▪ Visiblement, les investisseurs ne savaient pas quoi penser de la situation la semaine dernière. Les actions ont baissé… regrimpé… re-baissé…
Il faut dire que les signaux étaient mitigés. Les médias étaient tout aussi déroutés que les investisseurs, les journalistes donnant les bonnes et les mauvaises nouvelles sans idée claire de ce qui était quoi.
Tout le monde attend une clarification. Un signe du ciel. Une voix retentissante. Un krach boursier. Un coup de pied au derrière.
Prêter de l’argent à des taux d’intérêt négatifs ? Il est vrai, comme nous a corrigé notre ami l’économiste Pierre Lemieux que « la valeur du capital n’est pas déterminée par les taux d’intérêt de court terme ». Mais il est tout aussi vrai que prêter sous le zéro est insensé. Cette situation « ne peut pas durer », nous disons-nous. Pourtant, c’est le cas.
Nous nous démontons donc le cou pour observer les cieux, comme si nous attendions une invasion extra-terrestre. Quand ? Comment ? Qu’est-ce qui viendra ?
Et les signaux continuent d’affluer…
Le Baltic Dry Index — qui mesure le fret maritime — vient de chuter à son plus bas niveau en 29 ans, suggérant un ralentissement majeur et global du commerce mondial.
L’indice chinois mesurant le fret de conteneurs se traîne — avec une chute de 30% depuis 2013 |
De l’autre côté de la planète, l’indice chinois mesurant le fret de conteneurs se traîne — avec une chute de 30% depuis 2013.
▪ Les engins jaunes, décidément déprimés
Hitachi, un autre grand constructeur d’engins jaunes, vient juste de diviser ses perspectives de profit par deux par rapport à l’année précédente. Bloomberg nous en dit plus :
« Hitachi Construction Machinery Co., le deuxième plus grand fabricant d’équipement de construction en Asie, a réduit ses cibles de ventes et de profits pour cette année alors qu’un ralentissement de la demande en Chine s’étend au reste du monde développé. Son titre a connu sa plus forte baisse en un mois. L’entreprise vient juste après Komatsu Ltd. sur le marché de l’équipement de construction au Japon et fait partie des principaux fournisseurs mondiaux de grosse excavatrices et camions-bennes utilisés par les minières ».
Aux Etats-Unis aussi, les engins de construction sont en baisse. La société Cummins fabrique les moteurs de bon nombre de ces grosses machines. Et les ventes sont mauvaises. Bloomberg à nouveau :
« Cummins Inc. a connu sa plus grosse chute en plus de trois ans après que les profits du troisième trimestre se sont révélés inférieurs aux estimations des analystes et que la société a réduit ses prévisions de ventes annuelles à cause d’un affaiblissement de la demande. L’entreprise a également annoncé la suppression de 2 000 emplois dans le cadre d’un plan visant à économiser jusqu’à 200 millions de dollars par an ».
« Alerte à la récession aux Etats-Unis », déclare Tyler Durden sur le site ZeroHedge. « Les commandes de biens durables ont connu leur plus profonde chute depuis 2009 ».
En Chine, la demande d’acier — on ne peut rien construire sans lui — « s’effondre » |
En Chine, la demande d’acier — on ne peut rien construire sans lui — « s’effondre », déclare Bloomberg, les nouvelles commandes chutant plus rapidement que la production baisse.
On peut avoir toutes les opinions qu’on veut, sur la Chine. Mais en dépit de huit baisses de taux, l’économie ne se développe clairement pas au même rythme qu’avant. Ce qui entraîne moins de trafic maritime… moins de demande de matières premières… moins de production… et moins de crédit inondant la planète. Ce dernier point est sans doute le plus important. C’est la vague de crédit qui a été largement responsable des booms et des krachs des 20 dernières années.
A présent, les gens hésitent à emprunter. Leur aversion est désormais si prononcée que les prêteurs doivent payer leurs meilleurs clients (les gouvernements) pour qu’ils acceptent de prendre leur argent. Les rendements à cinq ans sont négatifs dans huit pays européens. Le crédit ralentit… et l’économie ralentit avec lui.