La Chronique Agora

La baisse des taux est bonne pour la hausse du chômage

"Supposez que vous n’ayez jamais à souffrir de vos propres erreurs. Supposez que quelqu’un d’autre en éprouve la souffrance à votre place. Assis confortablement dans mon salon de Baltimore, je mets la main dans le feu et ne ressens aucune douleur mais c’est quelqu’un d’autre en Virginie qui se retrouve avec des cloques sur les doigts. Je fais un investissement imprudent mais c’est quelqu’un d’autre à New York qui perd de l’argent. […] Quelle leçon pourrais-je bien tirer de tout cela ? Que faire si on ne paie jamais personnellement le prix de ses erreurs ?"
Bill Bonner, Hormegeddon

▪ C’est simple : on continue ou on recommence.

L’acharnement des grands planificateurs, des banquiers centraux, des banquiers employés des banques trop grosses pour faire faillite, des économistes, des politiciens s’explique de cette façon : leurs erreurs ne rejaillissent pas sur leur vie personnelle. Comme ils ne souffrent pas, ils n’apprennent rien.

Le pire qui puisse leur arriver est de se retrouver dans un placard doré, ou payés à ne rien faire entre deux mandats ; ils ne sont jamais au chômage en fin de droit, ruinés, déprimés par leurs propres fautes de jugement ou même emprisonnés.

Prenons l’exemple de la baisse de taux faite par un banquier central omniscient pour contrer un ralentissement économique. Cette politique keynésienne ne fonctionne pas, on le sait depuis 1980. Mais Greenspan, Bernanke et autres persistent et sont comblés de louanges pour leurs politiques monétaires.

Le taux directeur "donne le la" du marché obligataire, du marché de la dette. Il fixe le prix auquel les banques commerciales achètent leur droit de création monétaire à leur banque centrale. Le baisser pousse les gens à prendre de mauvaises décisions.

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Pour produire plus vous n’embaucherez pas alors que la récession environnante met des gens au chômage

Supposons que vous soyez un entrepreneur à succès et qu’une récession survienne. Vos affaires prospèrent à un rythme supérieur à celles du pays car vous commercialisez les G-BRISE, des Gélules qui rendent Beau Riche et Intelligent Sans Effort. Vous avez déjà songé à automatiser votre production ce qui permettrait de produire plus, mais vous n’avez pas assez de fonds propres. Vos simulations montraient qu’en passant par l’emprunt les intérêts étaient trop élevés et l’opération pas rentable. Le jeu n’en valait pas la chandelle. Mais les taux viennent de baisser ; vous refaites vos calculs et désormais vous pouvez financer à crédit votre automatisation. C’est l’inverse du but recherché par les grands planificateurs keynésiens — puisque pour produire plus vous n’embaucherez pas alors que la récession environnante met des gens au chômage.

Mais voyons, Madame Michu, la baisse de taux est faite pour aider les entreprises qui souffrent dans la récession, pour éviter qu’elles ne licencient et elles sont bien plus nombreuses que les entreprises qui marchent bien, puisque justement, il y a récession.

G-BRISE a en fait des concurrents, plutôt mauvais ce qui est une situation commerciale enviable. L’un d’eux s’appelle P-TALE et vend des Pilules qui rendent Talentueux. P-TALE n’a pas su prendre les virages indispensables au bon moment ; si P-TALE licenciait ou fermait ses portes, G-BRISE se ferait un plaisir de réembaucher une partie de la main-d’oeuvre qualifiée de P-TALE pour augmenter sa production. Mais avec la baisse des taux d‘intérêt, P-TALE va obtenir un prêt de trésorerie de son banquier trop gros pour faire faillite. La mise en liquidation de P-TALE s’en trouvera retardée et son personnel sera au chômage plus tard. Entre-temps G-BRISE a obtenu son prêt et n’embauchera donc plus. Baisser les taux courts favorise la rente financière en permettant des emprunts à but financiers qui pénalisent le capitalisme sain.

▪ Fossiles et ingénierie
Mais Madame Michu, vous n’y connaissez rien et la baisse des taux c’est bon pour relancer l’activité. C’est écrit dans tous les bons manuels d’économie. Vos exemples à quatre sous ne signifient rien. G-BRISE aurait très bien pu racheter P-TALE avec un leveraged buyout, inscrire du goodwill à son bilan et la synergie laissant espérer une hausse des résultats futurs aurait produit un effet richesse, surtout pour la banque d’affaires chargée du deal dans laquelle j’ai beaucoup d’amis. Vous êtes un vieux machin dépassé par l’ingénierie financière, madame Michu, et vous feriez mieux de souscrire à un emprunt obsèques pour avoir des funérailles décentes. Les fossiles comme vous qui s’obstinent à vouloir vivre en dessous de leurs moyens sont une nuisance pour notre société dans laquelle le bonheur s’achète à crédit.

La croissance de l’activité économique ralentit tandis que de plus en plus de gens sont surendettés

Monsieur l’économiste-grand-planificateur, après des décennies de baisse de taux, la croissance de l’activité économique ralentit tandis que de plus en plus de gens sont surendettés. Voyez, j’ai là deux graphiques intéressants pour prouver mes dires.

Vous constatez qu’en moyenne, jusqu’en 1980, les taux montaient mais la croissance économique arrivait à dépasser 5% ; après 1980, les taux baissent et pourtant la croissance économique est en moyenne plus basse qu’avant.

Ecoutez madame Michu, je m’étonne qu’on ne vous ait pas déjà euthanasiée. Vous enquiquinez tout le monde. Keynes dit que les baisses des taux sont une bonne chose en cas de récession. Nous faisons notre métier.

Petit freluquet, sachez qu’en 1936 dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Keynes écrivait :

"Une beaucoup trop grande part de travaux récents d’économie mathématique consiste en des élucubrations aussi imprécises que les hypothèses de base sur lesquelles ces travaux reposent, qui permettent à l’auteur de perdre de vue les complexités et les interdépendances du monde réel, en s’enfonçant dans un dédale de symboles prétentieux et inutiles.

Les illuminés du pouvoir qui se prétendent inspirés par des voies célestes distillent en fait des utopies nées quelques années plus tôt dans le cerveau de quelque écrivailleur de Faculté".

Sur ce point, Keynes avait définitivement raison et les freluquets de votre espèce pullulent. Hélas, Keynes n’a pas prévu le moyen de les euthanasier. En cela, sa théorie est incomplète.
[NDLR : A défaut d’euthanasier les freluquets… que diriez-vous de vous protéger contre leurs idées ruineuses ? Cliquez ici pour découvrir comment faire fructifier votre argent quoi que fasse l’économie — et les économistes.]

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