Vous avez remarqué ? L’Euro de football a commencé. Je ne pouvais pas rester sans rien faire… j’ai donc décidé d’organiser, de notre côté, une rencontre au sommet : Fed-BCE.
Et il y a du lourd.
En effet, cette semaine a apporté la confirmation du point de vue de Bill Bonner : la Fed ne remontera pas ses taux. Plus même, la Fed ne peut pas remonter ses taux en l’état actuel des choses.
Comme l’expliquait Bill hier, dans des conditions « normales », l’offre et la demande de crédit évoluent par cycles.
« Les taux élevés encouragent l’épargne… ce qui augmente la quantité de crédit disponible… ce qui à son tour pèse sur les taux d’intérêt. Ensuite, les taux plus bas découragent l’épargne… jusqu’à ce que le prix du crédit remonte. Hausse, baisse… en corrigeant constamment des deux côtés. C’est ainsi que c’est censé fonctionner.
Inutile de vous rappeler que ça fait bien longtemps que ça ne fonctionne plus ainsi. La Fed et son système bancaire créent à présent du crédit (de l’argent) à partir de rien ; l’épargne n’a plus rien à y voir La Fed et son système bancaire créent à présent du crédit (de l’argent) à partir de rien ; l’épargne n’a plus rien à y voir.
Le cycle ‘correctif’ que nous venons de décrire ne fonctionne plus. Non seulement les autorités peuvent manipuler le prix du crédit… mais elles peuvent le faire durablement, déformant gravement le système entier. Ensuite, aveugle et boiteuse, l’économie se traîne… risquant de trébucher et tomber à chaque pas. Mme Yellen n’a aucunement l’intention de lui faire un croche-pied ».
▪ Nous ne sommes pas logés à meilleure enseigne en Europe — c’est le constat de Simone Wapler dans la dernière alerte de La Stratégie :
« Les Allemands attaquent ouvertement la politique monétaire européenne. Certes, c’est la plus grosse banque commerciale qui monte au créneau, et non pas la BundesBank, mais c’est significatif ».
La Deutsche Bank a en effet publié un communiqué à l’adresse de la BCE — et n’y va pas par quatre chemins :
« La BCE a perdu sa crédibilité auprès des marchés et, plus inquiétant, auprès du public ».
Alors que les questions commencent à bourdonner sur les conséquences d’un Brexit qui semble de plus en plus possible… la BCE ne fait pas grand’chose pour améliorer la situation.
« La folie keynésienne de la BCE nuit à terme à l’industrie financière et, depuis ses débuts, à tout le monde », reprend Simone.
Taux bas, taux négatifs… à force de jouer avec le « non-conventionnel », les banques centrales vont droit dans le mur.
« Contrairement à ce que pensent les cervelles bizarres des tenants du keynésianisme, des taux bas rentabilisent artificiellement des investissements qui ne le seraient pas avec des taux normaux ou en hausse. Des projets de robotisation ou délocalisations d’entreprises industrielles deviennent viables par la magie de la création de crédit gratuit. Vous associez cela à une codification psychorigide du marché du travail avec interdiction de licencier et vous obtenez une magnifique fabrique de pauvres à la française avec chômage de masse », ajoute encore Simone…
… Avant de conclure qu’au pays des aveugles, les borgnes sont rois :
« La BCE n’est pas la seule banque centrale à se décrédibiliser. La Fed aussi avec son refus de hausse des taux. Mais, malgré sa faiblesse, le dollar reste encore vaillant. Le moins moche gagne et le borgne s’impose face aux aveugles.
Ce qui explique que les marchés actions américains sont proches de leur plus haut, tandis que les marchés actions européens sont en plein marasme. Enfin, tout cela tient sur un fil, le sommet s’effrite.
Il faut rester très attentif à la parité euro-dollar. Tout début de fuite des investisseurs étrangers hors de l’euro pourrait déclencher des catastrophes et une nouvelle crise de la dette en euro.
Retour à la case 2011 en bien plus grave évidemment puisque les dettes sont encore plus élevées ».
Bon… on va dire qu’il y a égalité, non ? Et ne pas attendre les tirs au but…
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora