La Chronique Agora

General Motors en difficulté

** Eh bien, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie. Plus maintenant. Les choses deviennent intéressantes… très intéressantes.

* Cette semaine, les marchés ont subi une nouvelle raclée. L’or a encore grimpé. Et le dollar n’a guère bougé.

* Oui, l’or fait enfin parler de lui, comme nous le démontre Adrian Ash ci-dessous. Les gens sont au courant. Nos lecteurs achètent de l’or depuis qu’il est à 300 $. A présent, tout le monde se positionne.

* Pendant ce temps, Xu Jian, vice-directeur de la banque centrale, a déclaré au monde que la Chine allait se débarrasser du billet vert. "Le dollar perd son statut de devise mondiale", a-t-il dit. Ouh là… la Chine possède 1 400 milliards de dollars dans ses réserves… libellées en dollars pour la majeure partie. Il ne fera pas bon détenir des billets verts lorsque l’Empire du Milieu se fera la malle, cher lecteur.

** General Motors a annoncé une perte de 39 milliards de dollars au dernier trimestre. En d’autres termes, en un seul trimestre, le fabricant automobile a perdu une somme valant deux fois sa valeur de marché totale.

* On ne peut pas faire ça tous les jours.

* A quoi est dûe cette grosse perte ? "Des charges fiscales", disait l’explication officielle. Pour autant que nous puissions en juger d’après les articles de presse, il s’est plutôt passé ce qui suit : la branche financière de la société, GMAC, autrefois très profitable, n’a pas gagné autant que prévu. Et lorsque GM a tenté de bidouiller les comptes, tout a explosé.

* Vous vous rappelerez que l’économie américaine a subi un gigantesque changement, ces 50 dernières années — elle est passée de l’épargne aux dettes, de l’industrie à la finance, de fabriquer des choses à en acheter. La devise rouillée de Trenton, dans le New Jersey, dit encore "Ce que Trenton fabrique, le monde l’achète"… mais depuis quelques décennies, les habitants du New Jersey — et de tous les autres Etats-Unis — achètent plus qu’ils ne fabriquent.

* De même, sur les bords du lac Michigan, General Motors fabrique encore des voitures. Mais ces dernières années, GM a gagné de l’argent en finançant des voitures et de l’immobilier. C’est devenu une société financière. Pourquoi ? Parce que c’est là que se trouvait l’argent.

* Dans les années 70, les sociétés financières ne représentaient que 5% environ de la capitalisation totale du S&P. A mesure que les USA changeaient, passant de fabriquer des choses avec profit à les acheter à crédit, le pourcentage du S&P composé de sociétés financières est passé à plus de 21% en 2007. 

* A présent, la finance semble avoir atteint son sommet. Ou du moins le financement d’achats immobiliers n’est plus aussi simple qu’il y a deux ans. Et les gens n’achètent plus de voitures — et surtout pas des voitures GM — comme dans les années 60.

* GM a vécu son heure de gloire. Et regardez ce qui arive aux autres sociétés financières. Merrill Lynch, Morgan Stanley, Citigroup, Goldman — les maîtres de l’univers mordent la poussière ! Non seulement leurs actions baissent… mais les entreprises enregistrent de spertes quasiment aussi lourdes que celles de GM.

* Jusqu’à présent, environ 40 milliards de dollars de pertes liées au subprime ont été annoncées par l’industrie de la finance. Un stratégiste de la Royal Bank of Scotland déclare qu’il pense que le total finira par atteindre entre 250 et 500 milliards de dollars.

* Il y a un peu plus de 1 000 milliards de dollars de prêts subprime en cours. Nous avons appris que parmi eux, un sur six serait en difficulté. Et après qu’on a mis ces prêts dans des CDO… qu’on a incrusté des options dans les dérivés… et demandé à des mathématiciens de trafiquer les modèles pour pouvoir faire jouer l’effet de levier à des niveaux vertigineux – impossible dire jusqu’où les pertes pourraient aller.

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