La Chronique Agora

La fin du monde ne sera pas forcément déclenchée par l’économie et la finance

Assez parlé de nos politiciens de carrière. Pour changer un peu, je vous propose aujourd’hui de marquer une pause en regardant ce qu’il se passe du côté de l’administration et des syndicats.

Les dernières frasques de Jean-Claude Juncker m’obligent cependant à commencer par un politicien, puisque nous avons tous été concernés de très près par ce qui est arrivé au Rwanda il y a quelques semaines de cela.

Le jour où la Terre a manqué d’être rayée de la carte du système solaire

Vous n’en n’avez peut-être pas entendu parler, mais l’ensemble des espèces végétales et animales ont récemment failli disparaître, et notre planète avec, sans que cela ait quoi que ce soit à voir avec les prévisions de fin du monde d’Aurélien Barrau et de Fred Vargas.

Non. Ce dont je veux vous parler, c’est d’une scène qui s’est déroulée à Kigali le 7 avril dernier, à l’occasion de la commémoration du génocide des Tutsis par les Hutus en 1994.

Invité à participer à cet événement en sa qualité de président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker était chargé d’allumer un flambeau devant le mémorial de Gisozi en compagnie du chef de l’Union africaine, du président du Rwanda et de l’épouse de ce dernier.

Cependant, au moment de retirer sa torche du feu, sans doute victime d’une perte d’équilibre due à sa « sciatique » (comme l’appelle sa porte-parole), Jean-Claude Juncker a failli mettre le feu au couple présidentiel ainsi qu’à sa propre personne.

Heureusement, le service de sécurité, qui surveillait de très près le haut responsable européen, que sa réputation précède, est intervenu à temps pour éviter le pire.

Comme l’ont souligné certains commentateurs, avec la teneur de Jean-Claude Juncker en liquides hautement inflammables à l’issue d’un repas, c’est en fait à bien plus que de simples brûlures que nous avons échappé.

Ce préambule ainsi posé, venons-en à nos considérations administratives. Ici, ce n’est pas de la fin du monde que nous allons parler mais de la fin de la langue française. Enfin, si vous considérez que c’est à peu près la même chose, ce n’est pas moi qui vais vous expliquer le contraire.

Administration : toujours plus loin dans la novlangue

Nous avons déjà vu que les politiciens de LREM ont un faible pour les anglicismes qui étaient en vogue dans le monde de l’entreprise des années 1990.

Sans doute animée par le désir de paraître un peu plus « start-up nation » que le parti présidentiel, l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) tente d’intégrer les expressions anglaises contemporaines dans la langue française. Voyez donc.

Vous non plus, vous n’avez pas la moindre idée de ce qui a pu passer par la tête des fonctionnaires de l’ANAH ? Heureusement, encore une fois, Diane de Fortanier est là pour expliquer comment a été composée cette indigeste bouillie administrative.

Si vous pensez que l’on a atteint un sommet avec nos fonctionnaires, attendez de voir comment parlent nos syndicalistes.

CFDT : enfin une solution simple à un problème compliqué !

Un peu plus loin dans le grand n’importe quoi (si tant est que cela ait encore un sens à ce stade d’établir une hiérarchie), je vous propose Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.

Vous l’avez ? Difficile sans le contexte…

Laurent Berger a fait cette « proposition » au mois de décembre dernier, au plus fort du mouvement des gilets jaunes. Un « Grenelle du pouvoir de vivre », c’était alors le « mode de faire » de la CFDT pour sortir du conflit. Il s’agissait de réunir des représentants du gouvernement, des gilets jaunes, des organisations patronales, des associations de lutte contre l’exclusion et la pauvreté… et bien sûr des organisations syndicales (comment se passer de ces gens tellement représentatifs des salariés ?).

Laurent Berger expliquait alors sur BFM :

« Le pouvoir de vivre, ça parle à tout le monde. Ça veut dire le pouvoir d’achat, le pouvoir de se déplacer, d’être logé correctement. Le pouvoir d’être entendu, de participer à des solutions concrètes qui nous concernent. C’est aussi le pouvoir de vivre dans un environnement sain, il ne faut pas oublier la transition écologique dans tout cela. »

« La solution est complexe. Elle exige de la nuance, de l’explication et de la confrontation du fond des idées, pas des slogans », précisait-il.

Parfaitement dans l’air du temps, il exigeait en même temps « une tranche d’imposition supplémentaire sur les plus hauts revenus ». Voilà pour le sens de la nuance.

Au moins la CFDT a-t-elle le mérite d’en appeler au dialogue. Cela n’est pas le cas de toutes ses consœurs, dont certaines se montrent plus impatientes de voir appliquer leurs idées.

Ceux qui prennent la place du rédac’chef

Comme chacun le sait, en particulier dans les syndicats d’extrême gauche, il n’y a rien de tel que le recours au rapport de force pour obtenir ce que l’on veut dans les délais les plus brefs.

La CGT de Philippe Martinez l’a encore prouvé le 16 mai en refusant de distribuer trois journaux dont le contenu lui déplaisait : Le Point, Paris Match et Valeurs actuelles.

Nous vivons donc dans un pays où des adeptes de la censure ont un poids suffisant pour s’arroger le droit de décider des titres qui ont le droit d’être lus. Mais à quoi d’autre s’attendre de la part d’authentiques communistes…

Garder la « positive attitude » à l’approche de la fin du monde : la méthode Patrick Balkany

Voilà, nous arrivons à la fin de ce billet. Si vous aussi vous avez du mal à vous réjouir face au monde décidément bien gris de la politique, peut-être devriez-vous prendre exemple sur Patrick Balkany.

Face à l’adversité, ce dernier a rappelé une fois encore qu’il ne faut jamais hésiter à jouer au troll de compétition pour mettre l’ambiance. Si exceptionnellement la stratégie ne s’avère pas payante, au moins, vous vous serez bien marré !

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