La Chronique Agora

Nouvelle victoire pour le club des 1% ultra-riches

ultra riches

La valorisation des actions bat tous les records. Les riches n’ont jamais été aussi riches. Tout cela à cause de la politique monétaire de la Fed.

Nous marquons une pause. Nous respirons un grand coup et cessons nos sarcasmes et plaintes habituelles.

Aujourd’hui, nous présentons nos remerciements à l’élite internationale… ces gens à qui nous devons tant.

Cette réflexion nous est venue après que notre département recherches nous a transmis ce tweet de Holger Zschaepitz, chroniqueur financier du quotidien national allemand Die Welt :

« Cela n’a jamais aussi bien marché : la valorisation des actions, dans le monde, est désormais de 84 800 Mds$, la plus élevée jamais enregistrée. L’équivalent d’environ 110% du PIB mondial. »

Ensuite, CNBC a renforcé notre sentiment de gratitude avec ce qui suit :

« Aux Etats-Unis, les 1% les plus riches contrôlent désormais 38,6% de la richesse nationale, un plus-haut historique selon un nouveau rapport de la Réserve fédérale.

L’enquête Surveys of Consumer Finance [NDR : enquête sur la situation financière des consommateurs américains] de la Réserve fédérale indique que les Américains, quelle que soit leur position sur l’échelle du revenu et du patrimoine, ont enregistré des gains en 2013 et 2016. Mais ce sont les riches qui ont gagné le plus, essentiellement grâce aux gains enregistrés sur le marché actions et sur la valeur des actifs.

La part de richesse des 1% les plus riches a augmenté, passant de 36,3% en 2013 à 38,6% en 2016. La catégorie suivante des 9% de ménages les plus riches a légèrement baissé, et la part de richesse détenue par les 90% d’Américains occupant le bas de l’échelle a chuté régulièrement sur 25 ans, passant de 33,2% en 1989 à 22,8% en 2016. »

Attendez un peu… Quel revenu faut-il avoir pour appartenir aux 1% d’Américains les plus riches ?

Nous avons vérifié. Si vous et votre conjoint gagnez 343 927 $, ou plus, vous en faites partie.

Alléluia ! Et hip hip hip hourra ! Nos droits d’auteur nous ont propulsé tout en haut. C’est génial de faire partie des 1% !

Sortez les cotillons, débouchez le champagne, ouvrez un compte en Suisse.

Oh… et n’oubliez pas les gens grâce à qui cela a été possible. Contactez vos représentants au Congrès. Assurez-vous de contribuer au financement de leur campagne de réélection… et réservez une nuit ou deux au Trump Tower Hotel, tant que vous y êtes.

Oui, cher lecteur, nous l’admettons…

Ultra riche par hasard ?

Nous n’y sommes pour rien – et nous avons vraiment tout fait pour l’éviter – mais nous appartenons bien aux 1% les plus riches… Ces capitalistes qui exploitent tous les autres pour pouvoir vivre dans le luxe et le plaisir.

Ce n’est pas de notre faute, bien sûr. C’est arrivé comme ça : nous avons commencé à travailler dans le secteur financier en 1979, huit ans tout juste après que Nixon a rompu le dernier lien entre le dollar et l’or.

Comment pouvions-nous savoir que l’Etat se chargerait de nous enrichir ?

Pourtant c’est ce qu’il a fait. Depuis le début des années 1970, en utilisant le système de l’argent falsifié (auquel il ne comprend rien lui-même), il a été complice de la création de 35 000 Mds$ de crédit supplémentaire.

Sans ce surplus de crédit, aujourd’hui notre ratio dette/PIB serait resté au même niveau qu’au cours des décennies précédentes.

Cet endettement dépasse de loin le volume que l’économie pourrait supporter normalement.

Il y a eu des hauts et des bas, mais dans les années 1950, 1960 et 1970, l’économie américaine était plus ou moins en bonne santé. Le taux marginal d’imposition était élevé. Mais l’Etat s’occupait essentiellement de ses propres affaires, et son emprise sur l’économie était maîtrisée.

Ensuite les compères du Deep State ont pris le contrôle du système. Les zombies se sont multipliés. La dette a augmenté. Les taux d’imposition ont été réduits. Et la croissance du PIB et des salaires réels a diminué.

A la fin du XXe siècle, la dette était devenue un problème majeur. Les consommateurs étaient à sec.

Il était temps de corriger cela…

La Fed à la rescousse

Comme l’on pouvait s’y attendre, les marchés ont tenté de corriger à deux reprises au cours de la décennie suivante : en 2000, à la suite des excès des dot.com, et à nouveau en 2008.

Et à deux reprises, l’Etat les en a empêchés, en abaissant à chaque fois les taux d’intérêt afin de soutenir la dette existante.

Entre 2000 et 2004, sous la direction de Greenspan, la Fed a abaissé les taux d’intérêt à court terme d’un plus haut de 6,5% à un plus bas de 1%. Et sous la direction de Bernanke, en 2009, elle a recommencé… abaissant cette fois les taux jusqu’à zéro.

Les banques centrales du monde lui ont emboîté le pas : elles ont acheté 20 000 Mds$ d’obligations pour faire baisser les rendements (sur le marché obligataire, les rendements évoluent en sens inverse des cours).

Quel effet la baisse des rendements obligataires a-t-elle eu ?

La valeur des actifs financiers a augmenté. Je vous explique…

Si vous avez une buvette qui rapporte 1 000 $ par an, par exemple… elle vaut 20 000 $ lorsque les taux d’intérêt sont à 5%.

C’est le capital qu’il faudrait investir dans des obligations moins risquées pour avoir un revenu annuel équivalent à ce que vous rapporterait la buvette.

Lorsque les taux d’intérêt baissent à 1%, la buvette vaut 100 000 $.
[NDLR : économisez sur vos impôts en déclarant la juste valeur de votre patrimoine. Vous payez l’impôt sur la fortune immobilière, vous préparez une donation, vous devez sortir d’une indivision… Comment valoriser au plus juste vos biens, quelles méthodes utiliser (y compris celles du fisc) ? Découvrez toutes les réponses ici.]

Voilà pourquoi les riches sont si riches.

Un plan à 2 400 Mds$

Mais attendez…

L’Etat vient à nouveau à la rescousse. Il propose une baisse d’impôt pour la classe moyenne. Pas pour nous, les riches. Non, pas question !

Selon le plan fiscal de la Team Trump, le revenu de notre entreprise, actuellement taxé à 35%, serait taxé à 20%.

Hé, c’est une bonne nouvelle pour nous. Mais en quoi cela va-t-il aider les classes moyennes ?

Cela ne les aidera pas.

Le Tax Policy Center, think tank apolitique, a calculé que cela augmenterait la dette nationale de 2 400 Mds$ au cours des 10 prochaines années… et que cela bénéficierait surtout aux entreprises et aux Américains les plus riches.

En fait, il a découvert qu’en gros, un Américain sur trois de la classe moyenne constaterait une hausse de ses impôts en raison des modifications proposées sur les déductions et les exemptions.

Hé, une nouvelle victoire pour nous, les 1% les plus riches. C’est génial, non ?

Merci encore !

Nos fidèles lecteurs sont cordialement invités à nous écrire, pour nous dire combien ils se réjouissent pour nous.

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