La Chronique Agora

Grèce : et maintenant ?

▪ Les Européens ont affirmé à la face du monde l’échec de la monnaie unique — et du projet européen.

Je sais, je sais, la Grèce a une énorme part de responsabilité dans l’échec retentissant qui se profile déjà. La vie à crédit, l’évitement de l’impôt comme sport national et cette triste affaire de manipulation des chiffres pour rejoindre la Zone euro — un montage financier mené de main de maître par Goldman Sachs et Mario Draghi, l’actuel président de la BCE.

Tout ceci est vrai et nécessitait la mise en oeuvre de réformes structurelles et d’une politique d’austérité en Grèce. Mais sur ces péchés originels est venue se greffer la flagrante incapacité de la Zone euro à régler le problème grec.

▪ Au bout de la fuite en avant
En acceptant les solutions intermédiaires, en préférant reporter indéfiniment le problème, en laissant les banques et investisseurs institutionnels se gaver de dette grecque à fort rendement tout en sachant qu’elle ne serait jamais remboursée, la Troïka est clairement responsable de l’aggravation du problème grec. Depuis 2010, la dette grecque leur a permis d’accumuler les profits et si une restructuration leur a bien été imposée, le reste leur a été racheté par… la BCE (c’est-à-dire les contribuables de la Zone euro).

Pourtant les voix n’ont pas manqué pour réclamer, dès 2010, une solution tenable et claire. La Troïka a choisi la solution de l’enfer perpétuel en maintenant l’endettement du pays mais, en outre, en l’accroissant. Nous voici aujourd’hui au bout de ce processus de fuite en avant…

La Grèce paie le prix fort, avec un endettement qui dépasse les 175% du PIB

La Grèce paie le prix fort, avec un endettement qui dépasse les 175% du PIB contre, il n’est pas inutile de le rappeler, 113% en 2009, un chômage dépassant les 27% (et plus de 50% chez les jeunes) et un des taux de pauvreté (26% !!!) les plus forts de l’UE (16% en moyenne). Voilà le bilan économique et social de l’aide de la Troïka.

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Que penser d’une "union" qui met volontairement à la porte un des siens ? Que penser d’une "union" qui a clairement protégé les banques et les investisseurs qui ont parié et gagné sur les difficultés de la Grèce ?

Aujourd’hui, la question de la survie de la monnaie unique à moyen terme doit être posée. La Zone euro a démontré qu’elle était incapable de trouver une solution définitive et tenable pour un de ses membres. Elle a démontré qu’elle n’avait d’union que de nom. Elle a donné des arguments de poids à ceux qui y voient la source de tous nos maux… Et ils sont de plus en plus nombreux.

Ce coup de gueule passé, je respire un grand coup, j’essaie de faire taire les déceptions de la fervente européenne que je suis pour revenir à l’avenir immédiat.

▪ Dernières nouvelles du front grec
– En fin de semaine dernière, Alexis Tsipras a annoncé l’organisation d’un référendum en Grèce. La question posée : acceptez-vous, ou pas, le plan d’aide (et de réformes) du Groupe de Bruxelles ? Date du référendum : le 5 juillet prochain.

– L’Eurogroupe, n’ayant pas apprécié — du tout — l’organisation de ce référendum (il est vrai qu’il arrive trop tard pour faire face à l’échéance de demain soir), les discussions avec la Grèce ont immédiatement été interrompues samedi dernier, mettant la Grèce dans une impasse dont il va être difficile de sortir sans faire défaut.

– Tsipras a annoncé hier soir un contrôle des capitaux et des retraits pour éviter un effondrement du système bancaire grec (ce qui serait une catastrophe pour l’économie du pays).

▪ Que peut-il se passer maintenant ?
Question 1 : que peut-il se passer après le référendum ?
=> Si le non au plan d’aide l’emporte : Tsipras se maintient au gouvernement, est en rupture avec l’Europe, la Grèce fait défaut (voir la Question 2)
=> Si le oui l’emporte : le gouvernement Tsipras — qui a officiellement appelé à voter "non" — tombe, une période de latence se met en place le temps qu’un nouveau gouvernement soit élu ou nommé et les discussions reprennent. Pour info, les derniers sondages donnent le oui gagnant à 57%.

Question 2 : que va-t-il se passer si la Grèce fait défaut ?
=> Le défaut se fait de manière organisée, en collaboration avec les créanciers. Pour l’instant, cette solution est peu probable, du moins tant que Tsipras est au pouvoir.
=> Le défaut se fait sans la collaboration du Groupe de Bruxelles. Dans ce cas, ce qui va être crucial, c’est l’état des banques grecques :

Si le contrôle des capitaux ne fonctionne pas, Athènes devra se tourner vers sa banque centrale, et très probablement imprimer une monnaie parallèle

– Si le contrôle des capitaux ne fonctionne pas, Athènes devra se tourner vers sa banque centrale, et très probablement imprimer une monnaie parallèle. Restera à savoir si cette décision fera sortir la Grèce de la Zone euro (statutairement rien n’est prévu à ce sujet).

– Si le contrôle des capitaux fonctionne, Athènes n’aura peut-être pas besoin d’imprimer, du moins pas tout de suite, et peut tenter un lent redémarrage, sans dettes certes mais aussi sans soutien financier de la Zone euro et de la BCE. Cela va être dur, très dur.

Voici pour les grands scénarios possibles. Il faut aussi leur adjoindre les solutions que j’appellerais "tombées du ciel" :

– une aide financière extérieure (Chine, Russie) : scénario très peu probable
– une démission du gouvernement Tsipras avant le référendum, surtout si les sondages continuent d’indiquer une nette victoire du "oui" : scénario assez probable
– un revirement du Groupe de Bruxelles qui accorderait une aide financière à la Grèce en revoyant ses exigences à la baisse : scénario peu probable

Quel que soit le scénario qui se profile, il n’y aura pas de véritable solution au problème grec tant que la dette ne sera pas complètement restructurée.

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