La Chronique Agora

Vers la fin des résidences secondaires ? (1/2)

Miniature house on a beach with seashells and key

A l’approche des vacances, certains d’entre vous rejoindront peut-être leur résidence secondaire. Ce plaisir sera-t-il bientôt interdit ? Les communes les plus touristiques vont-elles suivre l’exemple de Chamonix et interdire la construction de nouvelles résidences secondaires ?

Chamonix-Mont-Blanc a adopté son nouveau plan local d’urbanisme (PLU) en mars 2025. Il s’appuie sur les outils de la loi dite Le Meur et est « radicalement tourné vers le logement permanent » comme le dit le maire, Eric Fournier.

A bas les résidences secondaires, les hôtels… et les touristes à Chamonix

Les élus municipaux considèrent que « la capacité touristique de la vallée est largement suffisante » et qu’il convient donc de « consacrer la surface restant à construire au logement permanent et de préserver les espaces naturels ».

Ainsi le PLU prévoit-il :

Ces mesures, effectivement radicales, sont censées « répondre à l’ambition de création et de reconversion de 1 000 logements pour les dix prochaines années » et permettre de « rééquilibrer la part de résidences secondaires qui représente aujourd’hui 70 % du parc de logements ».

Par ailleurs, s’inscrivant pleinement dans les objectifs de la loi climat et résilience de 2021 afin d’atteindre le « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) d’ici 2050, les élus chamoniards ont décidé de convertir 90 hectares de zones à urbaniser en zones agricoles et 50 hectares en zone naturelle « permettant de préserver les prairies et des espaces végétalisés riche en biodiversité proches des habitations ».

Notons également que « les activités économiques traditionnelles du territoire telles que les menuiseries ou les scieries sont pérennisées via un zonage spécifique assorti d’une limitation de changement de destination ».

Enfin, signalons que le PLU présente différentes recommandations pour toute nouvelle construction ou réhabilitation pour renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments, développer la rénovation énergétique et l’installation de systèmes de chauffage vertueux, augmenter la production d’énergies renouvelables ou encore promouvoir une gestion et des usages raisonnés de la ressource en eau.

Pour résumer, Chamonix restreint la surface constructible, interdit les nouvelles constructions de résidences secondaires et limite la possibilité de faire de la location de courte durée, interdit la construction de nouveaux hôtels, n’autorise la rénovation que des « hôtels familiaux » et ne permet les agrandissements hôteliers (de 20 % seulement) qu’à la condition qu’ils permettent de loger des travailleurs. Quant aux locaux artisanaux, ils devront le rester.

Chamonix est devenue une commune française le 4 avril 1860, mais il est permis de se demander si le 13 mars 2025 (jour du vote du nouveau PLU), elle n’est pas devenue nord-coréenne.

Partout en France, les résidences secondaires sont honnies

Malheureusement, il n’y a pas que le maire de Chamonix qui se soit transformé en descendant de la dynastie Kim en s’en prenant violemment à la propriété privée.

En avril 2025, le maire de Bonifacio (Corse) imitait son confrère haut-savoyard en interdisant la construction de résidences secondaires sur l’ensemble des zones urbanisées de son territoire. Sa commune devenait ainsi la première du littoral français à prendre une telle décision.

En mai, c’était Royan (Charente-Maritime) qui imposait, dans une zone de 17 hectares où des programmes immobiliers sortiront de terre dans les prochaines années, que les futurs logements ne soient utilisés qu’en tant que résidences principales.

Il y a quelques jours, le 21 juin 2025, le nouveau PLU de l’agglomération Côte Basque-Adour (Bayonne, Anglet, Biarritz, Boucau et Bidart) obligeait à réserver 1 000 hectares de zones urbaines à la production de logements en résidence principale, interdisant de fait la création de logements en résidence secondaire, et introduisait une obligation de « logements à prix abordables » dans les opérations supérieures à 20 logements. Plus largement, les zones constructibles sont divisées par quatre et les terrains rendus à la nature.

Nul doute que ce genre d’initiatives va se multiplier dans les mois qui viennent puisque la loi Le Meur du 19 novembre 2024 le permet. Il faut dire qu’Emmanuel Macron a montré l’exemple en supprimant progressivement la taxe d’habitation sur les résidences principales. Ainsi, depuis le 1er janvier 2023, seuls ceux qui n’habitent pas de manière continue dans une commune – donc les propriétaires d’une résidence secondaire – paient la taxe d’habitation (qui n’a jamais aussi mal porté son nom !).

Ces propriétaires, s’ils ont la malchance d’être situés dans une zone dite « tendue » (là où la demande de logements dépasse largement l’offre), peuvent même avoir droit à une surtaxe qui peut aller jusqu’à 60 % de la taxe d’habitation. Enfin, n’oublions pas que c’est aussi le plus souvent leur résidence secondaire qui fait basculer les propriétaires dans la catégorie des contribuables assujettis à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).

Nous verrons dans notre prochain article que les choses pourraient encore s’aggraver : une nouvelle vague de propositions liberticides s’abat sur les propriétaires, avec une fiscalité toujours plus lourde sur les résidences secondaires, des restrictions croissantes à l’achat et une remise en cause insidieuse du droit de propriété au nom de la régulation du logement.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile