Des hausses de prix automobiles aux menaces de représailles sur Boeing, la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine prend des allures de spectacle mondial.
Comme les publicités en ligne, les annonces tarifaires tombent en rafale.
Voici la dernière en date, relayée par Quartz :
« Un groupe d’analystes de Wedbush, mené par Dan Ives, a publié mardi une note sans équivoque :
‘Dans leur forme actuelle, les droits de douane automobiles vont bouleverser toute l’industrie. Ils pourraient faire grimper le prix moyen d’une voiture de 5 000 $ pour les modèles d’entrée de gamme, et de 10 000 à 15 000 $ pour les véhicules haut de gamme.' »
The Daily Mail, de son côté, rapporte les propos d’un haut responsable chinois, Xia Baolong : « Laissons ces ‘paysans américains’ se lamenter devant les 5 000 ans de civilisation chinoise », a-t-il lancé lors d’un discours télévisé. (Xia dirige le Bureau des affaires de Hong Kong et de Macao du Conseil d’Etat.)
Mais que sommes-nous réellement en train d’observer ?
Une version moderne du Grand Jeu, façon 21ᵉ siècle ? Ce jeu d’ombres entre grandes puissances, où l’une tente de défendre son empire et l’autre de sauver la face – à coups de calculs tactiques ?
The Raw Story poursuit dans ce sens :
« La guerre commerciale ‘va devenir vraiment terrible’, affirme un ancien responsable de l’administration Trump, précisant que ‘Xi ne reculera pas’.
Et tandis que la Maison-Blanche continue de clamer sa supériorité stratégique, Politico publie un rapport au ton bien différent, indiquant que les nombreuses exceptions tarifaires décidées par Trump seraient en réalité révélatrices de la fragilité de sa position.
Autre paradoxe souligné au sujet des tarifs douaniers : ‘Les Etats-Unis instaurent de nouveaux droits de douane sur les produits chinois afin de rapatrier la production sur leur sol, mais ces mesures se retournent contre leurs propres industriels, encore fortement dépendants des pièces détachées en provenance de Chine.' »
Un rappel historique s’impose : au XIXᵉ siècle, le Grand Jeu entre la Russie et la Grande-Bretagne a mobilisé des ressources colossales… pour rien.
La Russie cherchait à protéger le sud du Caucase d’une éventuelle poussée britannique. L’Angleterre voulait sécuriser l’Inde. Mais aucune des deux ne menaçait véritablement l’autre.
Alors peut-être que cette querelle commerciale d’aujourd’hui n’a pas beaucoup plus de substance.
Peut-être n’est-ce qu’un spectacle géopolitique bien orchestré… une farce absurde façon Trade Stooges… où les acteurs se donnent des baffes, où les protagonistes s’échangent des claques pour amuser la galerie, sans que personne ne soit véritablement blessé.
Ça tape. Ça grimace. Ça repart. Mais sans rancune.
Selon Associated Press, Donald Trump, avec ses coups de théâtre dignes d’un vaudeville, fait plus de volte-face qu’une paire de sandales sur le sable :
« Trump envisage de suspendre les droits de douane sur l’automobile, alors que l’économie mondiale encaisse un sérieux revers. ‘Je réfléchis à des mesures pour venir en aide à certains constructeurs automobiles’, a-t-il déclaré aux journalistes réunis dans le Bureau ovale.
Le président républicain a expliqué que ces industriels avaient besoin de temps pour transférer leur production depuis le Canada, le Mexique et d’autres pays. ‘Ils vont finir par produire ici, mais il leur faut un peu de temps. C’est de ce genre de choses dont je parle.' »
Dans une comédie, un dirigeant pourrait parler de « ce genre de choses » avant de menacer des milliards d’échanges commerciaux, des milliers d’emplois et de mettre à mal les finances de millions de familles.
Par ailleurs, il est impossible que les constructeurs automobiles délocalisent leur production aux Etats-Unis en l’espace de quelques mois. Et peut-être même jamais.
The New York Post rapporte :
« Honda a déclaré mardi qu’il n’avait pas l’intention de transférer sa production automobile du Canada et du Mexique vers les Etats-Unis, à la suite d’un rapport suggérant que le constructeur japonais envisageait de déplacer certaines de ses activités pour éviter des droits de douane potentiellement dévastateurs. »
Alors, de quoi s’agit-il vraiment ?
Ce n’est qu’un spectacle, n’est-ce pas ?
Peut-être pas.
Cela ressemble davantage à The Guns of August, où les grandes puissances s’engagent dans une guerre catastrophique – sans véritable cause, sans stratégie claire et sans véritable enjeu.
Une fois la guerre déclenchée, il n’existe plus d’issue acceptable… si ce n’est la victoire. A n’importe quel prix.
Irish Star ajoute :
« La Chine ordonne à toutes ses compagnies aériennes de cesser d’accepter les livraisons de Boeing, alors que la guerre commerciale s’intensifie.
Alors que le conflit avec les Etats-Unis prend de l’ampleur, la Chine a interrompu les livraisons de Boeing. En réponse, les autorités ont demandé aux compagnies aériennes de ne plus accepter de nouveaux appareils, ni d’acheter d’équipements ou de pièces détachées auprès d’entreprises américaines. »
Et voici ce que rapporte Newswire :
« La Chine a envoyé des navires de guerre dans l’Océan Pacifique occidental en empruntant les voies navigables proches du Japon, après qu’un porte-avions américain a atteint la région contestée, en même temps qu’un navire militaire de dernière génération. L’armée japonaise a annoncé lundi que trois navires chinois avaient navigué dans les eaux au sud-ouest du Japon vendredi. Il s’agit du destroyer de type 052C CNS Changchun, de la frégate de type 054A CNS Yangzhou et du navire de ravitaillement de type 903 CNS Qiandaohu. »
S’agit-il du Grand Jeu ? Ou de la Première Guerre mondiale ?
Vous vous souvenez de l’époque où les cinémas proposaient un « double programme » ?
Cette fois, on a droit à un triple spectacle.
Alors installez-vous confortablement… Prenez votre pop-corn – et surtout, votre or. Tout de suite.