La Chronique Agora

Huit règles pour une vie d’indigence

transition énergétique, inflation, Forum économique mondial

Comment abaisser son train de vie ET prendre les autres de haut ? Voici les huit règles à suivre par toutes les bons citoyens de la planète en devenir !

Nous avons loué une voiture à Paris, la semaine dernière, pour nous rendre dans notre vieille demeure de famille au sud de la Loire. La voiture, une nouvelle Citroën DS, était silencieuse et confortable.  Mais elle n’arrêtait pas de nous harceler, en anglais.

« Bip, bip, bip ! ». Le message « Mettez vos mains sur le volant » apparaissait sur l’écran, alors même que nos deux mains étaient déjà sur le volant.

« Bip, bip, bip ! »… « Veuillez maintenir la distance de sécurité avec le véhicule devant vous ».

« Bip, bip, bip ! »… « Ceinture de sécurité non attachée ».

« Bip, bip, bip ! »… « Pensez à faire une pause ».

« Bip, bip, bip ! »… « Vous dépassez la vitesse maximale autorisée ».

« Maudite électronique », nous sommes nous dit.

Nous avons essayé de la désactiver mais nous n’avons pas réussi à déchiffrer les instructions électroniques. Nous avions déjà eu du mal à démarrer la voiture. Le bouton « démarrer », pourtant à la vue de tous, se fond au milieu du tableau de bord, emplacement normalement réservé au bouton servant à activer les feux de détresse.

La faute à pas de chance

Les décideurs politiques français vivent dans les quartiers chics de Paris. Ils ne conduisent pas beaucoup. Et ils prennent un malin plaisir à pourrir la vie de ceux qui prennent régulièrement la route. « Roulez moins vite » ordonnent-ils, « cela permettra de réduire les émissions de CO2 ». Et de sauver la planète ! La vitesse maximale autorisée sur les départementales a été réduite à tel point que les véhicules se déplacent à la vitesse d’un cortège funéraire.

Et lorsque vous accélérez pour dépasser l’escargot obéissant qui est devant vous, votre voiture vous parle comme à un criminel.

Mais n’oubliez pas, c’est pour la bonne cause.

Ici dans le Poitou, des amis agriculteurs nous racontaient hier soir :

« C’est terrible. Les prix des engrais ont flambé. Et il est impossible de trouver des pièces de rechange pour nos machines. L’Ukraine, l’Ukraine… L’Ukraine… Quel que soit le problème, ils utilisent l’Ukraine comme excuse. »

Revenons aux États-Unis…

« L’époque des ressources en abondance et des intrants agricoles est révolue » a déclaré Sam Allen, le directeur général de l’entreprise John Deere, spécialisée dans la fabrication de tracteurs, lors de la journée des actionnaires du groupe. Il a soutenu que l’entreprise est en train de mettre au point des gadgets électroniques qui permettront aux agriculteurs d’économiser de l’argent.

Son discours avait l’odeur du pétrin. Les agriculteurs veulent simplement payer leurs engrais et leur matériel agricole moins cher. Ils n’ont que faire des nouvelles technologies compliquées.

La hausse des prix des intrants est un problème qui ne se limite pas aux seuls agriculteurs. Cliquez-ici pour lire la suite !

La hausse des prix des intrants est un problème qui ne se limite pas aux seuls agriculteurs. Elle entraîne inévitablement une réduction de la production, ce qui se traduit par une diminution de l’offre en produits alimentaires et par une hausse des prix de ces produits. Là encore, les décideurs n’en feront pas les frais, mais c’est une tendance qui pourrait menacer l’existence même des gens les plus pauvres dans le monde.

Être riche dans la pauvreté

Mais c’est tout le problème avec cette ineptie qui prétend que la pauvreté est la nouvelle prospérité. Les élites peuvent se permettre perdre un peu d’argent. Les autres gens ne peuvent pas.

Les économistes parlent de « destruction de la demande ». Ce terme décrit un phénomène d’autocorrection : la hausse des prix est le meilleur moyen de lutter contre la hausse des prix et l’inflation se régulera si personne n’intervient. Lorsque les prix augmentent, les gens doivent rogner sur leurs dépenses. Car ils sont plus pauvres. Par conséquent, les prix baissent uniquement parce que la demande pour les biens et les services diminue. On produit moins. On consomme moins. Les prix baissent. On consomme moins d’énergie.

Les deux problèmes sont réglés.

Et les gens s’adaptent si besoin est. Ils se débrouillent et font avec. Quand ils ne peuvent pas se permettre de se payer un filet de bœuf, ils optent pour un hamburger.

Mais désormais…

« La viande de poulet coûte-t-elle aussi trop cher ? », demande Bloomberg. Et les génies du sommet de Davos, la crème de la crème, qui se gavent de caviar et de Chateaubriand après expliqué à la plèbe qu’il faut manger moins de viande, sont incapables de résoudre ce problème également.

Voici la dernière propagande du Forum économique mondial (qui sponsorise le sommet de Davos) :

« Alimentation : mangerons-nous bientôt tous des insectes ? »

Par kilo de poids vif, les insectes émettent moins de gaz nocifs que les animaux d’élevage. Une vache, par exemple, produit 2,8 kg de gaz à effet de serre par kilo de poids vif. Pour leur part, les insectes ne produisent que 2 grammes de gaz.

Ils consomment également moins de ressources que le bétail. Pour chaque kilo de poids vif, une vache a besoin de 10 kg de céréales. Les insectes n’ont besoin que de 1,7 kg.

L’eau, qui devient une ressource de plus en plus rare dans certaines parties du monde, et qui est utilisée à profusion dans l’agriculture intensive, offre une autre comparaison intéressante. Pour produire un gramme de protéine d’insecte, il faut 23 litres d’eau. Cela peut sembler beaucoup. Mais pour produire un gramme de protéine de bétail, il faut 112 litres d’eau.

Cela peut sembler dégoûtant mais c’est pour la bonne cause !

Quelques règles faciles à suivre

A la Chronique Agora, nous avons bien l’intention de jouer notre rôle. Nous vous aiderons à adopter la dernière ineptie à la mode qui prétend que « la pauvreté est la nouvelle prospérité ».

Voici nos huit règles pour une vie d’indigence :

Premièrement, dépensez l’argent que vous n’avez pas pour acheter des choses dont vous n’avez pas besoin. Utilisez des cartes de crédit.  Souscrivez des abonnements à vie dans des clubs de golf et des centres de balnéothérapie et dépêchez-vous de mourir.

Deuxièmement, faites des dons généreux au parti politique de votre choix. C’est de l’argent jeté par les fenêtres, mais cela permettra peut-être d’empêcher l’autre camp d’arriver au pouvoir.

Troisièmement, demandez à votre patron de réduire votre salaire de moitié et de retirer la climatisation de votre bureau.  Les taches de transpiration seront bientôt le prochain truc à la mode.

Quatrièmement, achetez des cryptomonnaies, des actions meme, des NFT et des actions d’entreprises technologiques. Rassurez-vous en vous disant que vous achetez au plus bas. Attendez que les cours baissent de nouveau. Puis placez votre épargne en lieu sûr, jusqu’à ce qu’elle ne vaille plus rien.

Cinquièmement, apprenez à cuisiner des sauterelles et des pâtes aux asticots.

Sixièmement, sur votre déclaration fiscale, cochez la case « Voulez-vous faire un don pour que les fonctionnaires d’Etat aient des conditions de vie meilleures que les vôtres ? »

Septièmement, refusez toutes les aides publiques, qu’il s’agisse des allocations chômage, de la sécurité sociale ou des prestations sociales. Vous avez travaillé dur pour être pauvre, vous aimeriez en profiter pleinement.

Huitièmement, vendez votre voiture. Vous pourrez alors vous déplacer uniquement à vélo.

Neuvièmement (c’est cadeau) : faites les poubelles. Trouvez une vieille tente. Installez-la sous une autoroute de Los Angeles. Faites la manche, mais avec condescendance. Vous avez besoin d’argent pour survivre mais, désormais, vous êtes socialement plus respectable que ceux qui vous font l’aumône.

Après tout, vous êtes en train de sauver la planète.

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