La Chronique Agora

Fed, novlangue et assouplissement quantitatif

Une lueur d’espoir dans le tunnel de la plus grande crise depuis 1929

Bonjour,

 ▪ « Le but de la novlangue », écrit George Orwell dans son roman 1984, « était non seulement de fournir un mode d’expression aux idées générales et aux habitudes mentales des dévots de l’Angsoc [le nom qu’a donné Orwell au régime en place dans 1984, NDLR.], mais de rendre impossible tout autre mode de pensée ».

Le chroniqueur William Pfaff, dont nous partageons souvent les idées, a utilisé la citation d’Orwell pour décrire comment le gouvernement des Etats-Unis en est venu à soutenir inextricablement la base de Guantanamo, qu’il compare aux goulags de la Russie stalinienne — à peine pire dans le sens où les condamnations au goulag, au moins, avaient une date de fin.

Alors que fermer la base semble être devenu politiquement impossible, « on pourrait encore dire certaines choses utiles sur cette situation », écrit Pfaff avec un espoir qui s’amenuise. C’est « de toute évidence un phénomène à caractère totalitaire, imitant, en toute connaissance de cause, la destruction du cadre judiciaire dans le système nazi par des moyens d’emprisonnement arbitraires dans des camps de concentration et par des méthodes généralisées dans la pratique de la Gestapo et des SS ; et dans la Russie stalinienne par sa police secrète et ses camps de travaux forcés ».

▪ Aussi effrayante que soit la perception qu’a Pfaff de Guantanamo, nous ne pouvons nous empêcher de penser à Orwell lorsque nous écoutons les reportages retransmis par la NPR (National Public Radio, radio nationale publique américaine) sur la publication par l’Office for National Statistics du produit intérieur brut (PIB) britannique ce matin.

Le fait est que le PIB en Grande-Bretagne est redevenu — tout juste — positif au premier trimestre 2011. Les statisticiens à Londres estiment que l’économie du Royaume-Uni a grimpé de 0,5%, rattrapant ainsi la perte de 0,5% au quatrième trimestre 2010.

Cette information a été interprétée comme catastrophique par un analyste de la City interviewé par le journal Morning Edition. Les « mesures d’austérité » mises en place par le gouvernement de Cameron continueront à « supprimer » du PIB, à moins que la Banque centrale n’ouvre les robinets monétaires pour contrer la fermeture des robinets fiscaux.

Puisque l’assouplissement quantitatif (QE, quantitative easing) en Angleterre s’élève à une pauvre somme de 121 milliards de dollars depuis la panique de 2008 — bien loin des près de 5 000 milliards de dollars mis sur la table par les Etats-Unis, l’Union européenne et le Japon — le commentateur pense que les Anglais sont condamnés.

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Lorsqu’on lui demande de conjecturer sur l’effet des « mesures d’austérité » proposées par le président des Etats-Unis pour l’économie américaine, le commentateur n’y comprend goutte. Que pourrait-il effectivement arriver si la Fed met fin à l’assouplissement quantitatif et que le Congrès propose de réellement maîtriser les dépenses ?

Diable ! Toute activité économique provient des dépenses gouvernementales ou d’un assouplissement monétaire. De nos jours, penser l’économie en d’autres termes est devenu politiquement « irresponsable »… voire « complètement fou ». Ce n’est même pas imaginable.

▪ L’analogie entre la politique étrangère et la politique monétaire serait amusante, si la tendance sociétale n’était pas si inquiétante.

« Guantanamo a été un facteur dans ce qu’il n’est pas déraisonnable d’appeler la totalitarisation de la culture politique américaine », affirme Pfaff dans son article. « Cela a été rendu possible du fait de la prohibition effective (ou diabolisation) de certaines positions politiques — ou du plaidoyer en faveur d’autres positions politiques — jugées ‘anti-patriotiques’ et par conséquent inacceptables dans le discours politique de la nation — y compris, dans certains cas, dans les discours et débats au Congrès ».

Autant il est hérétique de ne pas être d’accord avec la politique étrangère décidée derrière des portes closes par des responsables non élus, autant il est tout aussi impoli de remettre en cause la sagesse de la politique monétaire décidée derrière des portes fermées par un autre groupe d’hommes à Washington.

Nous supposons que les conférences de presse aujourd’hui prévues par la Réserve fédérale, la première d’entre elles ayant eu lieu mardi après-midi, sont destinées à ouvrir les portes fermées. Mais nous avons des doutes.

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Bernanke a parlé !

Bill Bonner

 

▪ Bernanke s’est exprimé. Il a tenu une conférence de presse. Pourquoi le monde voudrait-il une conférence de presse de la part d’un banquier central ? Ah… bonne question. Parce que c’est une célébrité. Il est puissant. Il a le bras long. Il est aussi populaire que William et Kate combinés.

Par le passé, un banquier central était censé être anonyme… silencieux… caché quelque part… si fondu dans la masse qu’un citoyen ordinaire ne connaîtrait ni son nom ni son visage.

Un bon banquier central était un banquier central dont on n’avait jamais entendu parler. Il faisait son travail. Il s’assurait que le pays avait assez d’or pour couvrir ses dettes extérieures et ses émissions de devises au niveau national. Il ne s’inquiétait pas du plein emploi. Il ne se souciait pas non plus de la « croissance ». Son travail, c’était de s’assurer que la devise était saine. C’est tout. S’il le faisait correctement, il n’était personne.

S’il s’en sortait mal, en revanche, il risquait de finir castré. Ou déshonoré, à tout le moins.

Les temps ont changé. Alan Greenspan a transformé les banquiers centraux en célébrités. Il figurait aux côtés d’Hillary Clinton lors du discours de son mari sur l’état de l’Union… signifiant ainsi l’alliance entre l’argent et le pouvoir, un peu comme le pape et le saint empereur romain apparaissant tous les deux sur le balcon du Vatican.

Aujourd’hui, qui ne reconnaîtrait pas la trombine de Ben Bernanke ?

En fait, on le tient pour largement responsable du sauvetage de la civilisation occidentale. Oui, il est allé là où les idiots hésitaient à s’aventurer — et il a sauvé toute l’affaire.

Et maintenant ?

Eh bien, ses efforts se sont révélés être un échec retentissant. TARP, TALF, QE1, QE2… les autorités américaines ont mis en danger plus de 10 000 milliards de dollars pour renverser la situation. Les déficits fédéraux à eux seuls représentent 4 500 milliards de dollars sur les trois dernières années.

Et pour quoi ? L’immobilier continue de chuter. Le taux de chômage dépasse encore les 10%… sauf si l’on cesse de compter les gens qui n’ont pas pu trouver de travail. Plus de 40 millions d’Américains reçoivent des bons d’alimentation. Et toute augmentation du prix du carburant ou des denrées alimentaires mettent les budgets des ménages sous pression comme une augmentation d’impôt.

▪ Aujourd’hui, non seulement le banquier central joue un rôle bien plus grand dans la vie d’une économie moderne, mais il en va de même pour le gouvernement. Un rapport paru en début de semaine nous apprenait que plus de la moitié de la « croissance des revenus » ces 10 dernières années aux Etats-Unis provenait des autorités !

Attendez une minute. Où le gouvernement obtient-il de l’argent ? Comment les autorités peuvent-elles donner à plus de la moitié des ménages américains plus de la moitié de leurs augmentations de revenus ? Qui paie pour cela ?

Cet argent n’appartient-ils pas à quelqu’un d’autre, en réalité ? Ne déshabillent-ils pas Pierre pour habiller Paul ?

Si, bien entendu. Mais Pierre n’est pas en âge de voter, alors qui s’en soucie ?

Le Fiscal Times rapportait que les électeurs américains — dans leur ensemble — reçoivent plus en allocations gouvernementales qu’ils ne paient d’impôts.

Les autorités ont transformé la moitié de la population en zombies débutants… qui se nourrissent de l’autre moitié de la population… et de leurs enfants… et des enfants de leurs enfants.

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Gold versus VIX : le paradoxe effarant

Philippe Béchade

 

▪ Le CAC 40 va-t-il inscrire ce vendredi une mythique septième séance de hausse consécutive ? Le dollar va-t-il tester un nouveau plancher annuel de 1,50/euro tandis que le pétrole s’installera au-dessus des 115 $ ?

Le Nasdaq inscrira-t-il un nouveau zénith au-delà des 2 870 points, son meilleur score intraday depuis le 24 janvier 2001 ? La croissance américaine se redressera-t-elle au-dessus des 2% au deuxième trimestre 2001 ?

Les réponses importent beaucoup moins que le constat de l’aspect surréaliste de la juxtaposition de ces questions.

Comment le Nasdaq parvient-il à battre ses records de l’automne 2007 alors que la conjoncture américaine est juste deux fois moins vigoureuse qu’à l’époque ? Rappelons que la consommation des ménages américains (et européens) replonge au mois de mars ; ne parlons pas du Japon où les ventes de détail s’effondrent de 8,5%.

Comment le DAX 30 parvient-il à atteindre un nouveau sommet annuel à pratiquement 7 500 points alors que le dollar dévisse de 10% par rapport à ses niveaux de la mi-février ? Cette date marque le précédent zénith long terme au contact des 7 440 points.

Comment les investisseurs s’exonèrent-ils des signaux d’alertes inflationnistes en provenance du compartiment des matières premières avec une once d’or à 1 535 $ et un Brent à 126 $ ?

La contradiction n’est qu’apparente : il suffit simplement d’adopter le principe selon lequel il ne faut pas chercher à raisonner le marché.

Puisque tout monte, les taux d’intérêt (sauf aux Etats-Unis), le pétrole, les céréales, les oeuvres d’art, les métaux précieux, les actions… il n’y a qu’à se laisser porter par la vague et profiter de l’aubaine !

C’est un peu comme un parieur qui se serait égaré dans les paddocks de l’hippodrome juste au moment où une bande margoulins est en train de débattre de l’ordre d’arrivée du prochain tiercé. Mais bien sûr, les paris sont truqués, le commissaire de course et les jockeys montant les trois favoris sont corrompus.

Le but de la manoeuvre consiste à miser sur les plus grosses cotes afin de maximiser les gains. De la même façon, ceux qui manipulent les indices retiennent l’hypothèse la moins probable — et si possible la plus absurde — afin de laminer tous les intervenants qui s’imaginent que le marché constitue la somme des stratégies appliquées par les intervenants dotés du plus solide bon sens.

▪ Le bons sens consistait à fuir la Bourse au troisième trimestre 2007. A cette époque, les échanges interbancaires commençaient à se figer suite à la désintégration de la confiance dans les dérivés de crédit.

Mais Wall Street avait opté pour la fuite en avant. La sphère médiatique (aux ordres de la sphère financière) martèlerait jusqu’au bout que la hausse des actions prouvait que le danger d’un accident systémique lié au secteur du crédit — ou même d’une correction mineure dans l’immobilier — était inexistant.

Les faiseurs d’opinion s’appuyaient sur un avis qui avait valeur d’oracle irréfutable et de Tables de la Loi ; un avis suivi religieusement par les experts de tout acabit — un avis que seul l’inestimable Ben Bernanke pouvait répéter inlassablement sans se voir traiter de crétin et de menteur.

Car c’est bien lui qui a endormi l’opinion durant plus d’un an (de l’été 2007 à l’été 2008). Il a soutenu que le secteur du logement marquerait au pire une pause avant de repartir de plus belle à la hausse. D’après lui, le risque d’impact négatif de la crise des subprime apparaissait négligeable compte tenu de la solidité du système bancaire américain.

Il affirmait hier que la résurgence de l’inflation était « temporaire » et que sa politique monétaire laxiste ne contrevenait pas à l’objectif de stabilité des prix de la Fed et de préservation de la valeur du dollar. Nous pouvons donc le croire sur parole !

▪ Seuls quelques idiots de cambistes se sont empressés de vendre du dollar mercredi soir. Cela a réjoui Wall Street puisque la désintégration du billet vert dope la compétitivité des entreprises américaines.

Les indices US en ont profité pour battre avec entrain de nouveaux records annuels. La place boursière a validé les scénarios les plus haussiers des 80% de professionnels qui affirment haut et fort leur optimisme inoxydable. Mais la plupart d’entre eux — à titre personnel — achètent surtout de l’or tout en serrant les stops sur les actions.

Wall Street a paru hésiter ce jeudi en première partie de séance. Les indices américains sont ensuite passés de 0 à +0,3% entre 17h00 et 17h30, ce qui a entraîné une clôture au plus haut du jour à Paris (+0,91% à 4 105 points) ainsi qu’à Francfort (+0,95% à 7 475 points).

Le DAX inscrit ainsi un nouveau zénith annuel à 4 780 points. Pendant ce temps, le dollar a perdu 10% depuis le précédent record des 7 440 points de la mi-février.

Voilà un nouvel exemple du recours systématique à la manipulation des cours destinée à entretenir la hausse somnambulique des indices boursiers. C’est la politique du miracle permanent ; plus l’actualité économique apparaît de nature à doucher l’optimisme du marché, plus les acheteurs se sentent pousser des ailes.

▪ Avez-vous seulement gardé le souvenir d’un mauvais chiffre qui ait fait plier Wall Street depuis le 31 décembre dernier ?

Même Fukushima débouche sur une série de sept semaines de progression consécutives des indices américains. La mécanique haussière se trouve opportunément relancée par la menace de dégradation de la dette US par Standard & Poors il y a 10 jours, et hop ! Sept séances de gain consécutives pour le Nasdaq dans la foulée.

Plus c’est ubuesque, plus le marché se régale ! Il applaudit l’échec complet du QE2 de la Fed en termes de croissance (elle rechute de 3,1% à 1,8% depuis sa mise en oeuvre) et de créations d’emplois.

▪ Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont bondi de 25 000 lors de la semaine du 23 avril (à 429 000). La moyenne mobile sur quatre semaines a vivement progressé : elle grimpe de 2%, à 408 500. Cette fois-ci, aucun biais statistique ou conjoncturel n’explique cette dégradation.

Le dollar continue d’enfoncer des planchers annuels (à 1,4830/euro) et sa perte dépasse maintenant les 4% en 10 jours. C’est l’équivalent de la hausse de Wall Street ou des places européennes, ce qui illustre un véritable phénomène de vases communicants.

Nous essayons depuis des mois d’investir en recherchant des gisements de création de valeur. Mais finalement, tout se résume à des jeux d’écriture, du trading algorithmique haute fréquence, des prises à contre-pied systématiques du moindre consensus baissier pour le seul profit de ceux qui les orchestrent. Le but étant de ramener le VIX (l’indice du stress) sous le plancher technique des 15, ce qui est chose faite depuis 48 heures.

Et dans quel but d’après vous ?

Demandez-vous seulement s’il s’est produit une seule fois au cours des 50 dernières années cette combinaison prodigieuse et totalement contre nature d’une once d’or qui pulvérise record sur record (1 539 $ jeudi soir) tandis que le VIX enfonce plancher sur plancher.

Le VIX, c’est le baromètre de la sphère du virtuel carburant à la monnaie de singe. Le métal précieux, c’est exactement l’inverse. Devinez lequel préfigure la teneur des mois à venir ?

PS : Que nous réserve la séance d’aujourd’hui ? Comment vous positionner pour en profiter au mieux ? Retrouvez Philippe Béchade au 08 99 88 20 36*pour une analyse exclusive des coulisses boursières… et des conseils pour y adapter votre portefeuille.

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Comment ça ?

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Une lueur d’espoir dans le tunnel de la plus grande crise depuis 1929

Simone Wapler

 

▪ Il y a quelques jours, un tout petit chiffre passé inaperçu m’a insufflé une vaste bouffée d’optimisme. En France, « malgré un tassement de la consommation, le dynamisme de la production manufacturière contribuerait à un acquis de croissance de 1,4% à fin juin », indiquait l’Agefi.

« Bof »… me direz-vous. Pas du tout, ce tout petit bourgeon de 1,4% est de la vraie croissance. C’est la raison de mon optimisme tout neuf, et non un début de printemps bizarrement chaud (qui apporte de l’eau au moulin des tenants du réchauffement climatique).

Vous vous rendez compte :

– il ne s’agit pas de pseudo-croissance qui vient des brasseurs d’argent à qui on donne de l’argent créé à partir de rien pour qu’ils puissent se refaire une santé financière ;
– il ne s’agit pas non plus d’emplois subventionnés, créés en empruntant de l’argent qui va nous coûter de plus en plus cher à rembourser ;
– ce n’est pas non plus une croissance due à la consommation de produits et services fabriqués ailleurs et achetés avec du crédit à la consommation par des gens qui n’ont pas les moyens de payer cash.

Si l’INSEE a raison, ces 1,4% viennent de gens qui produisent des vraies choses qu’on peut toucher et que d’autres achèteront avec du vrai argent, vraiment gagné et pas emprunté. On en pleurerait d’émotion (sauf que les mouchoirs en papier ayant récemment beaucoup augmenté dans le sillage des matières premières, je vais faire attention à ne pas me laisser submerger par mes larmes).

« Et comment savez-vous qu’il s’agit de vrai argent », me demandez-vous soupçonneux, pointilleux et vétilleux ? D’une part parce que le taux d’épargne des Français reste très élevé, 16% du revenu en 2010 et 15,7% en 2011, malgré l’inflation qui est de retour et qui inquiète la Banque centrale européenne. D’autre part, parce que les Français ont eu moins recours au crédit à la consommation. Le Figaro rapporte que selon « la Fédération bancaire française (FBF) la part des ménages français détenant un crédit n’avait pas atteint un niveau aussi faible depuis 15 ans. Moins de la moitié (49,5%) des foyers détenait ainsi un crédit fin 2010 ».

« Et s’il s’agissait de restockage », doutez-vous toujours, « et si les contrecoups du séisme japonais, susceptibles d’entraîner des ruptures d’approvisionnement, allaient nous casser tout ça » ? Oui, peut-être, comment savoir ? Mais ce petit bourgeon est en soi celui du retour à la raison. Laissez-moi être optimiste, scrogneugneu, à partir du moment où mon optimisme n’est pas acheté à crédit.

Nous avons toujours soutenu que la crise que nous vivons n’était pas une « crisounette » de plus et que nous allions vivre un changement majeur. Le modèle économique d’avant, celui de la surconsommation à crédit (que ce soit à titre individuel ou public), est à bout de souffle. Dans ce modèle, le crédit est la matière première, la confiance, le capital. Les brasseurs d’agent, qui construisent et négocient le crédit comme on transforme une matière première, tiennent le haut du pavé.

Mais on peut rêver qu’un jour les ingénieurs n’iront plus chercher du boulot dans la finance, pour y tripatouiller des statistiques douteuses afin de rassurer les brasseurs d’argent sur des risques stupides. On peut penser qu’avec un regain d’activité industrielle, ils aimeront, par exemple, réfléchir à la consommation et la distribution d’énergie de l’après-Fukushima.

[Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par les investissements « tangibles » et c’est ce qu’elle met chaque semaine au service des abonnés de L’Investisseur Or & Matières. Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances, et est également rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.]

Première parution dans La Quotidienne de MoneyWeek du 11/04/2011.

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