… face à la réalité de la classe moyenne américaine en difficulté.
Un bref résumé :
Le gouvernement américain dépense aujourd’hui 1 000 à 2 000 Mds$ de plus par an qu’il ne prélève d’impôts. D’où viendra tout cet argent ?
Il ne viendra pas des riches ; il est plus probable que leurs impôts soient réduits qu’augmentés. Et, si les Etats-Unis empruntent en vendant des obligations, quelqu’un devra rembourser les prêteurs (ils ne se rembourseront pas eux-mêmes).
L’argent ne peut pas non plus provenir des pauvres. Ils n’ont pas d’argent ; c’est ce qui fait d’eux des pauvres.
Qui reste-t-il alors ? Oui… les classes moyennes, qui souffrent depuis longtemps – les personnes qui travaillent et transpirent, transportent et vendent leur temps, heure par heure.
Bien sûr, il n’y a rien de controversé là-dedans. Les riches ont leurs lobbyistes et leurs échappatoires. Les pauvres ont leurs aides. Qui reste-t-il pour payer les factures ?
Il n’y a pas non plus de controverse sur le fait que l’inflation serre de près les classes moyennes, entre la pression exercée par la hausse des prix et la triste réalité de la baisse des revenus réels.
Ce qui est réellement difficile à avaler est lié à la mégapolitique – et l’idée que les classes moyennes sont ciblées, non seulement pour collecter de l’argent… mais aussi pour être détruites.
Non, non… bien sûr, le pouvoir en place ne se contente pas d’élaborer des plans pour écraser intentionnellement et expressément les familles qui constituent l’épine dorsale des Etats-Unis. Au lieu de cela, comme tout le monde, ils répondent aux primes et aux pénalités inhérentes au système lui-même. Ils sont également des prisonniers de la mégapolitique.
Une nation endettée
Karl Marx n’avait pas tort sur toute la ligne ; une certaine « lutte des classes » est inévitable. Mais il voyait les classes laborieuses comme les vainqueurs ultimes. Il avait tort sur ce point. Ce qui manque aux riches en termes de main-d’œuvre, ils le compensent largement en termes de ruse. Grâce au fait qu’ils contrôlent l’argent, les travailleurs ont été les grands perdants du dernier demi-siècle. Aujourd’hui, les élites cherchent désespérément à relever le « plafond de la dette », afin de pouvoir les ensevelir sous les dettes.
D’une manière ou d’une autre – probablement par le biais de l’inflation – les classes moyennes paieront l’explosion de la dette « nationale ». Et séduites par des taux d’intérêt artificiellement bas, elles auront aussi leurs propres dettes à payer.
Voici les nouvelles de CNBC :
« Le total des emprunts, toutes catégories confondues, a atteint 17 050 Mds$, soit une augmentation de près de 150 Mds$, ou 0,9%, entre janvier et mars, a rapporté lundi la Réserve fédérale de New York. L’endettement total a ainsi augmenté d’environ 2 900 Mds$ par rapport à la période pré-Covid qui s’est achevée en 2019.
[…] La hausse des taux a contribué à porter la dette hypothécaire totale à 12 040 Mds$, en hausse de 0,1 point de pourcentage par rapport au quatrième trimestre.
Les taux de défaillance pour l’ensemble des dettes ont augmenté, de 0,6 point de pourcentage pour les cartes de crédit à 6,5% et de 0,2 point de pourcentage pour les prêts automobiles à 6,9%. Les taux d’impayés totaux ont augmenté de 0,2 point de pourcentage pour atteindre 3%, soit le taux le plus élevé depuis le troisième trimestre de 2020. »
La dette liée aux prêts étudiants a légèrement augmenté pour atteindre 1 600 Mds$, et les prêts automobiles ont également progressé pour atteindre 1 560 Mds$.
Le temps, c’est de l’argent
Selon nos calculs, la situation du travailleur lambda est pire aujourd’hui qu’il y a 50 ans. Le temps est ce qu’il a à offrir. Et il lui en faut davantage aujourd’hui pour acheter ses deux principaux actifs – une maison et une voiture – qu’en 1973.
Comment en est-on arrivé là ? Le progrès est censé rendre le temps plus précieux. C’est l’idée de la productivité : chaque heure de travail permet d’en tirer davantage. Ainsi, les choses que vous produisez deviennent moins chères et de meilleure qualité.
Et regardez autour de vous. Les pays riches sont ceux où les salaires sont élevés. Le temps, c’est de l’argent ; l’argent, c’est du temps. Les habitants des pays prospères gagnent beaucoup d’argent par heure. Les habitants des pays pauvres gagnent très peu. En Suisse, le salaire brut horaire est de près de 50 $. En Ouzbékistan, il est inférieur à 2 $.
Si l’inflation détruit la valeur de l’argent, elle détruit aussi le temps… et les personnes qui le vendent à l’heure. Au Zimbabwe, au Venezuela, en Argentine, lorsque le taux d’inflation augmente, les classes moyennes disparaissent. Elles s’enfuient… ou se ruinent.
Cela arrivera-t-il aux Etats-Unis ? Nous n’en savons rien. Nous ne pouvons pas prédire l’avenir.
L’idée que l’on se fait des Etats-Unis est celle d’un pays gouverné par les familles indépendantes de la classe moyenne. Mais la logique de la mégapolitique est implacable. Les autorités fédérales veulent de l’argent. Ils doivent le prendre aux classes moyennes. Mais surtout, l’élite veut le pouvoir. Celui-ci doit également être retiré aux personnes que les politiciens prétendent représenter : « le peuple ».