La Chronique Agora

La Fed va-t-elle tenir sa promesse sur le long terme ?

▪ La Fed a augmenté ses taux hier. Ceux qui avaient prédit une panique se sont trompés (les surprises arrivent rarement quand elles sont attendues).

Une petite minute…

Comment la Fed sait-elle ce qu’un taux normal sera en 2019 ? Les conditions ne vont-elles pas changer ?

Qui plus est, on trouve des diseurs de bonne aventure sur le bord du trottoir qui ont un meilleur historique de prévisions boursières que la Fed.

Pour emprunter une phrase de George Soros, notre mission à la Chronique Agora est de "trouver la tendance dont le principe est faux — et de parier contre".

Est-il vrai que la Fed va tenir sa promesse et remettre les taux d’intérêt à la normale ?

Est-il vrai que les terroristes veulent notre peau à tous ?

Est-il vrai que Donald Trump est un idiot ?

Nous sommes tous idiots… certains plus que d’autres. Le sage est celui qui sait qu’il est idiot

Bien entendu, nous sommes tous idiots… certains plus que d’autres. Le sage est celui qui sait qu’il est idiot. En ce qui nous concerne, nous le nions. Et nous en voulons aux lecteurs qui nous le rappellent.

Mais de temps en temps, nous admettons que nous avons tort. (Tout homme ayant été marié aussi longtemps que nous doit être accoutumé à ce genre d’aveu).

Et dans la mesure où les investisseurs ont approuvé si majoritairement la manoeuvre de la Fed, nous allons réexaminer notre position.

Il y a plusieurs principes sous-jacents à l’augmentation de taux :

… La Fed sait mieux que les autres quel taux d’intérêt est bon pour l’économie…

… La reprise est suffisamment établie pour permettre la fin des micro-taux d’urgence des sept dernières années…

… Et à part ça, tout va plus ou moins pour le mieux.

▪ Une récession du PIB mondial
Ces présupposés sont-ils tous erronés ?

Nous écartons le premier comme étant pures sottises.

Aucun économiste sérieux — s’il en reste — ne pourrait croire que la Fed peut décider du prix du crédit à meilleur escient que les acheteurs et vendeurs.

Quant à la deuxième supposition — que la reprise est solide — nous présentons des preuves du contraire quasiment tous les jours.

Aujourd’hui, nous soumettons au jury des faits supplémentaires :

Le mois dernier, la production industrielle américaine a connu sa plus grande chute en trois ans et demi. Cela marque le huitième déclin mensuel en 10 mois. Ce ralentissement se reflète dans le reste du monde par ce que Deutsche Bank décrit comme "une gigantesque récession du PIB en dollars nominaux — la pire depuis les années 60".

Selon la Fed, on compte actuellement aux Etats-Unis 61 millions de personnes en âge de travailler mais n’ayant pas d’emploi. Cela représente 204 millions de personnes entre 15 et 64 ans.

Le "taux de participation à l’emploi" — la proportion, dans la population en âge de travailler, de personnes employées ou cherchant du travail — est à son plus bas niveau depuis 1977. Pour les hommes, il n’a jamais été plus bas.

S’il est vrai que l’économie est en bonne santé, comment se fait-il que les hommes aient plus de mal que jamais à trouver un emploi ?

S’il est vrai que l’économie est en bonne santé, comment se fait-il que les hommes aient plus de mal que jamais à trouver un emploi ?

▪ Quand les choses tournent mal
Nous abordons à présent vers le troisième principe — selon lequel tout le reste va pour le mieux, plus ou moins.

Dans le vaste monde de tout ce qui n’est pas directement sous le contrôle de la Fed — ou inclus donc son stock de vanités et de fantasmes –, il n’y aurait apparemment rien qui pose un sérieux problème sur le chemin vers "la normale".

Si c’est vrai, nous avons tort. Parce que nous sommes d’avis que la Fed est prise au piège et qu’elle ne pourra pas continuer longtemps sur cette voie. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne rencontre des problèmes.

Quel genre de problèmes ?

On peut obtenir tous les "faits" que l’on veut. Mais sur le chemin vers la normale, la Fed va inévitablement se retrouver face à une baisse boursière normale ou une récession normale.

Mme Yellen a écarté les inquiétudes de récession. Mais à moins que la Fed n’ait triomphé des cycles économiques — ce dont nous doutons — une récession apparaîtra tôt ou tard.

Devant une telle adversité, quelles sont les chances que la Fed persévère ?

Les futurs actes de la Fed "dépendent des données", dit Yellen.

Maintenant, imaginez que Christophe Colomb ait fait son voyage transatlantique "en dépendant des faits".

Fait n°1 : il s’est retrouvé à court de vivres.

Fait n°2 : ses hommes étaient malades et mouraient de scorbut, malnutrition et autres.

Fait n°3 : l’Inde n’était pas où il pensait la trouver.

Chacun de ces faits, présenté avec vigueur par son équipage, aurait suffi à lui faire faire demi-tour.

Quand les choses tournent mal, les voyageurs qui "dépendent des faits" rentrent chez eux.

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