La Chronique Agora

Le FMI met la pression sur la Zone euro pour que plus de liquidités soient injectées

▪ Comme il est réjouissant de voir les indices boursiers grimper alors que personne ne l’avait anticipé… puis découvrir que le mouvement auquel personne ne comprend rien (il suffit de lire les commentaires sur les forums boursiers) est justifié par tout… et son contraire.

Attendu très logiquement en baisse après la mauvaise fin de nuit dont été victimes les marchés asiatiques (surtout Hong Kong et Seoul), Wall Street affichait un timide repli de 0,2% à l’ouverture. Pendant ce temps, les places européennes ne grappillaient pas plus de 0,3% en moyenne — les valeurs du CAC 40 assurant l’essentiel des gains alors que Madrid ou Milan affichaient des scores voisins de -1%.

Deux heures plus tard, l’Euro-Stoxx 50 affichait 1,5% et le CAC 40 1,85%… c’est pas beau la Bourse ?

▪ Une soudaine euphorie sur Intel… pourquoi ?
Nul étonnement dans les commentaires lus après la clôture des marchés sur le Vieux Continent. La raison de ce rally sautait aux yeux puisque le S&P et le Dow Jones affichaient des gains de 0,8%, le Nasdaq s’est envolé de 1,3% dans le sillage d’Intel et par extension de la plupart des grosses technologiques de la cote.

Pourquoi cette soudaine euphorie sur Intel ?

Et là, il y a comme un grand blanc…

Mais euh… parce que le ralentissement de l’activité s’avère moins fort qu’anticipé ?

Mauvaise réponse ! Les analystes n’en pensaient rien mardi soir, sinon que cela aurait effectivement pu être pire dès le deuxième trimestre. La direction s’attendait à un second semestre médiocre : le titre a fini complètement flat en transactions hors séance (vers minuit heure de Paris).

Pas de ralentissement de l’activité ? Voilà un avis qui contraste fortement avec le sentiment négatif de la plupart des chefs d’entreprises sondés aux Etats-Unis mi-juillet et qui fait écho au pessimisme de tous ceux qui réclament un QE3 à corps et à cris depuis le début du mois de juin.

Donc, la piste Intel ne tient pas vraiment la route.

▪ Les statistiques de l’immobilier US vont-elles nous aider à comprendre le rally ?
Il faut chercher dans une autre direction, peut-être du côté des dernières statistiques concernant le secteur immobilier. Mais il s’avère là encore difficile d’invoquer les bons chiffres américains, alors que les opérateurs n’avaient pas réagi à la publication, à 14h30, des mises en chantier aux Etats-Unis. Elles ont pourtant augmenté de 6,9% en juin pour atteindre 760 000 en rythme annualisé.

La même indifférence avait accueilli la veille le bond de six points du moral des constructeurs de maisons neuves — de 25 vers 31, son meilleur niveau depuis cinq ans.

N’allez pas imaginer que nous interprétons un peu à notre façon l’absence apparente de réaction de Wall Street car de manière aussi concrète que paradoxale, les titres des constructeurs de maisons individuelles étaient baisse de 1% en moyenne mercredi soir après avoir stagné la veille.

Quand nous affirmons que l’évolution des actions et des indices boursiers obéissent à des lois telles que la prise à contrepied de la majorité des opérateurs dotés d’un bon sens dans la bonne moyenne, ce n’est pas à la légère.

Nous avons également entendu des stratèges affirmer que le mot d’ordre du jour était : « les rendements obligataires sont négatifs — on achète du risque » !

▪ L’indice VIX est au plus bas
L’indice VIX se retrouve ainsi au plus bas depuis six mois (vers 15,60). Mais cela fait six semaines que la tendance haussière prédomine à Wall Street, alors même que la conjoncture se dégrade. Raison de plus pour espérer un QE3, affirment les permabulls !

Puisqu’ils pensent que le marché « achète du risque », comment expliquent-ils que le matin même, ceux qui « fuient le risque » se sont précipités sur des émissions obligataires allemandes qui offrent un rendement négatif ? Rappelons que la rémunération des Bunds est nulle en Allemagne de trois mois à deux ans.

▪ Les marchés rêvent d’un QE3 et d’une initiative de la BCE
Il ne reste qu’une seule explication sur laquelle tout le monde s’accorde : les investisseurs misent tout sur le retour d’une politique d’assouplissement monétaire aux Etats-Unis… et ils se reprennent aussi à rêver d’une nouvelle initiative de la BCE.

Le FMI met en effet la pression sur Angela Merkel et Mario Draghi en affirmant que la Zone euro sera en danger si rien n’est fait — comprenez une injection de liquidités sous forme de rachats d’émissions souveraines… un troisième LTRO… un soutien aux banques espagnoles… une mutualisation furtive des dettes.

Pas sûr que l’Allemagne ferme les yeux même si c’est pour la bonne cause. La dernière rumeur en date concerne une faillite de la Sicile (Mario Monti le confirme), et nous sommes impatient de connaître le degré de solidarité des parlementaires berlinois avec la population de Palerme ou de Catane d’ici la fin de ce mois de juillet !

Puisque nous évoquons le concept de solidarité en Europe — un médicament de confort délivré uniquement sur ordonnance et après une batterie d’examens du fond de l’œil –, est-ce que la Fed va juger que Wall Street a besoin d’une injection de liquidités pour arracher les indices boursiers à la hausse ?

▪ Wall Street a-t-il vraiment besoin d’un QE3 ?
Rien qu’au cours des dernières 24 heures, EMC, qui annonce des résultats canon, s’est envolé de 9,5%, Check Point de 6,9%, Netapp de 6%, Nvidia de 5,6%, Broadcom, Flextronics  et eBay de 3,6% — avec un bonus de 4% supplémentaires en après-Bourse pour le site d’enchères en ligne.

Difficile de se convaincre que les entreprises américaines sont aux abois et l’économie US au bord du gouffre. Mais regardez ces prochains jours du côté de la Sicile et de Shanghai : vous constaterez que c’est peut-être bien le cas… et la Fed sait pertinemment qu’aucun QE3 n’y pourra rien.

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