La Chronique Agora

La gauche bientôt au pouvoir ?

Plus on est minoritaire, plus on a de chances de gouverner !

C’est incontestable : la hausse de plus de 1 % du CAC 40 et la légère contraction du spread OAT/Bund signifient que les marchés semblaient écarter les scénarios les plus anxiogènes et les plus défavorables à toute prise de risque sur les actions françaises — comme une dissolution de l’Assemblée. (Les législatives qui en résulteraient coûteraient entre 10 et 13 milliards à la France, en termes de baisse d’activité durant les 6 à 8 semaines nécessaires pour organiser le scrutin et connaître le résultat du second tour.)

Autrement dit, des élections avant Noël, c’est la garantie d’un 4ᵉ trimestre placé sous le signe de la récession : donc chute des recettes fiscales, hausse des déficits, probable écartement du spread OAT/Bund de 85 vers 100 points de base, dégradation de la dette française par Moody’s et Standard & Poor’s… bref, une fin d’année sous haute tension.

Sans oublier que la campagne électorale sur fond de comblement des déficits serait l’occasion de déballer tous les projets de mesures les plus démagogiques, redistributives, Zucmanesques et « anticapitalistes » : un véritable concours Lépine en matière de taxes, prélèvements, désindexation, suppressions d’avantages fiscaux et de déductions, impôts fonciers, pénalités écologiques, droits de succession alourdis, etc.

Si le président décidait d’écarter des législatives et de nommer un successeur à M. Lescure – le dernier d’entre les fidèles – il pourrait difficilement écarter la solution d’un Premier ministre « de gauche », puisque toute autre combinaison d’alliance avec une formation plus à droite que le « socle républicain » (comprenez : tous les traîtres du centre-droit, centre-gauche, extrême-centre… tout l’éventail des sans scrupules vis-à-vis de leurs électeurs) est vouée à la censure.

Donc l’hypothèse la plus improbable deviendrait envisageable : un Premier ministre issu de la formation la plus basse dans les sondages (plus basse que ne pouvait l’être le socle électoral de Bayrou ou de Michel Barnier), c’est-à-dire le PS, ou quelqu’un de compatible et prêt à appliquer les recettes du PS – c’est-à-dire déployer l’arsenal fiscal du fameux concours Lépine évoqué plus haut.

Et Philippe Brun, le potentiel ministre des Finances d’une équipe socialiste, se félicitait de sa prestation ce mercredi 8 octobre devant quinze investisseurs internationaux représentant les plus grands fonds étrangers : « J’ai présenté les propositions budgétaires et économiques des socialistes. La trajectoire que nous proposons pour relancer l’économie et assainir nos comptes est crédible ! »

C’est une façon de confirmer qu’en dernier ressort, ce sont bien les « grands fonds » – et en tête de liste BlackRock – qui décident de qui doit tenir les rênes du pays.

Aussi choquant que cela puisse paraître, cette solution « socialiste » (alors que deux tiers des Français voteraient pour un député « de droite » en cas de législatives – candidats de centre-droit à RN) transparaissait clairement des vingt minutes d’antenne de M. Lecornu au 20h de la principale chaîne publique.

Il a indiqué avoir passé la journée à recevoir les partis de gauche, mercredi, évoquant « plusieurs blocs prêts à s’accorder sur un budget commun », mais qui « mettent des conditions » pour y parvenir : chacun comprend qu’il s’agit de la réforme des retraites d’Elisabeth Borne.

Dans ses conclusions, le Premier ministre démissionnaire aurait assuré Emmanuel Macron « qu’un chemin était encore possible, car une majorité absolue de députés à l’Assemblée nationale refuse une nouvelle dissolution ».

Une formation s’est en revanche exprimée pour affirmer que cela ne l’effrayait pas : il s’agit du Rassemblement national, qui pense avoir le plus à gagner d’un retour des Français aux urnes.

Mais si le RN n’a pas convaincu BlackRock, alors il n’y aura ni dissolution ni législatives !

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