La Chronique Agora

La France, un pays mort ?

« Les vieux, il faudrait les tuer dès la naissance ».
— Boris Vian

▪ « La France est un pays mort ».

Le jeune homme ne mâchait pas ses mots.

« Si on est jeune et qu’on a de l’ambition, on quitte la France. On va à Londres, ou aux Etats-Unis, ou en Chine. Rester en France, ça ne sert à rien. Je suis français. Ca me brise le coeur de partir. Mais je ne peux pas rester. Je n’aime pas trop être mort ».

Nos amis parisiens nous disent la même chose. Leurs enfants sont partis. S’ils veulent voir leurs petits-enfants, ils doivent voyager à l’étranger.

Dans le même temps, les prix de l’immobilier de standing à Londres, Vancouver et New York sont plus élevés que jamais. A Paris, en revanche, c’est mou.

« Nous aimerions vendre notre maison [à Paris] », déclare un ami. « Elle est parfaite pour un jeune coupe avec enfants. Mais le jeune couple avec enfants à qui nous voudrions la vendre a déménagé à Londres ».

Peut-être que c’est la météo. Peut-être que c’est l’économie. Mais la capitale de la Cinquième république semble déprimée. Et vieille.

Nous avons pris le train pour la Normandie. Nous avions acheté des billets de première classe, espérant avoir un peu de place pour travailler. Mais le compartiment de première était identique à celui de seconde. En moins propre. Les sièges étaient crasseux. Le revêtement était usé et graisseux.

« Quelle est la différence entre la première classe et la seconde classe », avons-nous demandé au contrôleur lors de son passage.

La première classe est plus chère, donc il y a moins de gens

« Eh bien, il n’y en a pas vraiment, sinon que la première classe est plus chère, donc il y a moins de gens ».

Nous avons regardé dans le compartiment de seconde classe. Il n’était pas plus peuplé qu’en première.

▪ Les mêmes problèmes… en pire
Mais nous ne sommes pas là pour raconter notre voyage. Nous gardons l’oeil ouvert dans l’espoir d’apprendre quelque chose. Et ce que nous apprenons de la France, c’est qu’elle a les mêmes problèmes que les Etats-Unis — peut-être en pire.

Les jeunes ne quittent pas le pays seulement parce qu’il est paresseux et rassis ; ils partent parce que le système est truqué à leur détriment.

C’est le plus grand scandale de France, selon le magazine Le Point. Il appelle les jeunes « la génération pigeon ».

En France comme aux Etats-Unis, les seniors ont utilisé le gouvernement pour s’attribuer argent et privilèges

En France comme aux Etats-Unis, les seniors ont utilisé le gouvernement pour s’attribuer argent et privilèges… et ont transformé les jeunes en pigeons. Par exemple, le taux d’imposition moyen pour un trentenaire est près de trois fois plus élevé que pour une personne de 65 ans. Le taux de chômage des jeunes — 15 – 24 ans — est deux à trois fois plus élevé que celui de personnes plus âgées. En ce qui concerne ceux qui ont abandonné le lycée, à peine un sur deux a un emploi. Et le droit du travail français est célèbre pour favoriser les gens qui sont déjà dans le système — tout en étant particulièrement vicieux envers ceux qui n’y sont pas.

Le malheureux jeune Français est également chargé de dette. Dans ce sens, au moins, il a un avantage par rapport aux Américains. Les études — même à l’université — sont financées par le contribuable. De sorte que les diplômés ne sortent pas de l’école aussi endettés qu’aux Etats-Unis. Ils ont tout de même leur part de dette gouvernementale sur les épaules. Un jeune en Allemagne peut s’attendre à environ 30 000 $ de dette gouvernementale. En France, ce chiffre approche les 35 000 $. Par comparaison, le total américain est de 50 000 $ environ (selon nos calculs à main levée). Et si l’on inclut les engagements financiers qui ne sont pas compris dans les chiffres officiels de la « dette nationale », cette somme grimpe à 700 000 $ environ.

La majeure partie de cette dette — sinon la totalité — vient du fait que l’on ponctionne l’avenir pour donner des choses aux seniors aujourd’hui.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile