La Chronique Agora

De la Fed à la BCE, les illusions des banques centrales vont se dissiper

▪ De la dette transformée en capital et du déficit qui devient de la croissance… Nous vivons dans un monde merveilleux créé par des prestidigitateurs hors pair.

Le cercle des illusionnistes économistes fait salle comble en ce moment. Il paraît qu’il y a une reprise aux Etats-Unis, que l’Europe va renouer avec la croissance en 2014 et que nos banques seront recapitalisées sans douleur aucune au cas (improbable) où cela serait nécessaire.

Bien sûr, tout cela ne coule pas de source. N’imaginez pas une minute que les gens puissent s’enrichir en vaquant niaisement à leurs affaires quotidiennes. Cette amélioration est due à la Fed et Janet Yellen, à la Banque centrale européenne et Mario Draghi, à la Banque d’Angleterre et Mark Carney, à la Banque du Japon et Shinzo Abe.

Depuis le début de la crise nos illusionnistes ont fait surgir du néant plus de 6 500 milliards de dollars. C’est l’addition des mesures non conventionnelles de tous les pays. « Enorme », comme dit la jeune génération. Par comparaison, le PIB des Etats-Unis est d’un peu moins de 16 000 milliards de dollars et celui de l’Eurozone d’un peu plus de 12 000 milliards de dollars. Quelle audace, ces illusionnistes !

Pourtant, en injectant presque la moitié du PIB de l’Europe en fausse monnaie dans les circuits financiers des pays développés, l’emploi ne repart pas. Incroyable, ça : comment peut-on créer des « reprises sans emplois » ? Très simple, il suffit de penser que la croissance du PIB crée automatiquement de la richesse, que la mauvaise dette peut se transformer en capital et le déficit (un peu plus de dette) en croissance.

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Car ce n’est pas parce que le secteur financier reste hypertrophié (les actifs financiers du secteur bancaire européen pèsent 29 500 milliards d’euros, soit plus de trois fois le PIB de l’Eurozone) et que l’on a masqué les pertes latentes par de la création monétaire que tout va bien.

Dans le monde cruel, en contrebas de la scène où opèrent les illusionnistes et leurs amis appariteurs les banquiers, tout se passe différemment. Les entreprises embauchent lorsqu’elles gagnent de l’argent. Elles gagnent de l’argent lorsqu’elles vendent des biens et services à des gens qui peuvent les payer.

Quand les gens ne peuvent plus payer, les illusionnistes économistes font en sorte de leur distribuer de l’argent qui n’existe pas pour qu’ils puissent payer. Pour cela deux artifices :

– le déficit de l’Etat qui va se servir des banques pour placer ses emprunts, obtenir l’argent qu’il n’a pas et le redistribuer à la clientèle électorale la plus favorable au pouvoir en place ;
– le crédit à la consommation qui va être distribué par les banques si possible à des pauvres (les autres se méfient).

Voici une information intéressante publiée par Enjeux Les Echos en novembre qui montre comment le crédit à la consommation a évolué en 2012.


Cliquez sur le graphique pour l’agrandir

Le crédit à la consommation a augmenté de 5,5% en 2012 aux Etats-Unis. La « croissance » constatée en 2012 est de 1,60%. Le PIB américain repose à plus de 70% sur la consommation des ménages. La part de croissance due à la consommation est donc de 0,7 x 1,6 = 1,12%.

▪ Donc sans croissance de la consommation financée à crédit, l’économie se contracterait Ceci explique probablement pourquoi les entreprises n’embauchent pas. Même en 2013, où le dernier chiffre connu de croissance en rythme annuel s’établit à 2,8%, la croissance américaine ne repose que sur de la dette.

Mais ce n’est pas tout…

Le merveilleux boom de la période 2001 à 2007 avait été obtenu de la même façon — avec du crédit à la consommation –, à une différence près. En face des crédits à la consommation de l’époque 2001 – 2007, il y avait une hypothèque. Certes, une mauvaise hypothèque puisque le marché immobilier a chuté, mais malgré tout quelque chose d’un peu tangible.

Cette fois, les illusionnistes économistes font plus fort. En face du crédit, il n’y a rien. Car la bulle d’aujourd’hui ce sont les 1 200 milliards de dollars de prêts étudiants (chiffre de mai 2013) et en contrepartie, il n’y a aucune garantie. En effet, il est rare de trouver des étudiants avec des biens immobiliers (ou d’autres biens tangibles de valeur) à gager. Ces prêts étudiants représentent 30% des crédits à la consommation, contre seulement 17% en 2008. Le taux de défauts augmente inexorablement ; il atteignait 12% d’impayés à fin 2012. Normal, souvenez-vous, côté emplois, ce n’est pas la frénésie d’embauches. Ces crédits étudiants sont peut-être de la prochaine bulle qui va éclater et elle sera bien pire que celle du crédit subprime.

Les lumières vont se rallumer. Les économistes illusionnistes vont devoir quitter la scène sous les jets de tomates du public. Le jour approche où pour emprunter plus, il faudra payer plus, mais avec du vrai argent. Et là, c’est la bulle des obligations d’Etat qui va exploser.
[NDLR : N’attendez pas que cela se produise pour prendre vos précautions : découvrez le plan en trois étapes élaboré par Simone pour vous aider à protéger votre argent… tout en le faisant fructifier. Tout est là…]

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