La Chronique Agora

La fièvre de l’or

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Jetons un œil sur le ratio Dow/or, la meilleure réserve de valeur de l’histoire, et la stratégie d’investissement qui nécessite seulement de suivre la tendance primaire…

Nous quittons la France, en route pour l’Irlande. Cette fois, la météo est censée être plus clémente. Donc, nous tentons notre chance en haute mer. Nous allons donc rouler jusqu’à Cherbourg et prendre le ferry pour contourner l’Angleterre et traverser la mer d’Irlande jusqu’à Dublin.

Le voyage est un délice en été. Mais pas quand la mer est agitée.

En attendant…

Ici, à La Chronique Agora, nous mesurons notre richesse en or. Ce n’est pas une mesure parfaite. Les spéculateurs font souvent monter ou descendre le prix de l’or. Mais il revient toujours à un niveau raisonnable.

Certains investisseurs espèrent gagner de l’argent en achetant de l’or dans une phase de hausse. Ce n’est pas le cas. L’or ne produit rien. Il ne fait aucun profit. Il n’ajoute pas un centime à la richesse du monde. L’or est une spéculation, pas un investissement.

Ou bien… c’est une réserve de valeur, et c’est ainsi que nous l’utilisons.

Le multiplicateur de Midas

Entre le 3 novembre 2022 à aujourd’hui, l’or a augmenté d’environ 270 $, ce qui représente une hausse de 16,5%. Cela a suscité l’enthousiasme des spéculateurs. Et notre intérêt aussi. Il semble que le métal jaune soit sur le point d’atteindre les 2 000 $ une fois de plus (après août 2020 et mars 2022).

« Il n’y a pas de fièvre comme la fièvre de l’or », disait notre vieil ami Richard Russell.

Mais si vous mesurez votre richesse en or, une hausse – ou une baisse – du prix n’a (presque) aucune signification. Votre richesse reste inchangée. Car vos onces d’or ne se multiplient que si vous les vendez.

Voici ce que nous voulons dire…

On ne reçoit qu’en donnant. La vraie richesse provient du fait de procurer de la richesse – des biens et des services – aux autres. Toutes les personnes honnêtes procèdent ainsi, qu’elles commercialisent leur temps ou prêtent leurs biens.

Un investisseur possède un actif (de la monnaie) que d’autres personnes peuvent utiliser. Il le prête en échange d’un intérêt, ou bien il participe aux bénéfices. Ces bénéfices sont la différence entre le temps et les ressources consacrés à la production d’un bien ou d’un service et ce qu’il vaut sur le marché libre une fois qu’il est prêt à être vendu. Ce profit est la mesure par laquelle les propriétaires de l’entreprise s’enrichissent… et aussi la mesure par laquelle la société elle-même s’enrichit.

L’or est simplement une forme de « monnaie », la meilleure forme. Mais même la meilleure monnaie n’a aucune valeur en soi. Elle n’a de valeur que dans la mesure où elle peut être transformée en biens et services, et être consommée… ou utilisée pour produire davantage de richesse. Warren Buffett a raison : détenir de l’or en soi est un exercice inutile. L’or ne rapporte rien.

Des modèles divers

Mais il y a un temps pour tout… même pour les exercices inutiles. Il y a un temps pour semer et un temps pour récolter. Et un temps pour ne rien faire. Le monde n’aurait-il pas été meilleur si Adolf Hitler avait décidé d’écrire un roman – même un mauvais roman – plutôt que d’attaquer la Pologne ? Las Vegas est peut-être une ville sans utilité, mais en 1942, c’était un endroit bien plus agréable à vivre que Stalingrad.

Comme nous l’avons vu, les marchés évoluent selon des cycles longs et vastes. Les actions ne sont pas toujours en hausse. Parfois elles baissent pendant de longues périodes. Après 1929, il a fallu attendre 25 ans avant que les actions ne remontent. Après 1966, les prix (corrigés de l’inflation) ont mis 30 ans à rebondir. Et aujourd’hui, en février 2022, la tendance majeure aux Etats-Unis est à nouveau à la baisse.

Les chiffres sont trompeurs ; les modèles sont déroutants. Les prix montent et descendent, en termes nominaux. Mais la seule façon de savoir si vous gagnez ou perdez de la richesse est de considérer les prix en or. Alors, vous pouvez voir plus clairement (mais pas parfaitement) ce qui se passe.

En 1966, l’indice Dow Jones a atteint un sommet majeur. Il fallait 25 onces d’or pour acheter les 30 actions du Dow Jones. Puis, le rapport Dow/or a baissé. Un investisseur savait parfaitement que les entreprises dégageaient encore des bénéfices. Il savait aussi que, s’il voulait obtenir de la vraie richesse, il devait s’en tenir aux entreprises qui produisaient de la vraie richesse, c’est-à-dire les entreprises qui faisaient des profits. Et il savait que l’or était aussi improductif et sans vie qu’une session conjointe du Congrès… Un « investissement » dans l’or serait donc inutile.

A ce moment-là, les actions du Dow étaient chères. En termes d’or, leur valeur allait baisser pendant les 16 années suivantes (jusqu’en 1982) et ne se redresserait pas complètement avant 1996. Ainsi, si l’on fait abstraction des dividendes, il n’y avait aucun intérêt à détenir des actions (et certainement pas des actions qui ne versaient pas de dividendes) pendant toute cette période.

Une richesse bien réelle

Mais, si vous aviez retiré votre argent du Dow Jones en 1966, vous auriez obtenu jusqu’à 27 onces d’or. Et, si vous aviez simplement conservé cet or, vous auriez toujours 27 onces. Mais, sachant que le véritable argent est gagné en fournissant de vrais biens et services à la société, vous auriez dû garder un œil sur le Dow. Et lorsque le ratio Dow/Gold est tombé à son plus bas niveau historique en 1980, vous auriez eu la chance de votre vie.

Pour information, notre objectif – pour racheter le marché boursier – est un ratio Dow/or inférieur à 5.

Ainsi, si vous aviez saisi l’occasion d’échanger vos pièces d’or à 5 onces pour le Dow en 1978, vous auriez pu profiter du grand marché haussier qui a suivi… jusqu’en 1999, où vous auriez pu échanger vos actions du Dow Jones contre 40 onces.

Et nous voyons ici le pouvoir de rebond :

1) d’un marché haussier…
2) des entreprises qui contribuent à notre richesse…
et 3) de la tendance primaire. Notre richesse réelle, mesurée en onces d’or, aurait été multipliée par 20 entre 1966 et 1999.

Essayons donc de condenser ces propos en quelques points clés.

L’or est de la vraie monnaie. Mesurer votre richesse en onces d’or est plus fiable que de le faire en dollars. Mais l’or est improductif ; détenir de l’or pour toujours ne vous mène nulle part… votre richesse ne croît pas.

Les actions – qui représentent la propriété de sociétés à but lucratif – vous permettent de gagner de l’argent. Mais la détention d’actions ne suffit pas non plus à accroître votre patrimoine. Mesurées en or, leur valeur monte et descend ; aujourd’hui, elles n’ont pas plus de valeur qu’il y a 98 ans.

Au fil du temps, tout ce que vous gagnez avec les actions, en gros, c’est ce que vous obtenez en dividendes.

Vous pouvez faire mieux, du moins en théorie, si vous achetez des actions lorsqu’elles sont historiquement bon marché (en utilisant le ratio Dow/or comme mesure) et les vendez lorsqu’elles sont chères. Restez fidèle à l’or pendant les périodes où la tendance principale des actions est à la baisse.

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