La Chronique Agora

Grosse perte en vue

L’inflation augmente, l’espoir d’une baisse des taux est déçu et les Sept fantastiques sont mis en doute.

Saint-Valentin… Mercredi des Cendres, premier jour de Carême.

Les dernières nouvelles du Reuters :

« […] plus enflammés que prévu, les chiffres de l’inflation à la consommation ont réduit à néant les spéculations du marché sur un début précoce des réductions de taux d’intérêt cette année. 

Selon un rapport du département du travail, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,3% sur une base mensuelle en janvier, ce qui est supérieur à la hausse de 0,2% attendue par les économistes interrogés par Reuters. Sur une base annuelle, il a augmenté de 3,1%, contre une croissance estimée à 2,9%.

En excluant les composantes volatiles de l’alimentation et de l’énergie, l’indice de référence a augmenté de 0,4% d’un mois sur l’autre en janvier, contre une hausse estimée à 0,3%. Sur une base annuelle, il a augmenté de 3,9%, contre une hausse estimée à 3,7%. »

Vous comptez sur une baisse des taux au printemps ? Eh bien, vous pouvez mettre une croix dessus. L’inflation n’est pas en train de baisser aussi vite que ne l’auraient espéré les spéculateurs. La solution n’était pas acquise, ou du moins pas aussi fermement qu’on ne le pensait.

Le plus grand danger auquel font face la plupart des investisseurs est celui d’une grosse perte… une perte telle qu’ils ne s’en remettront jamais. Et la source la plus probable de cette grosse perte est portée par la bulle des Sept fantastiques. Nvidia, par exemple, vaut plus que l’entièreté du secteur de l’énergie. Les Sept fantastiques valent plus que la totalité du PIB de la Chine, la seconde plus grande économie du monde.

Quand cela changera, plusieurs personnes connaîtront une grosse perte.

Une dette qui gonfle comme un ballon

Entre-temps, toute l’économie se dirige vers une grosse perte. Plus tôt cette semaine, nous nous sommes intéressés à la « crise la plus prévisible qui soit » : le gonflement de la dette américaine.

Aujourd’hui, nous la mettons en perspective.

Comme nous l’avons vu, une société fait face inévitablement à des défis. Elle doit se protéger des autres sociétés. Elle finit par ne plus avoir de places de parking. Ses agriculteurs se mettent en colère contre les bas prix qu’ils obtiennent de leur maïs et de leur blé. Un problème après l’autre.

Les élites essayent de résoudre ces problèmes… et les règlent inévitablement d’une manière qui accroît leur propre richesse et leur propre pouvoir, créant ainsi le problème suivant.

Ils mobilisent des troupes à travers le monde entier, par exemple, comme le fait de placer des agneaux en évidence dans une clairière pour attirer le loup et lui tirer dessus. Puis ils ressentent le besoin de « protéger leurs troupes » et montrent au monde qu’ils ne sont pas à prendre à la légère. Ou bien, voyant le monde être confronté à une crise climatique, ils envoient de l’argent à leurs amis qui disposent de solutions « vertes », tandis qu’ils restreignent la capacité d’honnêtes producteurs d’énergie à fournir la production souhaitée par leurs clients.

Toutes les réparations impliquent un coût. Certains de ces coûts prennent la forme de prix élevés (et de taxes encore plus élevées). Les autres coûts sont quasiment invisibles : une contraction de l’inflation (ou shrinkflation) à l’échelle d’une large économie. La qualité et la quantité des biens et des services diminuent, les consommateurs en ont moins par rapport à leurs dépenses en temps et en argent.

Perte de revenus, perte de production

Des économistes bien-pensants se sont demandés pendant des années pourquoi la classe ouvrière n’a pas eu de véritable rehaussement de salaire en un demi-siècle. Comment était-ce possible ? L’économie américaine avait tous les avantages : le capital, la main-d’oeuvre qualifiée, l’abondance d’ingénieurs et d’entrepreneurs. Alors pourquoi les taux horaires du travail ont-ils cessé d’augmenter après 1975 ?

La réponse est là devant nous, dans la « flation » qu’on décrivait : des prix plus élevés (la Fed tente, en fait, de poursuivre l’augmentation des prix de 2% par an) et une vraie économie restreinte, où de plus en plus de production est dirigée par les fédéraux vers des activités qui ne sont pas vraiment rentables. La production diminue, entraînant avec elle la qualité.

La réparation la plus coûteuse de l’histoire en temps de paix a eu lieu en 2020-2021.

En réponse au défi posé par un virus (qui s’est avéré être peu conséquent), l’administration Trump et les gouverneurs des Etats ont fermé une grande partie de l’économie, puis ont distribué des milliers de milliards d’argent nouvellement créé, pour un coût total (pertes de revenus et de production ainsi que dépenses fédérales directes) de 14 000 Mds$. Le magazine Fortune rapporte :

« Selon les estimations de notre équipe d’économistes, de chercheurs en politique publique et d’autres experts, le bilan économique de la pandémie de COVID-19 aux Etats-Unis atteindra 14 000 Mds$ d’ici à la fin de l’année 2023. »

Grosse perte en vue

La quasi-totalité de cette somme a été imposée (inutilement) à l’économie. Une partie a été répercutée sous la forme d’une hausse des prix à la consommation, que les consommateurs paieront pendant de nombreuses années. Une grande partie du reste est désormais intégrée dans la dette américaine.

En d’autres termes, la dette américaine représente les tentatives des élites de résoudre des problèmes – réels ou imaginaires – en transférant de l’argent et du pouvoir à leur profit dans le présent… tout en reportant les coûts réels sur les générations futures.

Connus collectivement sous le nom de « The Swamp » (le marécage) ou « The Deep State » (l’Etat profond) en Amérique, « the Blob » (la masse) en Angleterre, Milei en Argentine les appelle la « caste politique », quel que soit le nom qu’on leur donne, ils sont les décideurs qui résolvent le problème, qu’il y en ait un ou non.

Aujourd’hui, dans la plupart des pays occidentaux, ils ont résolu tant de crises que le système tout entier chancelle sous le poids de leurs solutions.

Une grosse perte est à venir.

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