La Chronique Agora

La fin d’année boursière sera difficile (2/2)

La croissance mondiale ralentit et les robots contrôlent les marchés – vers quels investissements vous diriger pour assurer des gains en 2020 ?

Comme nous l’avons vu hier, les marchés actions font des montagnes russes… mais stagnent dans leur ensemble.

Ils ne sont pas les seuls : l’impact cumulé des guerres commerciales, guerres des devises et tensions géopolitiques se reflète également dans le ralentissement de la croissance mondiale.

La synthèse suivante est tirée de la conférence de presse du 15 octobre 2019 concernant les perspectives économiques mondiales établies par le FMI et présentées par Gita Gopinath, directrice du département de recherches du FMI.

« L’économie mondiale connaît un ralentissement synchronisé :  

La croissance a de nouveau été révisée à la baisse pour 2019, à 3%, soit son rythme le plus lent depuis la crise financière mondiale. Le tassement de la croissance est la conséquence de l’augmentation des obstacles au commerce et les tensions géopolitiques.  

Les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, selon des estimations, entraîneraient une réduction cumulée du niveau du PIB mondial de 0,8% d’ici à 2020. Le tassement de la croissance est également la conséquence de facteurs spécifiques dans plusieurs pays émergents […] et de facteurs structurels, dont une faible productivité et un vieillissement de la population dans les pays avancés.

 L’atonie de la croissance en 2019 se caractérise notamment par un ralentissement généralisé sur le plan géographique de l’industrie manufacturière et du commerce mondial. La hausse des droits de douane et l’incertitude prolongée qui entoure les politiques commerciales ont entraîné une baisse de l’investissement et de la demande de biens d’équipement. 

L’industrie automobile connaît également une contraction en raison de chocs spécifiques, tels que les perturbations dues aux nouvelles normes d’émission appliquées dans la Zone euro et en Chine, dont les effets sont durables. Ainsi, la croissance du volume des échanges commerciaux au premier semestre de 2019 est de 1%, soit le plus faible niveau enregistré depuis 2012. »

Les robots sont idiots

La volatilité due aux bonnes/mauvaises nouvelles s’explique également facilement. Les marchés actions ne sont plus entre les mains d’êtres humains ayant différents points de vue.

Ils sont contrôlés par des robots. Or les robots sont idiots.

Beaucoup d’investisseurs croient encore que leur courtier place toujours des ordres de vente et d’achat face à d’autres ordres semblables passés par des êtres humains ayant des opinions différentes, que le rapprochement des ordres est informatisé et qu’il en résulte un marché bien ordonné où la découverte du prix est efficace.

Ce scénario est inexact.

Aujourd’hui, plus de 95% des transactions réalisées sur le New York Stock Exchange sont générées par des robots à l’aide d’algorithmes permettant de décider à quel moment acheter et vendre.

Il ne s’agit pas de systèmes d’appariement (qui existent depuis les années 1990). Il s’agit de robots de trading qui prennent des décisions sans l’intervention d’êtres humains. Le trading ne met plus des hommes et des femmes face à face. Il fait intervenir des robots face à d’autres robots, et un petit nombre de transactions fait intervenir un homme ou une femme face à un robot.

On n’essaie pas de jouer au plus malin face à un autre être humain. Mais on essaie de jouer au plus malin face à un robot.

La bonne nouvelle, c’est qu’il est facile de cerner un robot. Les robots agissent automatiquement, selon un code source et des algorithmes développés par des codeurs et des experts en mathématiques appliquées qui ne connaissent pas forcément grand-chose à la psychologie de marché.

Les robots achètent et vendent en fonction des gros-titres ou de mots clés. Ils achètent également à la hausse (tel que défini) et vendent à la baisse (également tel que défini) en fonction de limites fixées par les développeurs.

Cette dynamique explique à la fois la volatilité à court terme et le trading à plus long terme cantonné au sein d’un range.

D’un côté, les robots se précipitent (en quelques microsecondes) pour se débarrasser d’actions à la moindre mauvaise nouvelle émanant des guerres commerciales. De même, ils achètent des actions à la moindre bonne nouvelle émanant des guerres commerciales.

Dans le même temps, les robots vendent en général lorsque les actions s’approchent des 27 000 points sur le Dow Jones (ou sur d’autres indices, comme le S&P 500) et achètent lorsqu’elles s’approchent des 25 000 points.

Tout n’est pas programmable…

Malheureusement, ni les robots ni leurs développeurs humains ne se sont préparés à l’avènement d’une ère Trump : le lundi, le président Trump déclare que le président Xi est son « meilleur ami » et, le mercredi, il dénonce le « vol » commis par les Chinois.

Les robots sont doués pour déchiffrer les gros titres, mais ils ne sont pas doués pour saisir les nuances, ni le langage du corps ni « l’art de la négociation » selon Trump.

La même chose est vraie pour leur compréhension de la Fed. Jerome Powell a d’abord eu une attitude « hawk » [NDLR : « faucon », symbole de la rigueur monétaire] en décembre 2018 (lorsqu’il a relevé les taux d’intérêt), puis « dove » [NDLR : « colombe », symbole d’une attitude accommodante] en janvier 2019 (lorsqu’il a promis qu’il n’y aurait plus de relèvement des taux), et « super-dove » au printemps 2019, lorsqu’il a décidé d’abaisser les taux d’intérêt et de mettre fin aux réductions de bilan de la Fed.

Puis, en septembre 2019, son attitude a été confuse, lorsqu’il a déclaré qu’il n’abaisserait peut-être pas les taux d’intérêt rapidement, mais qu’il élargirait le bilan de la Fed.

Comment un robot peut-il comprendre un humain en proie à un tel conflit intérieur ? C’est impossible. Mais il peut acheter ou vendre à chaque nouvelle une de la presse.

Il faut retenir que la croissance s’affaiblit, que la Fed abaisse les taux, que les guerres commerciales ne sont pas terminées (malgré les discours optimistes) et que les tensions politiques montent.

Pour les actions, il y a un mélange de vents favorables (l’abaissement des taux de la Fed et les bonnes nouvelles sur le front des guerres commerciales) et de vents contraires. Ces dynamiques vont avoir tendance à se compenser et, début 2020, à laisser les actions à leur niveau actuel.

Voilà une bonne raison de réduire les expositions aux actions et d’envisager les trades plus puissants qu’offrent les obligations et l’or.

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