La Chronique Agora

Les hommes de Davos

Forum économique mondial, transition énergétique, inflation

Mieux vaut se préparer à leurs confabulations annuelles pour rendre le monde meilleur.

A Paris, le ciel est gris, mais l’humeur n’est pas à la morosité. Les gens sont de sortie. Cependant, tout le monde râle et, en France comme aux Etats-Unis les élites au pouvoir rendent la vie des gens plus dure. Un exemple parisien : ils ont interdit les chauffages à l’extérieur, qui étaient omniprésents sur les terrasses des cafés. On pouvait s’asseoir dehors près du chauffage et apprécier la vie urbaine. Ce n’est plus possible.

Dans le même temps, nous allons au-devant d’événements qui pourraient mal tourner. Le Forum économique mondial parle de « polycrise ». Nous préférons le terme « bazar », ou celui de « cluster » apparu pendant la pandémie, car il décrit mieux le désastre à venir.

Prenons l’exemple de l’inflation. Le rapport du Forum économique mondial sur les risques mondiaux explique que la hausse du coût de la vie est un signal d’alarme qu’il convient de surveiller à court terme. CNBC développe :

« Le taux d’inflation vient de se replier à 6,5%, mais le facteur le ‘plus important’ permettant de prédire si elle continuera à reculer a progressé de 0,4%. »

D’après l’indice des prix à la consommation publié la semaine dernière, les « services hors revenus de logement » ont progressé de 0,4% en décembre. Jerome Powell a expliqué que, dans la mesure où les salaires représentent « le principal coût de ces prestations de service », cela pourrait indiquer une croissance des salaires incontrôlable.

Il y a une inflation « tenace » et une inflation de type téflon. Cette dernière inclut les choses dont les prix augmentent et baissent rapidement, comme le pétrole et les matières premières. L’inflation « tenace » provient en revanche des choses comme les salaires et les loyers dont la valeur n’est pas calculée quotidiennement par le marché.

Les derniers chiffres de l’inflation nous apprennent que la part tenace pourrait devenir un problème dont il sera difficile de se débarrasser. Par exemple, dans la catégorie « services incluant les loyers », les prix ont augmenté de plus de 7%. Cette hausse est principalement due à une hausse des salaires. Et personne n’est prêt à accepter une baisse de salaire pour lutter contre l’inflation.

Jeux de dupes

Le Forum économique mondial est une sinistre organisation. Elle pense que l’homme du peuple est une dupe, ce qui est bien sûr le cas. Mais elle croit aussi que ses membres, les puissants et bienfaiteurs des quatre coins du monde, sont des génies, ce qui n’est pas le cas.

Ce sont des êtres humains, qui ont peut-être eu de meilleurs résultats scolaires, sont passés maîtres dans l’art de se vendre dans les médias, ou qui ont simplement la chance d’être dépourvus de toute candeur ou de réflexions nuancées qui pourraient les amener à se ridiculiser en public. Ils sont sans substance. Dépourvus de toute dignité ou de toute auto-critique, ils se hissent au sommet comme des bouteilles de plastique flottant dans un marais fétide.

La liste des participants qui a été publiée inclut les hauts fonctionnaires incompétents habituels, ainsi que de nombreux individus du secteur privé qui sont devenus les « hommes de Davos » et qui sont prêts à nous mener vers la terre promise.

Le problème est que, lorsque l’on observe plus attentivement cette terre promise, elle ressemble à s’y méprendre à une prison. C’est une prison construite par des fanatiques, qui pensent savoir ce qui est bon pour nous.

Ce qui nous amène à leurs polycrises… et à notre cluster. Parmi les tornades qui s’apprêtent à s’abattre sur nous, en tête de nos deux listes, figurent la baisse des prix des actifs et la probabilité d’une dépression mondiale similaire à celle que le monde a connu en 1930. Mais, sur une perspective plus lointaine, dans plus de dix ans, leur étude se concentre sur des menaces plus grandes. Les cinq risques majeurs sont tous liés au changement climatique. Ils pensent que l’activité humaine détruit la planète.

Sur notre liste, on trouve une crise très différente en quatrième position : une catastrophe causée par les humains et leur foi quasi religieuse en l’énergie « verte », un peu comme le désastre du Grand bond en avant en Chine, qui a causé la mort de 50 millions de personnes.

Un monde en pleine bascule

Peut-être que le Forum économique mondial a raison. Peut-être que le réchauffement climatique est une réalité qui se révèlera problématique. Mais il reste beaucoup d’inconnues, notamment en termes de coûts.

Le risque que nous avons identifié n’est pas une catastrophe climatique, mais un désastre politique. La balance penche en notre faveur. A notre connaissance, il n’y a pas une politique publique ambitieuse et coûteuse qui n’a pas viré à la catastrophe, que ce soient les croisades et l’Inquisition, les tranchées de la Première Guerre mondiale ou les jungles du Vietnam. Toutes ont tourné à la catastrophe.

Certes, il y a également plein d’incertitudes dans notre cluster. Mais le sol est sec. Les combustibles fossiles coûtent moins cher que les énergies vertes. Ils existent déjà et sont prêts à l’emploi. Et surtout, ils sont fiables : ils produisent de l’énergie en l’absence de soleil ou de vent.

Remplacer les combustibles fossiles par des énergies propres, même graduellement, entraînera à coup sûr ou presque une baisse de notre niveau de vie. (Notre niveau de vie dépend de l’énergie aux prix actuels). Le monde développé est assis sur un matelas de richesse que l’on doit à l’utilisation des énergies traditionnelles.

Une baisse du niveau de vie serait-elle une mauvaise chose ? Personne ne le sait. Mais qu’en serait-il des milliards de gens qui dorment sur des planches de bois et pour qui l’air conditionné ou les boîtes automatiques restent un rêve ? Ils vivent avec 5 $ par jour et parviennent tout juste à survivre.

Personne ne le sait. Mais dans un contexte marqué par une baisse des marchés, par des guerres et par d’autres calamités, faire basculer le monde vers des énergies coûteuses et non éprouvées est risqué. Sur les 8 milliards d’êtres humains que compte la population mondiale, certains pourraient en payer le prix fort.

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