▪ Comme on pouvait s’y attendre, les Grecs ont voté « non ». Lorsqu’on demande à un débiteur s’il préférerait ne pas payer, que peut-on attendre d’autre ? Imaginez ce qui se passerait s’il n’avait jamais eu l’argent. Lorsque les élites gouvernementales empruntent, l’argent va rarement aux électeurs. Pas étonnant qu’ils ne veuillent pas payer la facture.
| C’est encore plus notable en Chine, où le marché a perdu près de 30% sur les trois dernières semaines |
L’Europe retient donc son souffle, attendant de voir ce qui va se passer ensuite. Nous sommes assis dans le hall d’un hôtel de Londres — où un écran de télévision nous dit que « les marchés chutent ».
C’est encore plus notable en Chine, où le marché a perdu près de 30% sur les trois dernières semaines — effaçant 3 000 milliards de dollars de « richesse » qui n’a jamais vraiment existé.
En ce qui nous concerne, nous avons passé ces derniers jours à Baltimore — fête nationale américaine oblige.
Le 4 juillet, il a plu tout le long de la journée. Un groupe de tambours et pipeaux défilait dans Charles Street, sous une pluie battante. Vêtus d’uniformes de 1800, ils traversaient la foule qui attendait au pied du Washington Monument, au coeur du quartier historique de Baltimore, Mount Vernon. Jeunes et vieux étaient rassemblés sous des parapluies. Des bannières proclamaient le 200eanniversaire du monument.
La veille de la célébration, nous avions eu droit à une visite privée. Le monument est une merveille de maçonnerie — la colonne centrale est soutenue par une fondation voûtée, faite de brique et de pierre. Il y a 225 marches entre la base et le sommet.
En hommage aux contributions de sa profession, le maître de la loge maçonnique locale avait été chargé de prendre la parole pour les félicitations habituelles. Il était vêtu de noir, bardé de médailles et portait en outre un chapeau haut-de-forme. Ne connaissant rien des francs-maçons, nous n’étions pas certain que ses vêtements étaient modernes ou à l’ancienne mode.
« On ne verrait jamais une chose pareille en France », murmura Elizabeth.
« Son costume, tu veux dire ? »
« Non… je veux dire un franc-maçon à un événement gouvernemental ».
▪ Politiciens de tous ordres
Les francs-maçons sont craints et méprisés, en France. On pense qu’ils ont passé un pacte avec le diable… ou pire, avec des Anglo-Saxons ! On dit qu’ils tirent les ficelles et complotent en coulisses. En quoi cela les différencie-t-il des politiciens de tous horizons, mystère.
| Les politiciens sont réélus en donnant des choses qui ne leur appartiennent pas |
Une fois le danger caché descendu de l’estrade, le danger évident y monta : la maire de Baltimore, Stephanie Rawlings Blake.
« Elle a terriblement mal géré les émeutes », nous a dit un ami. « Elle travaille dur à se racheter ».
Les politiciens sont réélus en donnant des choses qui ne leur appartiennent pas. Ils inaugurent un pont construit avec de l’argent volé. Ils promettent des pensions mirobolantes aux pompiers et aux policiers — et les paient en réduisant les retraites des boulangers et des plombiers. La rédemption, en politique, est basée en grande partie sur l’amnésie. Et la dette. Après quelques années de monuments restaurés et de fonctionnaires corrompus, la plupart des gens ont oublié les affaires et les désastres civiques.
Quant aux emprunts, ils permettent de faire passer les coûts à des gens qui n’ont pas de mémoire — bon nombre n’étant même pas nés. Lorsque la facture finit par arriver, la plupart des gens a oublié qui a contracté les dettes et à quoi elles servaient.
La rénovation du monument de Mount Vernon a lieu une fois tous les 100 ans. C’est le premier monument élevé en l’honneur de George Washington ; construit en 1815, il a été commencé avec des capitaux privés, complétés plus tard par l’état du Maryland. Pour autant que nous en sachions, il n’y a pas eu d’endettement.
Aujourd’hui en revanche, la dette est partout — par pleines montagnes. Et plus les mauvaises nouvelles pleuvent, plus grand est le danger d’avalanches et de glissements de terrain. Et le problème avec les avalanches, c’est qu’on ne sait jamais ce qui les déclenchera.