La Chronique Agora

Grèce : la partie était truquée dès le début

▪ Les investisseurs ont toujours la crise de la dette grecque en tête. Mais ils semblent lassés de s’en inquiéter. Tous les balayeurs financiers d’Europe travaillent 24 heures sur 24 pour essayer de dissimuler tout ce gâchis sous le tapis. Si l’on en juge par l’état des marchés, ça fonctionne.

Mais ce n’est pas terminé. Nous avons recommandé aux autorités européennes chargées du renflouage de la Grèce de citer Gerald Ford — de dire aux Grecs d' »aller se faire voir ».

Aujourd’hui, c’est aux Grecs que nous donnons un conseil. Dites aux banquiers d’aller se faire voir.

La Grèce a voté hier. Le plan d’austérité est approuvé par le Parlement… et ce choix en dit long.

Dans le Financial Times, M. Provopoulos, directeur de la banque centrale grecque, s’inquiétait de ce que la crise économique de la Grèce avait été minimisée par les politiciens au cours des 18 derniers mois, tandis que le pays se traînait vers un défaut de paiement potentiel.

« ‘Nous n’avons jamais vraiment eu de débat dans le pays sur ce qui a mal tourné. Au Portugal, le nouveau gouvernement est intervenu pour dire que les deux prochaines années seraient difficiles. Nous n’avons pas eu ce genre de discussions ici’, a-t-il déclaré ».

▪ D’après ce que nous avons pu comprendre du plan de sauvetage, les Grecs auraient mieux fait de le rejeter. La partie était truquée dès le départ. Le donneur avait quelques as dans sa manche. De la manière dont nous voyons les choses, les politiciens et les banques — notamment Goldman Sachs ainsi que les grandes banques françaises — faisaient partie de la martingale dès le départ. Il serait déplacé d’en parler durant une réception au champagne donnée par Christine Lagarde, par exemple, mais toute cette affaire a toujours été corrompue.

Goldman Sachs a aidé les Grecs à déguiser leur dette de manière à ce qu’ils puissent s’introduire dans le système européen. Ensuite, les mêmes banquiers ou à peu près, conseillant les fonds de pension, le FME et la Banque centrale européenne, les ont poussés à acheter de la dette grecque. Ensuite, lorsque la dette a mal tournée, ils ont organisé un sauvetage — qui a épargné des pertes aux prêteurs. Enfin, lorsque le sauvetage lui-même a mal tourné, ils se sont mis au travail pour trouver les termes d’un nouveau plan de secours… prévenant les Grecs que s’ils ne suivent pas le mouvement, ce sera Armageddon.

Les Grecs feraient mieux ne pas croire à ce bluff.

Ils pourraient alors faire faillite dignement. Ils n’obtiendraient plus de crédit, certes — mais c’est bien la dernière chose dont ils ont besoin. En plus, chaque fois qu’ils sont secourus, ils se retrouvent en fait encore plus enferrés, avec plus de dette à payer… et des taux d’intérêt plus élevés.

Alors qu’ils disent aux banquiers d' »aller se faire voir ».

Evidemment, les Grecs eux-mêmes étaient aussi corrompus que les banquiers. Ils ont saisi les opportunités quand elles se présentaient, eux aussi. S’ils pouvaient être payés à ne rien faire, ils ne faisaient rien. S’ils pouvaient recevoir des subventions en évitant de se frotter à la concurrence de la véritable économie mondiale, ils prenaient les subventions. S’ils pouvaient partir en retraite anticipée, recevoir quelque chose en l’échange de rien, ou tromper les investisseurs avec des chiffres absurdes… bien entendu, ils le faisaient.

Nous avons donc l’hôpital. Et de l’autre, la charité. Tous deux sont autant à blâmer. Et ils complotent désormais pour s’assurer que personne n’ait à assumer son avidité et ses erreurs.

Le problème, c’est que les choses ne fonctionnent pas ainsi. La dette ne disparaît pas simplement parce qu’une canaille et un idiot décident qu’ils n’en veulent pas. Elle est toujours là. Comme un crâne ricanant. Elle sait qu’elle finira par avoir le dernier mot.

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