▪ D’un pays en ruines à un autre. L’Irlande, l’Espagne, la France… Cet été, nous faisons le tour des économies défaillantes d’Europe.
L’Espagne fait à nouveau la une des journaux. Son taux obligataire est passé à 7,5%… un niveau dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est « insoutenable ». Nous n’avons pas fait le calcul nous-même, mais nous allons croire le monde sur parole.
Les autorités de Madrid ont été ébranlées. Evidemment, elles n’ont pas endossé la responsabilité de ce pétrin. Elles ont préféré accuser… les vendeurs à découvert ! Oui, et elles ont banni les ventes à découvert pendant trois mois.
Voilà qui devrait régler l’affaire, non ? Tout le monde sait que les marchés baissent parce que les gens vendent. Alors rendons la vente illégale. Problème résolu !
Quant à la France… Au coeur de l’Europe — et de l’alliance avec l’Allemagne ainsi que de tout le projet d’Union européenne –, si la France ne réussit pas à se tenir debout, toute la Zone euro est fichue.
Et pourtant, l’Hexagone semble lui aussi suspendu à un fil… tandis que François Hollande s’empare d’une paire de ciseaux !
Dans le journal britannique The Telegraph :
« Les niveaux de dette constatés dans le pays sont tout aussi insoutenables que ceux de la Grande-Bretagne, mais ses politiques sont plus irresponsables et ses remèdes plus limités. Même si elle est considérée comme un pays essentiel de la Zone euro, le profil économique de la France ressemble désormais plus à celui de la Grèce que de l’Allemagne. La dette publique en France est à 86,1% du PIB (146% si l’on compte les engagements pris auprès de la BCE et les garanties bancaires). Le déficit budgétaire projeté cette année est de 4,5%, la France s’étant exemptée des ordres de l’Union européenne de remettre les déficits à 3% d’ici la fin de l’année ».
« Ces chiffres ne sont pas inhabituels dans le contexte général des économies de l’Eurozone. Ce qui distingue la France, c’est le manque de volonté politique d’y remédier, et, en conséquence, un ratio dette/PIB projeté qui la mettrait largement dans le groupe des PIIGS ».
▪ Ce qu’il faut, c’est un bazooka
Les chiffres de la France ne sont guère différents de ceux des Etats-Unis. Sauf que les Etats-Unis ont un très gros bazooka… que la France n’a pas… ou du moins pas encore. Les Etats-Unis peuvent ordonner à leur banque centrale d’acheter leurs propres obligations. Ils peuvent « monétiser la dette », en d’autres termes.
C’est toujours une politique désastreuse… mais ça ne la rend pas impopulaire pour autant. Et comme nous sommes dans une période de destruction de dette, le désastre pourrait être loin dans le futur… et pourrait ainsi ne pas être subi par les gens qui l’ont causé. La France n’a pas cette option. Elle doit évoluer dans un système plus honnête… comme les Etats américains individuels. Ce qui signifie qu’elle doit réduire ses dépenses.
Sauf que M. Hollande ne semble pas particulièrement intéressé par le fait d’aborder raisonnablement la situation. Le Telegraph décrit ses efforts jusqu’à présent :
« Baisser l’âge de la retraite, de 62 à 60 ans.
Augmenter le salaire minimum au-dessus de l’inflation (quoique légèrement).
Exiger que l’Union européenne prenne encore plus d’argent que prévu aux gouvernements nationaux, violant un accord préalable et ajoutant potentiellement trois milliards de livres sterling au tribut annuel britannique.
Mettre en place un taux maximal d’imposition sur le revenu de 75% pour ceux qui gagnent un million d’euros ou plus — un geste qui porte le taux d’imposition marginal à 90,5% sur certains types de revenus.
Mettre en place un impôt sur quiconque a des actifs en France mais vit à l’étranger — et qui verra ainsi 15,5% du loyer ou de la plus-value de l’immobilier transférés à l’Etat ».
Pendant ce temps, aux Etats-Unis, les marchés ne sont pas en forme. Pourquoi ? On a appris que les revenus prévus pour les entreprises montrent la croissance la plus lente de ces quatre dernières années. Cela a été annoncé comme une nouvelle preuve de l’approche de la récession…
… et une nouvelle preuve que la Fed doit agir.
« Posez les mains sur nous. Guérissez-nous. Donnez-nous plus d’assouplissement quantitatif », dit la multitude. Et les économistes.
Ce n’est probablement qu’une question de temps avant que le gros bazooka ne fasse feu une nouvelle fois…