Demain le chaos ? Et pourquoi pas un retour à l’envoyeur ?
Votez, votez, votez !
Toutes les « consciences » – bien pensantes et bénéficiant d’un plébiscite médiatique – donnent de la voix et s’inquiètent de voir la France porter au pouvoir le 7 juillet prochain (à six semaines du coup d’envoi des Jeux) une formation politique ou une coalition faisant la part belle à des projets de société « extrêmes ».
Cet élément de langage du « refus des extrêmes », du « faire barrage », anesthésie les esprits et le sens critique de nos concitoyens depuis plus de sept ans.
Alors certes, l’intention des électeurs qui laissent « les mots penser à leur place » et régurgitent des formules pavées – comme l’enfer – des meilleures intentions est louable.
Mais avec les événements qui se précipitent, les coups de théâtre qui s’enchaînent comme dans un mauvais Vaudeville (avec des acteurs courant dans tous les sens comme des canards sans tête et des portes qui claquent), l’émotion l’emporte sur la réflexion et la lucidité se fait de plus en plus absente… dangereusement absente.
Car ceux qui vous appellent à « protéger la démocratie » – celle qu’ils ont consciencieusement détruite en éliminant sans état d’âme tous les contre-pouvoirs – sont surtout experts dans la manipulation de vos peurs.
Ils vous mettent à chaque élection en garde contre les pickpockets, contre les « brutes aux moeurs de voyous », contre les escrocs qui veulent votre ruine… mais ce sont précisément les mêmes qui vous font les poches sans vergogne (coût de l’énergie absurde, captation des excédents des caisses de retraite, train de vie pharaonique de l’Elysée…), lâchent leurs chiens de garde sur les manifestants (souvenons-nous de ces déchaînements de violences injustifiables, couvertes par le pouvoir), et conduisent nos finances à coup de « 49.3 » vers une niveau de déliquescence abyssal (déclassement industriel, 5 200 faillites de PME/an, pénuries massives de médicaments…) en prétendant avoir sauvé votre avenir et vos économies… alors qu’en bons fossoyeurs, ils s’apprêtent à s’éclipser les poches bien pleines après avoir vidé la caisse.
Une fois battus électoralement – et ils vont l’être une seconde fois avec un tel bilan –, ils ne vont pas échapper à un « droit d’inventaire », quel que soit « l’extrême » qui l’emporte.
Le dernier rapport de la Cour des comptes est déjà explosif : on connaît la prudence de ses membres qui évitent autant que possible de fâcher l’Elysée en se limitant à des « recommandations », alors qu’ils ont eu 1 000 raisons de tirer le signal d’alarme depuis 2020.
Une fois connu la véritable ampleur du désastre, les « extrêmes » au pouvoir découvriront qu’ils n’ont aucune marge de manoeuvre, aucun moyen de tenir leurs promesses généreuses, que leurs premières mesures d’urgence pour éteindre l’incendie budgétaire et rassurer les marchés (ce qui serait un comble pour un « Front Populaire 2.0 ») seront très mal vécues et la déception de leurs électeurs, immense.
S’ils choisissent de ne pas éteindre l’incendie, les haches bien aiguisées sont déjà sorties du fourreau par nos créanciers, avec lequel notre président et ex-banquier d’affaire entretient les meilleures relations, et sont prêtes à tailler en pièces notre dette, mettant notre pays en quasi faillite, comme la Grèce il y a quatorze ans.
Car contrairement à l’Italie dont la dette – certes aussi abyssale que la nôtre – est auto-détenue à 90%, la nôtre est à plus de 50% entre les mains de détenteurs étrangers dont nous sommes clairement les otages. Et ils nous le font savoir avec un coût d’assurance de notre dette (« CDS ») qui fait un bond sans précédent au XXIe siècle de +7,5 points à 3,2 en une semaine.
Côté Elysée, le discours est déjà bien rôdé, les arguments bien en place : impossible d’ignorer – à moins d’être parti pour une traversée de la jungle amazonienne sans téléphone satellitaire – que la ligne reste « votez pour nous ou préparez-vous au chaos ».
Le chaos politique a été prémédité au « château » dès le début du mois de juin, avec une dissolution et le calendrier électoral le plus court de la Ve République, nous apprend un article du Monde.
Le chaos économique sera mis sur le compte de « l’erreur fatale » des nouveaux dirigeants incompétents, forcément « extrêmes » puisque critiques de la politique menée depuis sept ans, et aveuglés par leur « idéologie antisystème ».
Mais qui ne voit pas le piège ? Qui ignore qu’un projet de gouvernement crédible – et à plus forte raison s’il émane d’une coalition hétérogène qui n’est a priori d’accord sur rien – ne peut se concevoir en une quinzaine de jours ?
C’est l’échec assuré, quand bien même un miracle offrirait une courte majorité à l’un des deux « extrêmes ».
Et le discours politique est tellement hystérisé et binaire (le « camp du Bien », c’est l’Elysée, tous ceux qui critiquent sont soit « fachos » soit bolchéviques) que cette majorité – quelle qu’elle soit – serait fortement contestée : un chaos social, potentiellement insurrectionnel, doublé de la plus grave crise institutionnelle depuis Vichy, pourrait en résulter.
J’imagine la jubilation d’une entité perverse (un pur produit de mon imagination) s’amusant à ruiner le destin de la France (une sorte de mauvais oeil) et contemplant le spectacle de la descente aux enfers de notre pays sous le regard médusé de la planète entière, alors que celle-ci s’apprêtait à venir participer dans 40 jours aux festivités olympiques qui auraient dû constituer un sommet de rayonnement de la France (sportif, culturel et gastronomique), de bonheur partagé et de concorde entre les peuples.
Au lieu de cela, à la lumière des dernières déclarations présidentielles du 6 juin et depuis le G7 de Bari en Italie, l’Elysée ne semble rêver que d’entraîner notre pays et sa jeunesse dans une troisième guerre mondiale, tout en distribuant de l’argent magique (des milliards d’euros que nous n’avons pas pour acheter des médicaments ou payer nos retraites), et sans le moindre contrôle à un belligérant archi-corrompu qui n’appartient même pas à l’OTAN.
Le danger de chaos à tous les niveaux apparaît si grand que même les plus assoiffés de pouvoir doivent réfléchir à la possibilité de gouverner un pays… ingouvernable.
Cela paraît relever de la plus claire évidence et la sagesse consisterait à renoncer au cadeau empoisonné des clefs de Matignon.
Surtout si c’est pour gouverner avec un « château », des médias – et n’oublions pas des marchés – unanimement hostiles.
Et si tous les « premiers ministrables » renonçaient à occuper une « fonction fusible » ?
Et s’ils le faisaient d’un commun accord en le justifiant par le fait que le jeu démocratique a été subverti et de façon parfaitement délibérée, voire malveillante (peu de formations politiques auront les moyens de présenter un programme et de faire campagne, des millions d’électeurs ne seront donc pas représentés, c’est une première historique) ? Cela ressort de beaucoup de conversations auxquelles vous avez certainement assisté.
Les marchés n’aimeraient pas l’incertitude que cela créerait, c’est certain… mais cela vaudrait sûrement mieux que le chaos, des états d’urgence, des couvre-feu, et qui sait des « J-O » annulés.
Et dans ce scénario – peu discuté pour l’instant, il faut le reconnaître – la responsabilité de la crise institutionnelle en incomberait à celui qui a pris la décision de tenter ce coup de poker politique qu’aucun « impératif économique » (notre dette se portait à merveille au soir du 7 juin, avant de rejouter +20 points par rapport au Bund en une semaine), ni « urgence démocratique » ne justifiait (pas de motion de censure en amont des J-O : ç’eut été un vrai suicide politique pour les initiateurs).
Est-ce que le « camp du Mal » (les 85% de Français qui ont rejeté la réforme des retraites sous la forme imposée par l’Elysée à coup de « 49.3 ») pourrait avoir le réflexe d’orchestrer un « retour à l’envoyeur » ? « C’est votre chaos, on ne peut pas « gouverner un chaos », débrouillez-vous avec votre propre chaos. »
Du coup, c’est celui qui vient de faire revenir le CAC 40 de +10% à zéro et exploser le spread OAT/Bund de +25% qui devra s’expliquer avec ses propres supporters (certaines mauvaises langues diraient « commanditaires »).