▪ Vous voulez savoir ce qui s’est passé la semaine dernière ? Lisez les journaux !
A Londres, où nous nous trouvions à ce moment-là, quatre thèmes occupaient les médias.
Numéro un : la Grèce. Votre intrépide correspondant n’aime rien de mieux que les désastres financiers. Nous sommes donc à Athènes ; plus d’informations à venir !
Le numéro deux, nous l’avons vu de nos yeux : nous marchions dans la City à six heures du soir jeudi dernier. Les trottoirs étaient bondés. Suite à une grève du métro londonien, des millions de gens devaient rentrer chez eux par leurs propres moyens. Les arrêts de bus ressemblaient à des distributeurs grecs… avec de longues files s’étalant sur le trottoir.
Numéro trois : pour celui-ci, nous laissons la parole au Financial Times — « le rebond des valeurs chinoises déclenche un rally aux Etats-Unis et dans toute l’Europe ». Le rally américain n’avait rien de spectaculaire. Le Dow a tout juste grimpé de 30 points. En Chine, en revanche, les gains ont été substantiels, après que le gouvernement a interdit les ventes massives et assoupli les critères de marge.
Numéro quatre : le gouvernement britannique a dévoilé son budget et révélé une proposition pour faire passer le salaire minimum à 10 $ environ.
Les gros titres ne vous donnent que le côté public de l’histoire, cependant — une narration simplette que même un électeur de base peut comprendre. La véritable histoire — cachée — est la suivante : tous ces éléments sont des affrontements, des batailles et des escarmouches lors de la grande Guerre zombie.
Tous ces éléments sont des affrontements, des batailles et des escarmouches lors de la grande Guerre zombie |
D’un côté : des travailleurs honnêtes, des entreprises, des entrepreneurs et des ménages.
De l’autre : des tricheurs, des empêcheurs de tourner en rond, des voleurs, des tire-au-flanc et des criminels.
Est-ce vraiment si simple ? Probablement pas. Mais ça nous aide à mettre les choses en perspective.
Prenez la proposition pour un salaire minimum plus élevé, par exemple. Le Financial Times se trompe généralement sur tout mais cette fois-ci, il avait raison : « les politiciens ne peuvent pas faire apparaître ‘par magie’ une augmentation de salaire nationale ».
▪ Le rôle de la politique
Depuis la nuit des temps jusqu’au moment où vous lisez ces lignes, les politiciens n’ont jamais ajouté un seul centime à la richesse du monde. Ils peuvent la faire circuler. Ils peuvent la supprimer. Ils peuvent la voler et la détruire. Mais si on pouvait ajouter de la richesse grâce à la législation, ils sauraient s’y prendre depuis longtemps.
Tout a un prix et une valeur. On peut modifier le prix grâce à une loi. Mais on ne peut pas changer la valeur. Et lorsque le prix n’est plus aligné avec la valeur, ça déclenche des distorsions, des pénuries et de la thésaurisation. Lorsque le prix de la main-d’oeuvre est trop élevé, par exemple, le manque d’emploi ne tarde pas à se faire sentir. S’il est trop bas, on se retrouve bientôt à court de main-d’oeuvre. Les salaires minimum, comme les politiques de taux des banques centrales, ne font pas de mal uniquement lorsqu’ils ne font rien du tout. Pourquoi, alors, les salaires minimums sont-ils « la loi » dans quasiment tous les pays développés ? Parce que, si l’on en croit les médias, les politiciens sont là pour aider les travailleurs au salaire minimum, les protégeant contre des employeurs avides. Cela aide les politiciens zombies à maintenir l’ordre parmi le peuple.
Lorsque le prix n’est plus aligné avec la valeur, ça déclenche des distorsions, des pénuries et de la thésaurisation |
Ce n’est là qu’un seul front dans cette Guerre zombie mondiale. En Chine, les autorités tentent désespérément de soutenir un marché boursier dévoré de dettes en permettant aux investisseurs d’emprunter plus d’argent. Il se dit même que les investisseurs peuvent désormais utiliser leur maison en tant que garantie. Pourquoi est-il si important de maintenir les prix des actions aussi haut ? Parce qu’ils sont le collatéral de toute la structure de capitaux. Le crédit des zombies en dépend.
En Grèce, le gouvernement Tsipras essaie de faire en sorte que le crédit continue de couler vers lui. La Grèce est déjà si profondément endettée que les créditeurs menacent de lui couper les vivres : pourquoi vouloir à tel point emprunter plus ? Parce que c’est le seul moyen de continuer à nourrir les zombies.
Et la grève dans le métro de Londres ? Les syndicats de fonctionnaires sont devenus des nids à zombies. Le marché devrait fixer leurs salaires à leur valeur réelle. Mais les zombies ne se satisfont pas des salaires du marché : ils veulent que les politiciens fixent le prix. Et ils sont prêts à immobilier une bonne partie de la ville pour obtenir l’argent qu’ils veulent.
Il y a toujours une lutte entre les vivants et les morts-vivants. Ce qui rend cette période particulièrement intéressante, c’est que les zombies ont déjà gagné tant de batailles qu’ils ont grandement réduit la capacité productive réelle de leurs hôtes. Les taux de croissance baissent à mesure que la dette augmente. Les zombies, plus nombreux et puissants que jamais, commencent à atteindre les limites de leurs pouvoirs de sangsues. Ils dépendent du crédit. La Guerre zombie est une gigantesque lutte pour faire en sorte que le crédit continue d’affluer vers eux.