La Chronique Agora

Guerres monétaires… la suite

▪ Le 27 janvier 2010, dans son discours sur l’état de l’Union, le président Obama a tiré la première salve de la Troisième Guerre monétaire, que nous avons commencé à explorer lundi. Ce jour-là, il annonça la National Export Initiative (NEI ou Initiative nationale pour les exportations). Son objectif ? Doubler les exportations américaines en cinq ans.

« La manière la plus classique et rapide d’augmenter les exportations a toujours été de rendre la monnaie meilleur marché », écrit Jim Rickards dans Currency Wars. Tout le monde sait cela.

Plus tard en 2010, la Réserve fédérale a lancé une deuxième série d’assouplissement quantitatif. « En utilisant l’assouplissement quantitatif pour générer de l’inflation hors de leurs frontières, les Etats-Unis ont en même temps augmenté la structure de coût de quasiment tous les grands pays exportateurs et de toutes les économies émergentes à la croissance rapide dans le monde ».

C’est ainsi qu’a commencé une nouvelle course vers le bas, une nouvelle série de dévaluations concurrentielles. « Nous sommes au beau milieu d’une guerre monétaire internationale », a déclaré le ministre des Finances brésilien Guido Mantega en septembre 2010, « un affaiblissement général des monnaies ».

Mathieu Lebrun fait encore des étincelles !
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Ces deux super-performances suivent une première plus-value de 100% empochée début 2012…

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Personne ne sera épargné par cette Troisième Guerre monétaire. Selon Rickards, elle se déroulera dans trois grands théâtres. Dans deux de ces théâtres, les combattants ont des objectifs communs. Le troisième est le plus probablement à la source d’un conflit ouvert.

« L’euro et le dollar », écrit Rickards, « sont comme deux passagers sur le même bateau… avançant au même rythme, se dirigeant vers la même destination »

Le théâtre atlantique voit s’opposer les Etats-Unis et la Zone euro. « L’euro et le dollar », écrit Rickards, « sont comme deux passagers sur le même bateau… avançant au même rythme, se dirigeant vers la même destination ».

L’euro a atteint son plus haut à 1,59 $ en juillet 2008 et son plus bas à 1,10 $ en juin 2010. Au moment où j’écris ces lignes, il se situe à 1,29 $ — grosso modo sa valeur début 2007, et début 2011.

Cette stabilité relative n’est pas due au hasard. Washington veut soutenir l’euro, à tel point que la Fed a élaboré un renflouement secret des banques européennes en 2008 — des prêts de 30 800 milliards de dollars qui ne sont devenus publics qu’en 2011.

Pendant ce temps-là, le théâtre eurasien de la guerre se joue entre l’Europe et la Chine. « La Chine a un intérêt vital pour un euro fort », commente Rickards — principalement parce que l’Union européenne est le plus grand partenaire commercial de la Chine, bien plus important que les Etats-Unis.

Résultat : « l’Europe, la Chine et les Etats-Unis sont unis dans un même effort pour éviter un effondrement de l’euro même si c’est pour des motifs différents et qu’ils ont des postures de confrontation dans d’autres domaines ».

▪ Du côté Etats-Unis/Pacifique…
Cela nous amène au théâtre Pacifique — le grand show. Le déficit commercial américain avec la Chine était de moins de 50 milliards de dollars en 1997. En 2006, est passé à 234 milliards de dollars. Les responsables politiques n’ont eu de cesse de débiter leur ritournelle sur les emplois américains « à jamais perdus pour la Chine » et les leaders chinois « manipulant » leur monnaie.

Peu importe si le lien visible entre la valeur de la monnaie et l’emploi est, disons, mince — au mieux. Même si la valeur du yuan doublait, Rickards souligne qu’un fabricant de meubles chinois gagne 236 $ par mois — un fabricant de meubles en Caroline du Nord ne serait donc pas concurrentiel.

Si nous avions encore un étalon-or — ou même le système de Bretton Woods qui a existé de 1944 à 1971 – de tels écarts commerciaux seraient impossibles. La circulation de l’or entre pays créditeurs et pays débiteurs maintiendrait, naturellement, l’équilibre.

« la politique de la Chine d’adosser le yuan au dollar », écrit Rickards, « se basait sur la croyance erronée et l’espoir mal placé que la Fed n’abuserait pas de ses privilèges d’impression monétaire »

Entre temps, la manipulation est à double sens : « la politique de la Chine d’adosser le yuan au dollar », écrit Rickards, « se basait sur la croyance erronée et l’espoir mal placé que la Fed n’abuserait pas de ses privilèges d’impression monétaire ».

On ne les y reprendra pas deux fois…

« Entre une inflation incontrôlée aux conséquences imprévues et une revalorisation contrôlée du yuan, les Chinois ont choisi sans hésiter la revalorisation. Celle-ci a été lancée en juin 2010 et a fortement augmenté mi-2011 », ajoute Rickards.

On peut voir le résultat sur le graphique ci-dessous. Jusqu’à mi-2010, il fallait 6,8 yuans pour égaler un dollar. Avec la décision consciente de renforcer la devise chinoise, il faut aujourd’hui seulement 6,1 yuans pour égaler un dollar.

Par conséquent, les Etats-Unis ont gagné le premier round de la guerre monétaire. Il y en aura d’autres à venir.

« Tout est taux croisé », explique Jim. « Il y a un taux croisé dollar/euro. Il y a un taux croisé dollar/yen. Il y a un taux croisé dollar/yuan, franc suisse, etc. Et c’est dynamique. Le dollar pourrait monter par rapport à l’euro, ce qu’il a fait dernièrement, mais baisser par rapport au yuan chinois ».

« Le dollar monte-t-il ou baisse-t-il ? La réponse est : comparé à quoi ? C’est ce que nous faisons dans les guerres monétaires. Nous étudions et comprenons cette dynamique. Nous comprenons que deux monnaies sont un jeu à somme nulle ».
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