La Chronique Agora

Goldman Sachs, la Fed et les plans de relance

▪ Pauvre M. Obama, bis. Il avait l’air plutôt sympathique. Mais de plus en plus de gens semblent être furieux après lui.

Qu’est-ce qui a mal tourné ? Il nous semble qu’il a été entièrement pris au piège par les deux intérêts les plus particuliers des Etats-Unis — Wall Street et le Pentagone. Peut-être était-il à leur botte dès le départ ; nous n’en savons rien.

Il a annoncé cette semaine qu’il extorquerait 120 milliards de dollars aux banques au cours des 10 prochaines années. Ne vous faites pas de souci pour les financiers, cher lecteur ; c’est purement une façade. Les autorités font semblant de punir les banquiers et les banquiers font semblant de souffrir. Ils gémiront et grinceront des dents… tout le long du chemin qui mène au tiroir-caisse !

A quel point est-il difficile de gagner de l’argent quand on peut emprunter pour rien… puis re-prêter la somme au prêteur avec 400 points de base d’intérêt supplémentaire ? Même des banquiers peuvent gagner de l’argent, dans de telles circonstances.

Et ce n’est pas tout. N’oubliez pas que les autorités ont le droit de racheter les erreurs de Wall Street… et de s’assurer que les banquiers n’ont pas à souffrir de leurs propres erreurs idiotes.

▪ On a également appris cette semaine que la Fed avait eu une année très profitable. Elle a gagné plus d’argent que Goldman Sachs lui-même — 45 milliards de dollars. Comment a-t-elle amassé une telle fortune ? Les journaux rapportent que la Fed a fort savamment racheté la dette dont personne ne voulait… les erreurs de Wall Street. Puis, abracadabra, elle a transformé le plomb en or. Sans rire. Les mauvaises dettes sont devenues des dettes saines. Puis elles sont devenues des dettes ultra-saines… lorsque les investisseurs ont compris que le gouvernement américain soutenait quasiment toutes les dettes émises par les principaux acteurs financiers.

La presse financière passera quelques jours à dire à ses lecteurs combien la Fed est intelligente. Ben Bernanke soulignera que la Fed a sauvé l’économie. Des experts comme Martin Wolf diront qu’ils ont sauvé la civilisation.

Mais que se passe-t-il vraiment ? La Fed a la permission d’imprimer de l’argent. Parfois… quand elle peut s’en tirer… elle imprime beaucoup d’argent. Et hop, ça crée beaucoup d’argent. Pas mal, n’est-ce pas ?

Examinons par exemple le cas Freddie Mac et Fannie Mae. Les jumeaux ont le double de problèmes, pour autant que nous puissions en juger. Ils ont prêté (ou garanti des prêts) à des gens qui ne pouvaient les rembourser. Ensuite, lorsque l’inévitable s’est produit, ils ont dit aux autorités que si elles ne les aidaient pas, la structure financière américaine tout entière s’effondrerait… et quasiment tous les foyers du pays se retrouveraient sous l’eau.

En 2006, Fannie Mae a mis de côté 519 millions de dollars simplement au cas où les choses tourneraient mal. Les choses ont mal tourné. Et devinez quoi ? Le demi-milliard que Fannie avait épargné s’est révélé être ridiculement insuffisant. Aujourd’hui, elle doit trouver 10 fois cette somme… et même ainsi, cela ne suffirait toujours pas à couvrir les pertes implicites aux prix actuels du marché. Il lui faut environ deux fois ce montant. Les autorités sont donc revenues… avec une décision surprise à la veille de Noël… et des milliards supplémentaires.

▪ Nous essayons d’imaginer des membres du Congrès US travaillant dur pour comprendre les complications de la finance et des prêts hypothécaires… pour accorder à ce sujet l’attention solennelle et les délibérations équitables qu’il mérite. Après tout, des centaines de milliards de dollars étaient en jeu. Mais nous avons eu beau essayer, nous n’arrivons tout simplement pas à l’imaginer.

Les politiques n’ont pas vraiment essayé de comprendre. Ils n’en avaient pas besoin.

"Vous n’avez pas idée", a déclaré une source que nous ne divulguerons pas, "du contrôle que les banquiers — en particulier Goldman Sachs — exercent sur le gouvernement. Ils ont des hommes à tous les postes clé. Chaque politicien, chaque bureaucrate sait que s’il suit les règles du jeu, il pourrait un jour obtenir un poste chez Goldman et gagner des millions. Je ne parle pas là uniquement des Etats-Unis. C’est vrai dans de nombreux autres pays. Goldman est international. Et ils ont des hommes à des postes décisifs dans de nombreux pays".

L’une des sources de la puissance des banquiers, c’est l’argent. L’autre, c’est l’ignorance. Ils ont de l’argent à jeter par les fenêtres. Et ils semblent savoir de quoi ils parlent. Donc, à la veille de Noël 2009, au lieu de débattre et de délibérer, les membres du Congrès US s’en sont remis aux lobbyistes des banquiers.

Qui pourrait lutter contre les banquiers ? Ils savent comment fonctionne l’argent, n’est-ce pas ? Quel politicien a le courage… ou la connaissance… nécessaire pour s’opposer à eux ? Si les autorités n’avaient pas accepté de renflouer toutes ces épaves, toute la machine serait tombée en ruines, non ?

Si, si, bien sûr…

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