L’Irlande est un pays chaleureux. Les gens y sont insouciants et directs. Ils vous confient des choses alors même que vous n’aviez rien demandé.
Il semble par exemple que la propriété qui jouxte la nôtre est maudite.
« Ah oui »… a expliqué Declan, le gardien de notre cottage. « Il s’y passe toujours des horreurs. Les précédents propriétaires étaient des gens charmants. Elle venait d’une famille riche. Et lui… je ne sais pas d’où il venait… tout le monde les appréciait, dans le coin.
« Pas comme le propriétaire actuel. Il se prend pour un Don Juan… et c’est un mauvais payeur. Il doit être riche à millions, mais il ne vous paiera pas tant que vous ne l’avez pas relancé plusieurs fois. Personne ne l’aime.
« Les précédents propriétaires, de leur côté… oh… c’était l’amour fou, entre eux deux. Mais ils n’étaient plus tout jeunes.
« Et puis elle a eu un cancer… je pense que ça devait être au stade terminal… ils le savaient. Alors ils sont allés sur la rive d’un lac. Et ils se sont fait leurs adieux. Ils étaient sur le point de sauter ensemble dans le lac quand un bus d’écoliers est arrivé.
« Je suppose qu’ils ne voulaient pas donner le mauvais exemple aux enfants de l’école. Alors ils sont revenus. Et elle a fini ses jours ici. Lui est mort le coeur brisé quelques mois plus tard. »
Declan nous raconte les histoires les plus tristes avec un large sourire, comme si la souffrance des autres était source d’amusement pour lui… comme un homme qui rit aux éclats lorsqu’il apprend que son beau-frère a été licencié.
Mais il travaille pour 15 € de l’heure – en espèces.
L’histoire locale, elle, est gratuite.
Permis de construire
Nous avons appris de notre avocat que notre nouvelle maison est une propriété « à préserver ».
« Qu’est-ce que ça veut dire ? » avons-nous demandé innocemment.
« Eh bien… c’est un désastre. Ils inspectent les maisons. Et sans raison apparente, ils mettent votre propriété sur la liste des demeures historiques classées. Il m’est arrivé la même chose. Et alors là, impossible de planter un clou sans demander la permission. Quand j’ai des réparations à faire, je les fais de nuit… ou les jours fériés. »
Cette nouvelle a été un petit choc, car nous avons l’intention de planter pas mal de clous. Mais l’architecte nous a rassuré.
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« Nooooon, ce n’est pas si terrible. Il vous faut juste un permis de construire. Ce ne sera pas un problème. Mais ça prendra trois mois. A moins que vous ne vouliez mettre une terrasse à l’américaine ou quelque chose de ce genre-là. Dans ce cas, vous n’aurez jamais de permis. »
Pendant ce temps…
Il nous semble que les marchés prévoient d’abattre toute la structure de capitaux – sans demander le moindre permis de quoi que ce soit.
Les modifications financières désormais en cours sont plus sérieuses que le réalisent la plupart des gens.
Nous semblons être passés d’une ère d’argent facile qui a duré 30 ans… à une ère d’argent pas-si-facile. Au lieu d’ajouter 4 000 Mds$ de liquidités ces neuf dernières années, les autorités prévoient de retirer 3 000 Mds$ sur les trois prochaines.
(Peut-être est-ce en anticipation que les marchés boursiers ont réduit la valeur des actions de 3 000 Mds$ la semaine dernière).
Il va falloir revoir ses espérances
Si c’est bien le cas, chaque projection financière, chaque calcul et chaque espérance doit être reconsidérée.
Tant que la Fed fournissait du financement, les gens pouvaient emprunter autant qu’ils le voulaient…
… Sans forcer les taux d’intérêt à grimper…
… Mai aussi sans corriger les spéculateurs imprudents…
… Plus besoin de fournir de découverte honnête des prix…
… Et sans empêcher les gens d’emprunter de telles sommes que c’en était presque du suicide.
Voici les derniers chiffres de la Fed de New York :
« Les soldes de dette des ménages ont augmenté au troisième trimestre 2017, pour le 13e trimestre consécutif, et sont désormais 280 Mds$ plus élevés que lors du précédent sommet (T3 2008) de 12 680 Mds$. Au 30 septembre 2017, l’endettement total des ménages était de 12 960 Mds$, une augmentation de 116 Mds$ (0,9%) par rapport au deuxième trimestre 2017. La dette des ménages globale est désormais 16,2% supérieure à son creux du T2 2013.«
Mais aujourd’hui, le niveau de dette de la planète – 225 000 Mds$ environ – est plus élevé que jamais. Les prix des actions, selon un nouveau calcul de John Hussman, sont eux aussi plus élevés que jamais. Jusqu’à 10 000 Mds$ d’obligations gouvernementales s’échangent encore à des rendements négatifs.
Tous ces chiffres – et les millions de projets individuels qui en dépendent – sont sur le point d’être corrigés. La Fed ne fournit plus de fonds illimités. Au lieu de cela, elle en retire. Et ça change tout.
Delirium tremens chez les brasseurs d’argent factice
Nous avons prédit que la Fed ne se tiendrait jamais à son plan de « normaliser » les taux d’intérêt.
Nous le pensons encore.
Lorsque les choses deviendront difficiles, M. Powell et ses camarades banquiers centraux s’enfuiront la queue entre les jambes. Ils montreront le même « courage d’agir » que Greenspan, Bernanke et Yellen.
Ceci étant dit, nous voyons aussi que la Fed a été remarquablement aveugle aux problèmes qu’elle causait en laissant les taux d’intérêt trop bas pendant trop longtemps. Il y a peu de chances que sa vision se soit améliorée depuis.
Elle répétera donc son erreur, mais dans l’autre direction – continuant de ranger les bouteilles d’alcool alors que les fêtards commencent à montrer des signes de delirium tremens.