La Chronique Agora

Guerre monétaire : l’étalon-dollar a remplacé l’étalon-or

Selon les idées reçues, l’étalon-or a contribué à la Grande dépression, disions-nous vendredi. Si c’est le cas, cependant, ce n’est pas en raison de l’or, mais en raison du prix fixé. En choisissant le mauvais prix, Churchill provoqua une déflation.

La leçon des années 1920 n’est pas que l’étalon-or est une mauvaise idée, mais que les pays doivent fixer le bon prix. Ils poursuivirent sur la même lancée jusqu’à ce que la situation devienne insupportable pour le Royaume-Uni qui dévalua sa monnaie en 1931. Les Etats-Unis ne tardèrent pas à suivre en 1933, avant de nouvelles dévaluations française et britannique en 1936. Une période de dévaluations monétaires successives, donc, et de politiques soi-disant "protectionnistes".

Le résultat fut, bien sûr, l’une des pires dépressions de l’Histoire. Les chiffres du chômage explosèrent et la production industrielle chuta brutalement, avec pour conséquence une longue période de croissance très faible, voire négative. La première guerre monétaire ne fut pas résolue avant la Deuxième Guerre mondiale et, enfin, la conférence de Bretton Woods.

La deuxième guerre monétaire fit rage de 1967 à 1987

C’est à cette occasion que le monde adopta un nouvel étalon monétaire. La deuxième guerre monétaire fit rage de 1967 à 1987. L’évènement séminal, au milieu de cette guerre, fut la décision de Nixon d’abandonner l’étalon-or, ce qui fut fait d’abord par les Etats-Unis, puis par le monde entier le 15 août 1971.

Cette décision fut prise pour créer de l’emploi et promouvoir les exportations afin de soutenir l’économie américaine. Que s’est-il passé en réalité ? Nous avons connu trois récessions coup sur coup, en 1974, 1979 et 1980.

Entrez… Encaissez… Sortez !
Découvrez LA stratégie qui a permis d'engranger des gains de 71,70%, 42,03%, 26,09% ou même 92,31% depuis octobre 2014…

… et préparez-vous à profiter du secteur boursier le plus brûlant du moment !

Il suffit de cliquer ici.

En 1974, la Bourse américaine s’effondra. Le nombre de chômeurs monta en flèche et l’on perdit totalement le contrôle de l’inflation, galopante entre 1977 et 1981 (pendant cette période de cinq ans, elle fut de 50% aux Etats-Unis). Le dollar perdit la moitié de sa valeur.

Une fois encore, la leçon à tirer des guerres monétaires est qu’elles ne produisent pas les résultats escomptés, à savoir une augmentation des exportations, de l’emploi et un certain niveau de croissance. Ce qu’elles produisent, ce sont des déflations extrêmes, des inflations extrêmes, des récessions, des dépressions ou des catastrophes économiques… ce qui nous amène à la troisième guerre économique, qui a commencé en 2010.

▪ 35 ans de paix monétaire
Vous aurez constaté que je n’ai pas parlé des années 1985-2010, une période de 35 ans. Que s’est-il passé alors ?

Ce fut l’ère du Roi-Dollar, de la politique du dollar fort

Ce fut l’ère du Roi-Dollar, de la politique du dollar fort. Une période de très bonne croissance, de très bonne stabilité des prix et de bonne performance économique dans le monde entier. Ce n’était pas un système basé sur l’étalon-or, ni sur des réglementations quelles qu’elles soient.

La Fed gardait tout de même un oeil sur le cours de l’or, sorte de baromètre de son succès. En résumé, les Etats-Unis dirent au monde : "nous n’avons pas d’étalon-or, mais un étalon-dollar".

Le président Obama a ouvert les hostilités dans son discours sur l’Etat de l’Union en janvier 2010

"Nous, les Etats-Unis, acceptons de maintenir le pouvoir d’achat du dollar, et vous, nos partenaires commerciaux, pourrez vous fier à sa valeur ou planifier votre économie en fonction de son ancrage (peg) au dollar. Nous obtiendrons ainsi un système stable". Et les choses se sont plutôt bien passées, en fait, jusqu’en 2010, lorsque les Etats-Unis ont rompu ce contrat et ont pour ainsi dire déclaré la troisième guerre monétaire. Le président Obama a ouvert les hostilités dans son discours sur l’Etat de l’Union en janvier 2010.

Voilà où nous en somme et ils continuent sur la même voie. Cela ne me surprend pas.

Beaucoup de journalistes se rendront compte de la faiblesse du yen, par exemple, et diront "oh mon Dieu. Nous traversons une guerre monétaire". Je leur répondrai : "évidemment ! Nous sommes entrés en guerre il y a cinq ans. Elle se poursuivra sans doute pendant cinq années supplémentaires, voire plus encore".

Les guerres monétaires sont comme une balançoire — on va de haut en bas, de bas en haut, encore et encore…
[NDLR : Comment vous couvrir contre les effets de la guerre monétaire — et même en tirer des profits considérables ? Toutes les réponses bientôt : restez à l’écoute !]

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile