ou de la feuille de chou locale, mais c’est le Financial Times qui est devenu le journal de référence du monde économique.

Il a plus de mauvaises idées économiques au centimètre carré qu’un discours d’Hillary Clinton

Dommage. Parce qu’il a plus de mauvaises idées économiques au centimètre carré qu’un discours d’Hillary Clinton.

C’est par exemple dans les pages du Financial Times qu’on permet à Larry Summers de pérorer, sans aucun avertissement pour alerter les lecteurs crédules. Dans son dernier épître, il défend l’affirmation absurde que de nouveaux emprunts gouvernementaux, dans le but de financer des travaux d’infrastructure, auraient un rendement de 6%. Selon lui, non seulement ça donnerait du travail aux gens et stimulerait l’économie, mais le retour sur investissement, en termes de croissance du PIB, rendrait le projet rentable… et rapporterait un profit.

▪ La Terre appelle Larry… la Terre appelle Larry…
C’est déjà difficile, pour un investisseur individuel qui met son propre argent en jeu, d’obtenir un rendement de 6%.

Imaginez ce qui se passe quand les investisseurs dépensent l’argent de quelqu’un d’autre… quand les décisions doivent passer par de multiples comités et commissions constitués de personnes n’ayant aucune expérience des affaires ou de l’investissement… qui n’ont aucun intérêt à contrôler les coûts ou récolter un profit… et qui n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils font. Gardez aussi à l’esprit que ces gens sont des politiques ayant des liens étroits, et généralement cachés, avec les sous-traitants et les syndicats…

Quel genre de rendement pensez-vous obtenir vraiment ? Nous n’en savons rien, mais nous mettrions un signe "moins" devant le chiffre.

Pourtant, ce fantasme de l’emprunt pour "l’investissement public" imprègne le Financial Times. Il fait partie d’une mythologie entière basée sur des théories fêlées selon lesquelles les économies ont absolument besoin de taux de croissance élevés. Et lorsque les taux de croissance ralentissent, la "demande" doit être stimulée. Comment stimule-t-on la demande ? En donnant aux gens plus d’argent et de crédit — quand bien même le ralentissement a été causé précisément par trop d’argent et de crédit.

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