La Chronique Agora

Aux Etats-Unis, la Fed crée de la masse monétaire sans précédent

▪ Triskaïdékaphobie ! Oh, ce chiffre horrible… cette année tant redoutée !

Nous sommes d’humeur méditative ce matin… nous cogitons sur l’année écoulée… et l’année qui s’annonce. Le nouveau siècle a désormais 12 ans. Que s’est-il passé durant cette douzaine d’années ? Nous sommes 12 ans plus vieux… sommes-nous plus sage ? Qu’avons-nous appris ?

Pour commencer, nous avons appris qu’Internet n’était pas un aller simple pour la prospérité. Le boom des dot.com a éclaté en janvier 2000, menant à un krach du Nasdaq suivi d’une récession. Le Nasdaq ne s’en est jamais entièrement remis. Quant à Internet, malgré toute sa magie et ses promesses, il ne semble pas avoir ajouté quoi que ce soit à la santé économique. Les taux de croissance ont baissé à mesure que les gens passaient de plus en plus de temps sur Facebook et sur leurs iPhones. L’économie réelle du secteur privé est à peine plus importante aujourd’hui que lorsque le siècle a commencé.

Deuxièmement, nous avons appris que les programmes de relance fédérale peuvent avoir des conséquences alarmantes. Les autorités ont sur-réagi à la récession de 2001 — avec un gigantesque programme de relance fiscale et monétaire, le plus grand jamais entrepris. Les taux bas ont causé une bulle de l’immobilier. Cela a à son tour causé une bulle financière basée sur la finance hypothécaire.

Les deux bulles ont explosé après que Country Credit — un grand prêteur subprime — a fait faillite en avril 2007. Le secteur privé est dans le marasme du désendettement depuis.

Les autorités n’ont rien appris de l’expérience de 2002-2007. Au lieu de lâcher prise, elles ont multiplié leurs efforts de relance. Le gouvernement américain a accumulé des déficits de plusieurs milliers de milliards de dollars. Et la Fed est bien partie pour quadrupler — et plus — la masse monétaire américaine d’ici la fin de l’année prochaine.

Puisqu’elles ne voient guère d’inflation des prix à la consommation… et aucune bulle de l’immobilier ou des actions… les autorités en déduisent que leurs efforts ne font pas de dégâts. Mais il nous semble que les dieux ont tendu un piège.

▪ Un autre phénomène majeur
L’un des principaux changements de ces 12 dernières années, c’est que les zombies ont pris le dessus. Le gouvernement favorise toujours les groupes improductifs et parasites. Mais maintenant, étant donné que la moitié des électeurs reçoivent de l’argent du gouvernement, ce dernier est fermement entre les mains des zombies.

C’est pour cette raison que les autorités doivent prendre des mesures aussi désespérées et dangereuses pour faire en sorte que le cash continue de couler. Les zombies en dépendent.

Dans une économie « normale », les gens subissent de temps en temps une récession ou une dépression. Ils se mettent à l’abri… et laissent les prix chuter jusqu’à ce que l’économie soit revenue à des bases saines. C’est ce qu’ils ont toujours fait — jusqu’à la Grande Dépression. C’est à ce moment-là que les autorités ont pris l’habitude de se mêler des affaires des autres.

A présent, elles ne peuvent plus s’en empêcher. Il y a trop de lobbyistes, d’avocats et de paresseux ayant besoin de l’argent fédéral. Et ils votent. Les autorités n’ont qu’un moyen de suivre le rythme : elles doivent faire tourner l’économie à coups de mauvaises dettes et de dollars bidon.

En 2013, la Fed devrait imprimer 85 milliards de dollars par mois. En d’autres termes, d’ici octobre, elle devrait avoir imprimé l’équivalent de l’intégralité de sa base monétaire de 2007. Voilà un chiffre digne du Livre des Records.

Mais nous avons aussi appris — de l’exemple japonais — qu’une période de désendettement peut durer bien plus longtemps qu’on l’imaginait. Pendant ce temps, les conséquences imprévues des dépenses de relance peuvent rester cachées. Même pendant 20 ans ou plus.

Rien que ça est une conséquence imprévue. Les autorités — au Japon et aux Etats-Unis — souhaitent que leurs politiques mettent l’économie en surchauffe… mais ça ne marche pas. Parce que la « relance » ne va pas aux vraies entreprises créant de la richesse. Elle va aux zombies. Aux secteurs morts. Aux entreprises dans l’impasse. Aux activités comateuses. Et à des clampins purs et simples, à l’ancienne mode. C’est pour cette que raison que plus on administre de « relance » à l’économie, plus on a de zombies.

C’est là une autre grande leçon, peut-être la plus stupéfiante du siècle. Jusqu’à il y a quelques mois, la « croissance » était tenue pour acquise. Une innovation menait à une autre invention qui menait à plus d’avancées. Nous devenions constamment plus riches à mesure que nous apprenions comment convertir des matières premières et de l’énergie potentielle en produits et services utiles (richesse). Nous ne voyions pas de raison pour laquelle la croissance ne continuerait pas — voire accélérerait — à mesure que de plus en plus de ces innovations et idées étaient partagées sur Internet.

Mais bouhouhou, ce n’est simplement pas arrivé. La « croissance » en tant que telle vient du gouvernement qui dépense de l’argent zombie en projets zombies, créant une race de zombies qu’il sera très difficile d’arrêter.

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