▪ Il ne se passe pas grand’chose dans le monde de la finance.
Et les guerres se poursuivent ! Nous ne sommes pas contre. Autant être contre les maux d’estomac : ça arrive qu’on le veuille ou non. Mais tandis que les vraies guerres sont glorieuses et crétines, les guerres zombie ne sont que sordides et pathétiques.
Un article du Wall Street Journal nous annonce que l’ennemi de notre ennemi devient notre ami.
"Dans la guerre tripartite qui ravage la Syrie, la branche locale d’Al-Qaïda devrait-elle être considérée comme le moindre des maux, et être courtisée plutôt que bombardée ?
C’est l’opinion croissante de certains des alliés régionaux des Etats-Unis, et même de certains officiels occidentaux. Dans une guerre qui en est à sa cinquième année, durant laquelle 230 000 personnes ont été tuées et 7,6 millions déracinées, peu d’options restent ouvertes pour régler la crise".
Ce ne sont pas de vraies guerres. Il n’y a pas d’objectif réel, pas d’ennemi digne de ce nom et aucune vraie victoire. Ce sont plutôt des guerres zombie. Elles durent et durent… avec des changements de cibles et des alliances mouvantes.
Pourquoi ne gagnons-nous jamais ? Parce que trop de gens profitent de la défaite. Les medias, l’armée, les contractants, les politiciens, M. et Mme Tout-le-Monde, les dirigeants, le renseignement — tous ont été zombifiés.
Jon Basil Utley, dans le magazine American Conservative :
"Les Etats-Unis ne ‘gagnent’ pas leurs guerres parce que gagner une guerre est secondaire par rapport à d’autres buts. Gagner ou perdre n’a que peu de conséquences immédiates pour les Etats-Unis, parce que les guerres que nous lançons, des guerres de choix, ne sont pas d’un intérêt national vital ; perdre ne signifie pas être envahi ou voir nos villes détruites".
Au lieu de ça, les contrats sont renouvelés. Les promotions continuent d’arriver. L’argent coule à flot. Les politiciens se font élire. Et les zombies prospèrent.
Par certains aspects, ces guerres zombies valent mieux que de vraies guerres. Moins de gens se font tuer — du moins de notre côté.
Mais il doit être difficile pour un vrai soldat de mener une guerre zombie tout en conservant son amour-propre. Lorsqu’il passe devant la statue du maréchal Ney, il baisse sans doute la tête, tout penaud.
▪ Héros et combattant
Ney — voilà un vrai combattant et un vrai héros. Sa vie est presque surnaturelle. Tant de batailles. Tant de fois à frôler la mort. Dans de courage brut, tant de panache… et si peu d’attention pour ses propres intérêts.
Il y a 200 ans hier, Ney menait son armée dans une campagne magnifiquement insensée. La force irrésistible de sa cavalerie lourde rencontra l’objet immobile des carrés britanniques — hérissés de baïonnettes — lors de l’affrontement final à Waterloo.
Parmi les centaines d’autres batailles et escarmouches durant lesquelles Ney a failli mourir, la campagne russe se détache. Il faisait partie des 300 000 soldats qui ont envahi la Russie… et des 10 000 qui en revinrent vivants.
Entre temps, il est allé jusqu’au bout — jusqu’à Moscou et retour — luttant contre l’ennemi et le froid. Il fut blessé une quatrième fois, au cou, à Smolensk puis fut à nouveau blessé à Leipzig. Durant la retraite, Ney commandait l’arrière-garde, alors que l’armée tentait désespérément de s’échapper. Les températures chutèrent jusqu’à -30°C. La nourriture disparut. Les chariots s’enlisaient dans la boue pendant la journée… et gelaient dans la boue durant la nuit.
Les soldats de la Grande armée furent fusillés, taillés en morceaux, affamés et congelés… se battant contre de féroces Cosaques et les troupes régulière russes… sur des milliers de kilomètres de territoire stérile. Et là, toujours en mouvement, se trouvait Ney — luttant, organisant, menant… poussant ses hommes à avancer tout en chargeant l’ennemi pour le faire reculer.
C’est Ney qui couvrit la retraite de la Berezina. Et c’est Ney qui fut le dernier Français en Russie. Napoléon le nomma "Prince de Moscou".
De retour à Waterloo, ce fut Ney qui chargea les canons britanniques et dispersa leurs défenseurs. Mais comment aurait-il pu savoir qu’il serait repoussé ? En quoi était-il à blâmer pour avoir manqué de saboter les armes anglaises, les rendant inutilisables pour le reste de la bataille ? Avait-il chargé trop tôt ? Aurait-il dû faire monter l’infanterie plus tôt ? Etait-il responsable de la défaite ?
Une fois que les canons muets, une fois Napoléon de retour à Paris avec ce qui restait de son armée, les plaintes contre Ney se multiplièrent. Bonaparte abandonna… et la guerre prit fin.
Le nouveau gouvernement, à nouveau aux mains des Bourbons, voulait la tête de Ney. Il fut reconnu coupable de trahison. Mais contrairement à David Petraeus, qui n’eut rien de plus qu’une tape sur la main pour avoir trahi les secrets de son pays, Ney fut condamné au peloton d’exécution.
Ney prit le commandement, comme il l’avait toujours fait à la tête de ses troupes :
"Camarades, tirez sur moi et visez juste !"